OMAN: L’armée syrienne a bombardé dimanche la dernière enclave rebelle dans la ville sud de Deraa, tuant au moins 6 personnes dans l’une des attaques les plus meurtrières contre le siège du lieu d’origine de la rébellion, ont témoigné des habitants.
L’armée a refusé de commenter ces propos mais a déclaré qu’elle commençait à perdre patience à cause des “groupes armés et des terroristes” dans le voisinage.
Une division élite de l’armée, soutenue par des milices iraniennes, bloque depuis un certain temps les livraisons de produits alimentaires et de carburant vers Deraa al Balad pour obliger les rebelles à se rendre, trois ans après que les forces gouvernementales ont repris le reste de la région, près de la frontière avec la Jordanie.
“Ils utilisent ce qu’on appelle des bombes artisanales aveuglément”, a révélé Abu Jehad al Horani, un responsable local, à Reuters, faisant référence aux missiles improvisés. Des bombardements se faisaient entendre à l’arrière-plan.
Des habitants ont déclaré avoir vu 6 corps retirés des maisons bombardées au centre du voisinage de Deraa qui a connu les premières manifestations pacifiques contre le régime du président Bachar Al-Assad en 2011.
La quatrième division pro-iranienne de l’armée syrienne, force principale dans la province du sud, soutenue par des milices locales financées par Téhéran, a encerclé le rempart pour 2 mois.
Des responsables locaux, des habitants et quelques officiers de l’armée, ont dit, sous couvert d’anonymat, que l’attaque n’est qu’une tentative d’affaiblir les efforts que la Russie déploie pour mettre fin à la confrontation sans assaut général.
Le 14 août, des généraux russes qui ont entretenu des pourparlers avec des personnalités locales et des commandants de l’armée ont annoncé un plan qui permettrait à l’armée d’intervenir, tout en offrant aux habitants des garanties contre les représailles et un passage sécurisé pour les anciens rebelles, permettant ainsi à ces derniers de se diriger vers d’autres zones d’opposition, dans le nord-ouest de la Syrie.
En 2018, l’armée syrienne, aidée par la puissance aérienne russe et les milices iraniennes, a repris le contrôle de la province du sud, qui longe également le plateau du Golan occupé par Israël.
À l’époque, Moscou avait garanti à Israël et à Washington qu’elle empêcherait les milices soutenues par l’Iran d’étendre leur influence dans la région.
Cet accord a obligé des milliers de rebelles soutenus par l’Occident à remettre leurs lourdes armes, mais a également empêché l’armée d’entrer à Deraa al Balad, qui est restée entre les mains des rebelles.
“Nous tenons la Russie responsable de chaque enfant blessé. Cette guerre nous a été imposée par l’Iran, et les Russes ne font que regarder”, dit Abu Yusef al Masalmeh, un vieil homme.
Washington ainsi que les grandes puissances occidentales ont exprimé leur inquiétude quant aux opérations militaires des forces d’Assad à Deraa qui, d’après ces mêmes puissances, mettraient à l’épreuve l’engagement de la Russie à maintenir la stabilité et à maîtriser les milices iraniennes dans la zone frontalière.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com