Pandémie en Inde: les enfants pauvres plus que jamais privés d'éducation

Dans ce vaste pays où les écoles sont fermées depuis plus d'un an, l'une des plus longues fermetures au monde, Shreeshma et ses camarades de classe peuvent se considérer chanceux. (AFP)
Dans ce vaste pays où les écoles sont fermées depuis plus d'un an, l'une des plus longues fermetures au monde, Shreeshma et ses camarades de classe peuvent se considérer chanceux. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 août 2021

Pandémie en Inde: les enfants pauvres plus que jamais privés d'éducation

  • La pandémie et ses répercussions économiques n'ont fait qu'aggraver la situation, surtout pour les plus déshérités
  • Dans ce vaste pays où les écoles sont fermées depuis plus d'un an, l'une des plus longues fermetures au monde, Shreeshma et ses camarades de classe peuvent se considérer chanceux

BOMBAY: C.S. Satheesha, enseignant dans le sud de l'Inde, épelle le mot "P.O.M.M.E" au téléphone, dispensant ses cours à distance depuis le seul endroit où il capte un signal: la cabane en bois au fond de son jardin. 


Dans le district de Kodagu, dans l'État du Karnataka (sud), Shreeshma, huit ans, écoute ses leçons audios sur WhatsApp sur le téléphone de sa mère, sous le porche de leur maison, et répète des phrases telles que : "C'est un chat". 


Dans ce vaste pays où les écoles sont fermées depuis plus d'un an, l'une des plus longues fermetures au monde, Shreeshma et ses camarades de classe peuvent se considérer chanceux. 


Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), seul un enfant sur quatre en Inde a accès à des appareils numériques et à internet. De nombreuses familles ont vendu des biens ou contracté des prêts pour acheter un smartphone afin que leurs enfants puissent poursuivre leur éducation à distance. 


Dans certaines zones rurales, les enfants parcourent des kilomètres à pied, à traverser des jungles infestées de serpents, pour essayer de capter un signal et entrer en contact téléphonique avec leurs enseignants. 


Selon Jean Dreze, économiste indien d'origine belge, spécialiste du bien-être social et militant pour le droit à la nourriture, cette situation ne peut qu'exacerber les "inégalités extrêmes" qui existent déjà dans l'éducation et renforcent les divisions entre les classes, les castes et les sexes en Inde. 


"Dans l'ensemble, les enfants privilégiés sont en mesure de poursuivre leur apprentissage grâce à l'éducation en ligne. Pour les enfants pauvres, en revanche, ce mode d'enseignement relève de la fiction, et aucune autre disposition n'a été prise pour eux dans la plupart des États" du pays, souligne M. Dreze. 

L'abandon scolaire 

Avant même la pandémie, plus de six millions de filles et de garçons indiens n'allaient pas à l'école, selon l'Unicef. Près de 30% des enfants scolarisés abandonnaient tôt leurs études, avec des taux plus élevés pour les filles et les enfants des communautés les plus marginalisées. 


La pandémie et ses répercussions économiques n'ont fait qu'aggraver la situation, surtout pour les plus déshérités. Les soutiens de famille étant au chômage, nombre d'entre elles n'ont d'autre choix que d'obliger leurs enfants à abandonner leur scolarité.


L'Unicef alerte, en outre, sur une augmentation des mariages et du trafic d'enfants. Le risque aussi est que nombre d'enfants ne reprennent pas leurs études au moment où les écoles rouvriront et de voir naître une "génération perdue" de jeunes non qualifiés.


"S'ils ont le sentiment qu'ils ne peuvent pas rattraper leur retard, ils sont moins enclins à retourner à l'école", estime Terry Durnnian, chef du département de l'éducation de l'Unicef Inde. 

Un téléphone pour trois 

Cinq autres pays ont fermé leurs écoles plus longtemps que l'Inde, affectant 320 millions d'enfants, selon l'Unesco. La poursuite des fermetures contraste avec l'assouplissement des restrictions dans la plupart des autres domaines d'activité en Inde. 


Bablu Baghel, à Agra (nord), où se trouve le Taj Mahal, a vu son revenu mensuel de 20.000 roupies (270 dollars) se tarir, tout comme les visiteurs de la principale attraction touristique d'Inde. 


Les trois enfants de ce chauffeur de taxi doivent se partager son téléphone portable pour suivre leurs cours à distance. Il n'a pas les moyens d'acheter un autre appareil. "C'est tout ce que nous avons", confie M. Baghel, ajoutant que les tarifs des données mobiles - autrefois les moins chers du monde - ont grimpé en flèche, augmentant le coût de l'enseignement en streaming. 


Imran Salmani, coiffeur à Agra, a vu ses revenus diminuer de 80% et n'a pas les moyens de réinscrire ses deux filles pour la nouvelle année scolaire. 


L'école envoie des cours sur WhatsApp. Les parents sont alors censés se substituer aux enseignants auprès des enfants puis doivent renvoyer des vidéos de leurs travaux scolaires, ce qu'ils peinent à accomplir.


"Je veux donner à mes filles toutes les opportunités que je n'ai jamais eues", assure M. Salmani, "mais nous ne pouvons pas suivre". 


Aliya, sa fille de neuf ans, déclare simplement : "Je veux retourner à l'école".


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.