ABOU DHABI: En quête d'une vie "sans menaces" aux États-Unis, Wazhma a fui l'Afghanistan, tombé aux mains des talibans, en laissant tout derrière elle.
Rencontrée samedi à la Cité humanitaire internationale à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, où se trouvent d'autres évacués afghans qui attendent leur transfert vers des pays tiers, l'étudiante en médecine de 21 ans a du mal à oublier l'enfer qu'elle a vécu les jours précédant sa fuite.
"Mon mari travaillait pour l'ambassade américaine. Ils (les talibans) nous auraient tués si nous étions restés", raconte Wazhma, quelques heures avant d'embarquer sur un vol à destination des États-Unis.
"Je n'ai pris que les vêtements que j'avais sur le dos, et rien d'autre."
Au total, environ 109 000 personnes ont été évacuées d'Afghanistan depuis le 14 août, veille de la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.
Accompagnée de son mari, de son beau-frère et de son neveu en bas âge, Wazhma dit avoir passé "les trois plus longs jours" de sa vie, se déplaçant de cachette en cachette avant d'atteindre l'aéroport de Kaboul, où des agents américains les attendaient.
"La situation était très difficile. Mais, grâce à Dieu, nous sommes maintenant en sécurité", a-t-elle confié, son neveu dans les bras.
À la question de savoir si elle reviendrait un jour en Afghanistan, elle lâche: "Jamais! Sauf si les talibans partent".
Selon elle, les combattants du mouvement islamiste ultra-radical ne respecteront pas les droits des femmes, malgré leurs promesses d'établir un régime plus modéré que celui qu'ils avaient imposé entre 1996 et 2001, jusqu'à l'invasion américaine après les attentats du 11-Septembre.
"Je suis heureuse d'être partie, mais je m'inquiète pour ma mère, mon père, ma soeur et mon frère" restés en Afghanistan, dit Wazhma.
Les opérations d'évacuation d'Afghanistan touchent à leur fin, alors que les craintes sécuritaires s'accentuent après un attentat survenu jeudi à l'aéroport de Kaboul. L'attaque, revendiquée par l'État islamique au Khorasan, a fait plus d'une centaine de morts, dont 13 soldats américains.
À l'approche de la date limite pour la fin des évacuations, prévue le 31 août, quelque 5 400 personnes sont actuellement réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport, attendant de monter dans un avion.
«Nous avons peur»
Naïm, un autre réfugié afghan rencontré à Abou Dhabi, travaillait comme traducteur pour l'armée américaine. Ce père de cinq enfants raconte avoir vécu caché dès qu'il a appris la chute de Kaboul, le 15 août.
Avec sa famille, il a réussi à se rendre à l'aéroport où ils ont passé trois nuits avant d'être évacués vers Abou Dhabi.
"Nous avions peur qu'ils nous tuent", dit cet homme de 34 ans.
"Je n'ai pris que les vêtements de mes enfants et nos pièces d'identité. Nous avons tout laissé derrière nous".
"Je veux juste que mes enfants puissent avoir une bonne vie", dit-il.
La Cité internationale humanitaire où se trouvent Wazhma et Naïm sert d'abri à plusieurs autres hommes, femmes et enfants afghans. Certains sirotent des jus de fruit en boîte, d'autres patientent à proximité de salles où se trouvent des soignants.
Assise sur une chaise, une fillette, vêtue d'une robe noire et dorée, joue avec un ours en peluche, avant de se faire examiner par un médecin.
Des dizaines d'autres évacués attendent eux à l'entrée du bâtiment que des employés émiratis vérifient leur identité.
Selon le chargé d'affaires américain Ethan Goldrich, des réfugiés s'envoleront samedi soir pour Washington sur un vol de la compagnie nationale émiratie Etihad Airways. Il n'a pas précisé le nombre de voyageurs.
Il s'agira du premier d'un certain nombre de vols Etihad qui transporteront les évacués vers leur destination finale aux États-Unis, a-t-il ajouté.
Les pays du Golfe, dont les Émirats, le Koweït, Bahreïn et le Qatar, ont joué un rôle important dans les opérations d'évacuation.
Les Émirats disent avoir facilité la sortie de 28 000 personnes de Kaboul, affirmant abriter de façon temporaire 8 500 réfugiés qui attendent leur transfert aux États-Unis dans les prochains jours.
Les Nations unies ont indiqué vendredi s'attendre, dans le pire des scénarios, à la fuite d'un demi-million de réfugiés afghans supplémentaires en 2021.