Au Cachemire indien, ils sont désormais rares à oser exprimer leurs revendications

Des adolescents originaires du Cachemire indien manifestent le 03 septembre 2002 devant le Parlement européen de Strasbourg pour protester contre l'attitude des autorites indiennes dans leur région. (Pierre Andrieu, AFP)
Des adolescents originaires du Cachemire indien manifestent le 03 septembre 2002 devant le Parlement européen de Strasbourg pour protester contre l'attitude des autorites indiennes dans leur région. (Pierre Andrieu, AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Au Cachemire indien, ils sont désormais rares à oser exprimer leurs revendications

  • "Dans la majorité des cas, la détention préventive n'est guère plus qu'un outil utilisé (...) pour faire taire la dissidence et garantir l'autocensure"
  • Les journalistes locaux assurent faire l'objet d'une surveillance accrue ; des photographes ont été agressés et les reporters étrangers sont interdits de séjour dans la région

SRINAGAR, Inde : Avant la révocation de son autonomie partielle il y a deux ans, le Cachemire indien était chaque semaine le théâtre de manifestations mais placé depuis sous l'autorité directe de Delhi, les habitants disent vivre dans un climat de peur et craignent d'exprimer leurs revendications.

A 26 ans, "Rafiq" se dit un "homme brisé", depuis une année éprouvante passée derrière les barreaux. Trop effrayé pour témoigner sous sa véritable identité, il raconte avoir été arrêté, sans explication. Peut-être pour avoir "manifesté contre les injustices" par le passé, suppose-t-il. 

C'était une semaine avant la révocation de l'autonomie du Cachemire indien en août 2019. Quelque 5.000 personnes comme lui ont alors été officiellement placées "en détention préventive". D'autres, depuis, le sont régulièrement en vertu de la loi sur la sécurité publique, autorisant jusqu'à deux ans d'emprisonnement sans inculpation ni procès.

Rafiq a été emmené, à bord d'un avion militaire, à des centaines de kilomètres de chez lui en même temps qu'une trentaine d'autres individus, avant d'être jeté en prison où il a été "maltraité et intimidé".

L'AFP a recueilli une douzaine de témoignages semblables.

- "Faire taire la dissidence" -

"Chaque nuit, pendant six mois, la lumière vive de ma cellule est restée allumée (...) J'avais du mal à imaginer m'en sortir vivant", raconte-t-il. Au bout d'un an, il a été libéré.

"Dans la majorité des cas, la détention préventive n'est guère plus qu'un outil utilisé (...) pour faire taire la dissidence et garantir l'autocensure", a expliqué à l'AFP Juliette Rousselot, de la Fédération internationale des droits humains.

L'Inde a aussi eu amplement recours à sa législation antiterroriste aux déterminations floues, dont la loi pour la prévention des activités illégales qui permet la détention sans procès, à durée indéterminée.

Tasleema, mère de cinq enfants, n'a pas revu son mari Gulzar Ahmed Bhat, ancien membre d'un groupe séparatiste, depuis deux ans. La police et les soldats sont venus chez lui l'arrêter, mais comme M. Bhat était sorti, ils ont pris son neveu de 23 ans jusqu'à ce qu'il se rende.

"Je mendie presque du travail pour nourrir mes enfants", dit Tasleema en larmes, un jeune enfant sur les genoux.

Plus d'un demi-million de soldats indiens stationnent au Cachemire, région disputée par le Pakistan qui contrôle sa partie occidentale.

Depuis la révocation de l'autonomie du Cachemire indien, le gouvernement élu localement a été remplacé par un lieutenant-gouverneur nommé par Delhi et de nouvelles lois y sont désormais appliquées. Et il ne reste plus guère d'officiers de police et de hauts fonctionnaires cachemiris en poste.

Les autorités ont perquisitionné domiciles, bureaux et installations d'organisations de la société civile, mais aussi de journalistes et de journaux, confisquant téléphones et ordinateurs portables.

"Toutes les institutions publiques censées défendre les droits humains et les libertés civiles ont été réduites au silence, rendues dysfonctionnelles ou menacées d'être poussées à la capitulation", a dénoncé Parvez Imroz, directeur de la Coalition de la société civile de Jammu-et-Cachemire.

- "Solidarité plus possible" -

Les journalistes locaux assurent faire l'objet d'une surveillance accrue. Des photographes ont été agressés et les reporters étrangers sont interdits de séjour dans la région.

Lorsque les commerçants ont fermé boutique en guise de protestation pour marquer le deuxième anniversaire de la perte d'autonomie, la police les a forcé à ouvrir.

Les jeunes disent subir des interrogatoires, parfois musclés, aux points de contrôle si des applications cryptées comme WhatsApp ou Signal sont découvertes dans leurs téléphones.

Plus d'une douzaine d'employés du gouvernement ont récemment été licenciés pour "activités anti-nationales" après des critiques exprimées contre le gouvernement sur les réseaux sociaux.

Le mois dernier, la police a reçu l'ordre de ne pas délivrer d'habilitation aux candidats à des postes publics et de passeports aux personnes ayant déjà participé à des manifestations ou porté atteinte à la "sécurité de l'Etat".

Les parents et même les voisins de tout individu ayant manifesté ou soupçonné de l'avoir fait sont régulièrement obligés par la police de s'engager par écrit à ne pas protester.

"Je suis obligé de penser à ma famille et à mes proches avant d'ouvrir la bouche", confie un jeune homme sorti d'un an d'emprisonnement. Son père a dû signer cet engagement. "Cela nous a séparés", dit-il, "la solidarité n'est plus possible".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.