Mexique: un procès anticorruption sans précédent qui risque la récupération

Emilio Lozoya, l'ex-dirigeant de la compagnie pétrolière publique Pemex, est transféré dans un fourgon de police à Marbella, en Espagne, le 13 février 2020. (Jorje GUERRERO / AFP)
Emilio Lozoya, l'ex-dirigeant de la compagnie pétrolière publique Pemex, est transféré dans un fourgon de police à Marbella, en Espagne, le 13 février 2020. (Jorje GUERRERO / AFP)
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Publié le Mercredi 09 septembre 2020

Mexique: un procès anticorruption sans précédent qui risque la récupération

  • Inculpé, mais jugé sous le statut de « témoin collaborateur » du parquet, M. Lozoya, à l'audience, a accusé les ex-présidents Enrique Peña Nieto (2012-2018), Felipe Calderon (2006-2012), Carlos Salinas (1988-1994), et d'autres hauts responsables
  • Le Mexique occupe la 130e place sur 180 pays, selon l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International

MEXICO : Un procès anticorruption sans précédent s'est ouvert fin juillet au Mexique qui pourrait éclabousser trois anciens chefs de l'Etat, mais aussi être exploité par l'actuel président Andres Manuel Lopez Obrador à des fins politiques, selon des analystes.

Au coeur du scandale, se trouve Emilio Lozoya, l'ex-dirigeant de la compagnie pétrolière publique Pemex, qui a reconnu être impliqué dans une vaste affaire de corruption avec le géant brésilien du bâtiment Odebrecht. 

Inculpé, mais jugé sous le statut de « témoin collaborateur » du parquet, M. Lozoya, à l'audience, a accusé les ex-présidents Enrique Peña Nieto (2012-2018), Felipe Calderon (2006-2012), Carlos Salinas (1988-1994), et d'autres hauts responsables, d'avoir touché des pots-de-vin de la société brésilienne. 

Selon l'ex-dirigeant, cité par le parquet, Odebrecht a notamment versé 4,4 millions de dollars pour la campagne présidentielle de Peña Nieto. En contrepartie, l'entreprise brésilienne aurait obtenu des marchés pour 39 millions de dollars.

Il accuse également Peña Nieto et son coordinateur de campagne Luis Videgaray, d'avoir acheté des voix au Parlement pour le vote de réformes en 2013 et 2014. 

Le président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), qui bénéficie d'une cote de popularité confortable (58% en août), a profité de cette affaire pour enfourcher son cheval de bataille contre la corruption, son thème de campagne en 2018. 

De fait, le Mexique occupe la 130e place sur 180 pays, selon l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International.

L'enjeu est d'autant plus important que ce "procès du siècle" comme l'ont baptisé les observateurs, devrait aussi peser sur les élections de 2021, où le parti au pouvoir Morena veut consolider sa majorité au Parlement et gagner des postes de gouverneurs. 

Ainsi, même si le procès ne fait que commencer et que le parquet a désormais six mois devant lui pour enquêter sur les accusations portées contre les ex-chefs de l'Etat, AMLO ne s'est pas privé de commenter les documents et vidéos ayant filtré de l'affaire. 

Le 18 août, une vidéo, initialement apparue sur les réseaux sociaux, a même été diffusée lors de la conférence de presse quotidienne du chef de l'Etat, montrant deux anciens fonctionnaires du Sénat, liés au parti d'opposition PAN, en train de recevoir des liasses de billets. "Faites-le savoir aux gens", a lancé AMLO aux journalistes.

Justice médiatique

Pour le président, « il est important que les détails de ces réseaux de corruption soient rendus publics, afin que les gens comprennent » de quoi il s'agit, analyse Julio Hernandez, chroniqueur pour le journal La Jornada. Mais « si d'un point de vue éthique, cela peut être juste, d'un point de vue juridique, ça ne l'est pas », rappelle-t-il. 

« Nous avons un président qui demande que des vidéos soient montrées, violant la présomption d'innocence », renchérit Esteban Illades, éditorialiste de la revue Nexos.

Une justice d'opinion à des fins politiques, plutôt que dans les prétoires, n'est pas rare au Mexique, avec des affaires retentissantes qui se sont soldées par des fiascos.

Ainsi, en 2013, la Cour suprême avait annulé la condamnation pour enlèvement de la Française Florence Cassez après sept ans en détention. Plus récemment, l'enquête sur la disparition de 43 étudiants en 2014, menée par un parquet dépendant de l'exécutif et entachée de nombreuses accusations d'incompétence, voire de corruption, a dû repartir de zéro

Les « procès médiatiques ont tendance à provoquer le lynchage du suspect sans que le public ne se soucie à la fin de savoir s'il a été acquitté », analyse l'avocat Juan Velasquez. 

Les accusations d'Emilio Lozoya mettent également à l'épreuve l'autonomie du nouveau parquet général, détaché de l'exécutif seulement depuis 2019.

Les experts ne s'accordent cependant pas sur les conséquences directes des prises de position du chef de l'Etat. 

Pour Esteban Illades, si Emilio Lozoya, mais aussi les gens qu'il accuse comme Enrique Peña Nieto ou Luis Videgaray, ne vont pas en prison, « le crédit » politique d'Andrés Manuel Lopez Obrador « va s'épuiser ».

Pour Julio Hernandez, en revanche, même si le procès échoue, « le bruit fait (autour de cette affaire) servira » au chef de l'Etat en vue des prochaines élections. 


Une guerre commerciale avec les États-Unis est « très probable » selon un responsable de la BCE

Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
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  • Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne.
  • La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

FRANCFORT, ALLEMAGNE : Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne (BCE).

Donald Trump, qui sera investi président lundi, a fortement misé sur les droits de douane dans sa communication, « il est donc très probable qu'une guerre commerciale éclate », déclare Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un entretien sur la chaîne YouTube du site allemand de conseil financier Finanztip.

Donald Trump prévoit d'imposer, dès le 20 janvier, des droits de douane de 25 % sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada, invoquant la lutte contre l'entrée de drogues et de migrants.

La Chine, déjà ciblée lors de son premier mandat, pourrait également voir ses taxes augmenter de 10 %.

La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

Pour la zone euro, ces droits pourraient entraîner une hausse des prix, notamment si l'Europe répond par des mesures de rétorsion, ce qui conduirait à « une augmentation des prix à l'importation », explique Mme Schnabel.

Dans l'immédiat, l'incertitude actuelle est « un poison pour la conjoncture » en freinant la consommation et l'investissement, prévient-elle.

Selon la banquière centrale, les droits de douane entraînent généralement des pertes de prospérité à l'échelle mondiale : si la mondialisation a apporté des gains de richesse considérables à l'Europe, « il est possible que nous devions désormais nous préparer à voir au moins une partie de ces gains s'inverser ».

Malgré ce contexte menaçant, la BCE est « sur la bonne voie » pour atteindre son objectif d'inflation de 2 %, assure Mme Schnabel, ce qui devrait permettre à l'institut de continuer à baisser ses taux, la prochaine occasion étant donnée fin janvier.

Après les quatre baisses décidées depuis juin, pour ramener de 4 % à 3 % son principal taux directeur, la BCE se rapproche « du point où il faudra examiner attentivement jusqu'où nous pouvons aller », conclut la banquière centrale, adepte d'une politique monétaire rigoureuse.


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».