En Allemagne, les Syriens craignent que la crise afghane n'alimente le vote antimigrants

Une image tirée d'une vidéo montrant une foule de personnes près de l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 23 août 2021. (Photo, Reuters)
Une image tirée d'une vidéo montrant une foule de personnes près de l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 23 août 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Mardi 24 août 2021

En Allemagne, les Syriens craignent que la crise afghane n'alimente le vote antimigrants

  • Plus de 800 000 Syriens ont obtenu une protection en Allemagne depuis que la guerre a éclaté en Syrie il y a dix ans
  • Le parti d'extrême droite a exhorté le gouvernement à instituer un moratoire sur l'immigration, espérant que sa ligne dure attirera les électeurs craignant une augmentation des demandes d'asile

BERLIN: À cinq semaines seulement de la tenue des élections qui décideront du successeur de la chancelière Angela Merkel en Allemagne, les Syriens détenteurs de visas d'asile craignent qu'une crise des migrants afghans n'alimente un vote anti-immigrés et ne bloque leur chemin vers la citoyenneté.

Certains dirigeants du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) mettent en garde contre un éventuel afflux de réfugiés afghans, cherchant à attirer les électeurs craignant une répétition de la crise des migrants de 2015, lorsque Merkel avait ouvert les frontières de l'Allemagne à près d'un million de demandeurs d'asile.

La prise de contrôle éclair des Talibans en Afghanistan a déclenché la fuite chaotique de milliers d'Afghans et d'étrangers depuis l'aéroport de Kaboul cette semaine, faisant craindre un exode plus important à travers les frontières terrestres, alors que les militants islamistes imposent la loi de la charia.

Le fait que l'Allemagne se soit précipitée pour évacuer ses propres citoyens, ainsi que des milliers de collaborateurs afghans, fait de l'immigration un véritable problème pour les prochaines élections: un sondage effectué la semaine dernière a montré que les deux tiers des Allemands craignent une répétition de la crise de 2015.

Anas Modamani, parmi les quelque 800 000 Syriens qui ont fui la guerre dans leur pays et se sont réinstallés en Allemagne, attend toujours sa qualification pour la citoyenneté. Il craint maintenant que la crise afghane ne durcisse les électeurs allemands contre l'immigration et n'incite le prochain gouvernement de coalition à adopter des politiques plus strictes.

Modamani décrit Merkel, avec qui il a posé pour un selfie dans un refuge pour migrants à Berlin en septembre 2015, comme une «héroïne» du fait de sa décision cette année-là d'ouvrir les frontières allemandes à près d'un million de demandeurs d'asile, principalement des Syriens.

«Je m'inquiète des politiques d'immigration qui seront appliquées une fois qu'elle ne sera plus chancelière», a affirmé Modamani, âgé de 24 ans, alors que Merkel se prépare à démissionner après les élections du 26 septembre en Allemagne.

Sa photo avec Merkel est devenue un symbole de la décision de la chancelière en 2015 de mettre en jeu son capital politique en accueillant un million de migrants n’ayant subi aucun contrôle, principalement originaires de Syrie. Mais les chrétiens-démocrates conservateurs assurent maintenant qu'il ne peut y avoir de répétition de 2015.

Le parti d'extrême droite a exhorté le gouvernement à instituer un moratoire sur les demandes d'asile, espérant que sa ligne dure attirera les électeurs craignant une augmentation des demandes d'asile.

«Je sais que la plupart des Allemands ne voteront pas pour l'AfD, a affirmé Modamani, mais quelque chose me dit: et si l'AfD était juste un peu plus forte et que le prochain gouvernement réagissait en nous rendant plus difficile la demande de citoyenneté allemande, par exemple?»

Karl Kopp, directeur de l'association caritative Pro Asyl pour les demandeurs d'asile, a déclaré que les inquiétudes concernant un éventuel durcissement de la politique d'immigration de l'Allemagne étaient nombreuses, non seulement parmi les Syriens, mais également au sein de la communauté des migrants au sens large, en particulier les Afghans cherchant désespérément à faire venir des membres de leur famille bloqués en Afghanistan.

«Les événements tragiques en Afghanistan ont donné lieu à une discussion nocive sur l'immigration», a précisé Kopp. «Lorsque les réfugiés entendent le récit négatif selon lequel la crise de 2015 ne devrait pas se répéter, ils s'inquiètent des règles d'immigration plus strictes qu’on pourrait imposer après les élections. Leurs craintes sont justifiées.»

Plus de 800 000 Syriens ont obtenu une protection en Allemagne depuis que la guerre a éclaté en Syrie il y a dix ans. La grande majorité n'a pas encore la nationalité allemande mais espère l'obtenir dans les prochaines années, lorsqu'elle répondra aux critères de résidence.

Les sondages d'opinion évaluent le soutien à l'AfD à 10% ou légèrement plus, juste en dessous de son résultat aux dernières élections de 2017. Les principaux partis ont tous exclu le partage du pouvoir avec l'AfD, mais les migrants craignent que cela puisse influencer la politique lorsque Merkel s'en ira.

Le codirigeant de l'AfD, Tino Chrupalla, a rejeté les appels des Verts écologistes à accueillir d’autres demandeurs d'asile afghans que ceux qui ont aidé l'armée allemande, affirmant que de tels plans constitueraient «une menace pour la population».

Fawaz Tello, dissident syrien qui attend également la citoyenneté, a affirmé: «Si l'AfD gagne deux ou trois points de plus, celui qui succèdera à Merkel pourrait dire: “Suspendons le droit des réfugiés à faire venir des membres de leur famille immédiate.” Voyez ce qui se passe au Danemark.»

De nombreux Syriens en Allemagne ont été troublés par la décision du Danemark voisin cette année d'expulser les demandeurs d'asile syriens vers des régions de Syrie que le gouvernement de la Première ministre de centre-gauche, Mette Frederiksen, considère comme sûres.

Cinq semaines avant les élections, les conservateurs de Merkel ont une mince avance dans les sondages. Leur candidat pour lui succéder à la chancellerie, Armin Laschet, a vu sa cote de popularité chuter depuis qu'il a été vu en train de rire lors d'une visite dans une ville inondée.

Modamani, qui devrait avoir droit à la nationalité allemande l'année prochaine, affirme que s'il pouvait voter en septembre, il voterait pour Laschet en raison d'un sentiment de profond respect pour Merkel. «Je ne peux pas imaginer la vie en Allemagne sans elle», a-t-il ajouté.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.