DJEDDAH: Cette rentrée scolaire n’a ressemblé à aucune autre. Dimanche, après dix-huit mois d’enseignement à domicile et de cours en ligne en raison de la pandémie de Covid-19, les enfants de toutes les régions du Royaume sont revenus à l’école. Il y eu des rires, des larmes, et un peu de chaos.
Refal Amin, mère saoudienne de deux garçons adolescents et d’une fille de 10 ans, a raconté à Arab News la rentrée de ses enfants. Il a été difficile pour elle de voir ses deux fils aller à l’école, et leur sœur rester à la maison. La fille de Mme Amin doit en effet continuer à suivre des cours en ligne, conformément aux instructions émises par le ministère saoudien de l’Éducation.
«Au début, mes fils hésitaient à y aller, bien qu’ils soient tous les deux totalement vaccinés. Il était tout de même pénible pour eux de quitter la maison, et j’ai eu du mal à les réveiller et à les faire aller à l’école, ce qui n’est pas nouveau», confie-t-elle. Malgré leur hésitation apparente, les deux garçons étaient heureux de revoir leurs amis à l’école. «Nous faisions semblant que nous n’étions pas heureux pour ne pas contrarier notre petite sœur, et nous avons décidé de jouer le rôle d’élèves tristes», raconte l’aîné, Abdallah. «Je sais que maman a secrètement ressenti notre joie de retourner à l’école».
«Nous avons vécu une année et demie éprouvante, et ce sera encore plus long et plus difficile pour ma pour ma petite dernière, qui n’est tout simplement pas contente aujourd’hui», dit Mme Amin. «Nous sommes extrêmement prudents, et ne prenons pas cette rentrée à la légère. Les garçons savent qu’il est interdit de s’enlacer, de toucher et de partager quoi que ce soit. Même si je dois aussi garder un œil sur ma fille, et préparer ma journée de travail, c’est un soulagement de pouvoir travailler à la maison. Mais elle ne partage pas mon sentiment, et elle a gardé un air renfrogné toute la journée. C’est la première impression qui compte, mais apparemment toutes les filles de sa classe étaient également abattues et contrariées. Elles s’en remettront assez vite», estime la maman.
Au moment où j’écris cet article, ma fille de huit ans commence son premier jour de CE2 en larmes. Après dix-huit mois de cours en ligne, elle avait hâte de découvrir sa nouvelle école, mais la Covid-19, surnommée «la briseuse de rêves», a retardé son retour à l’école en présentiel. Quelle journée ce fut! Comme tous les parents, j’ai préparé ma fille à ce qui l’attendait, et j’ai trouvé que la règle de ne rien pouvoir partager était difficile. Du moins, je le pensais, jusqu’à ce qu’elle apprenne que la cantine de l’école ne serait pas ouverte, et qu’elle ne pourrait pas aller acheter furtivement une barre de chocolat.
Ma fille comprend la gravité de la pandémie de Covid-19, mais cela lui a brisé le cœur d’apprendre qu’elle ne pourrait pas encore retourner à l’école, à la suite d’une décision de dernière minute prise par son école. Moi aussi, j’étais dévastée. Comme des millions de parents, j’ai besoin de faire une pause, et cette situation est vraiment difficile à vivre.
EN BREF
27 000
Il y a 26 934 écoles publiques et privées en Arabie saoudite.
7.2 millions
Plus de 7,2 millions d’élèves de toutes les classes sont rentrés à l’école le 29 août, mais les élèves du primaire sont restés chez eux à la maison pour suivre des cours en ligne.
Mais les règles doivent être respectées, et nous devrons encore attendre un peu plus longtemps. Même si à force, nous devrions être habitués, la rentrée en ligne a été chaotique, et a commencé dans la confusion: les liens vers les plates-formes en ligne ne fonctionnaient pas, les mots de passe n’étaient pas partagés, et des dizaines de messages des mères ont été envoyés au groupe WhatsApp de la classe. J’étais perdue, j’avais la migraine, et en plus devais gérer mon propre travail à côté.
Les montagnes russes du premier jour ont épuisé les parents et les administrateurs de l’école dès la mi-journée. Habituellement gaie et lumineuse, la petite était de mauvaise humeur, abattue et les épaules affaissées, mais elle était habillée pour l’occasion, et paraissait ravissante. À midi, elle a commencé à se sentir frustrée et a éclaté en sanglots, refusant d’assister à d’autres cours en raison du va-et-vient entre les mères et les enseignants qui tentaient de rejoindre les cours.
Toutes mes tentatives pour la calmer sont restées vaines. Cela été le cas de nombreux parents aujourd’hui, avec des enfants qui ne savaient pas trop comment se comporter pour suivre un énième semestre en ligne.
Les enfants aiment-ils encore les glaces à la barbe à papa? Ce n’est pas moi qui demande ça, bien sûr, c’est pour un ami.
Cela ne veut pas dire que les administrateurs des écoles et les enseignants ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour résoudre les problèmes de connexion, et aider les élèves à se sentir à l’aise. Chapeau bas aux milliers d’enseignants qui travaillent d’arrache-pied pour que la rentrée se passe bien pour tout le monde.
«La vie n’est pas toujours rose pour notre famille, mais les enseignants de ma fille ont fait de sa rentrée une journée formidable», affirme ainsi Heidi al-Majed, 39 ans, mère au foyer de deux enfants. Mme Al-Majed ne s’attendait pas à ce que le premier jour d’école se déroule de cette façon. Jeudi dernier, son fils de trois ans a été testé positif à la Covid-19, et toute la famille a été contaminée, à l’exception de sa fille Amira, âgée de 9 ans.
«J’ai informé le directeur que j’avais été contaminée et qu’heureusement, Amira ne l’avait pas été. J’ai fait ce qu’il fallait, car l’école a pris la responsabilité de s’occuper d’elle tout au long de la journée», explique-t-elle. Tous les enseignants appelaient Amira pour lui rappeler de rejoindre les cours programmés, et le directeur de son école primaire supérieure a vérifié si elle avait pris son petit-déjeuner et son déjeuner. Il est même allé jusqu’à organiser une pause déjeuner en ligne avec ses camarades de classe qui se sont jointes à elle pour une discussion entre filles, comme s’il s’agissait d’une vraie pause déjeuner», ajoute-t-elle.
Bien que cette année ne soit pas toujours une partie de plaisir, ni une année sombre, elle est sans aucun doute une année mémorable. Parents, préparez vos kits de survie. Cela va durer un certain temps.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com