Handicap: à Tokyo, un café avec des robots fait le pari de l'inclusion

Sur cette photo prise le 17 août 2021, un robot humanoïde livre des boissons aux clients du Dawn Cafe à Tokyo (Behrouz Mehri, AFP)
Sur cette photo prise le 17 août 2021, un robot humanoïde livre des boissons aux clients du Dawn Cafe à Tokyo (Behrouz Mehri, AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Handicap: à Tokyo, un café avec des robots fait le pari de l'inclusion

  • Les robots blancs du café Dawn, avec leur allure de bébés manchots accueillant les consommateurs en battant des ailes, offrent un emploi à des personnes pouvant difficilement quitter leur domicile
  • Certains opérateurs, atteints de la maladie de Charcot qui se traduit par une paralysie des muscles, peuvent utiliser les mouvements de leurs yeux pour envoyer des signaux aux robots

TOKYO : Dans un café de Tokyo, Michio Imai salue un client et s'apprête à prendre sa commande. Mais il se trouve en réalité à plusieurs centaines de kilomètres de là, opérant à distance un robot dans le cadre d'une expérience pour faciliter l'emploi des personnes handicapées.

Les robots blancs du café Dawn, avec leur allure de bébés manchots accueillant les consommateurs en battant des ailes, sont destinés à être plus que des gadgets, et offrent un emploi à des personnes pouvant difficilement quitter leur domicile.

"Bonjour, comment allez-vous?", demande  M. Imai par l'intermédiaire du robot, depuis chez lui à Hiroshima (ouest du Japon), à 800 km de distance.

Il est l'un des quelque 50 employés en situation de handicap moteur ou mental qui "pilotent" les robots du café Dawn. D'autres travaillent depuis l'étranger, mais certains sont physiquement sur place.

Ouvert en juin dans le quartier tokyoïte de Nihonbashi, le lieu devait initialement voir le jour en 2020 pour coïncider avec les Jeux paralympiques. Reportés comme les JO à cause de la pandémie de coronavirus, ils doivent s'ouvrir mardi.

Dans ce café sans escaliers et aux larges passages facilitant l'accès aux fauteuils roulants, une vingtaine de robots nommés "OriHime" attendent les clients, équipés de caméras, d'un micro et d'un haut-parleur pour permettre aux opérateurs de communiquer avec eux.

"Puis-je prendre votre commande?", demande l'un des robots, placé près d'une tablette montrant le menu: hamburgers, curry et salade. Trois humanoïdes de plus grande taille se déplacent entre les tables pour apporter les commandes, et un robot-barista vêtu d'un tablier manie une cafetière.

- "Faire partie de la société" -

Mais ces mignons robots sont avant tout un vecteur de communication.

"Je peux parler avec les clients de beaucoup de sujets: le temps, ma région d'origine, ma santé...", explique Michio Imai, qui souffre d'un trouble somatoforme et a de la peine à quitter son domicile.

"Aussi longtemps que je serai en vie, je veux rendre quelque chose à la communauté en travaillant. Je suis heureux de pouvoir faire partie de la société", dit-il.

D'autres opérateurs sont atteints de la maladie de Charcot, se traduisant par une paralysie des muscles, et peuvent utiliser les mouvements de leurs yeux pour envoyer des signaux aux robots.

"C'est un endroit où les gens peuvent être inclus dans la société", explique à l'AFP Kentaro Yoshifuji, à l'origine de ce projet et fondateur de la société Ory Laboratory, qui fabrique les robots.

Des problèmes de santé dans son enfance l'ont empêché d'aller à l'école, l'amenant à réfléchir à des moyens pour permettre de travailler à des gens ne pouvant pas sortir de chez eux.

Cet entrepreneur de 33 ans a reçu le soutien de grandes entreprises mais aussi du financement participatif pour ouvrir le café, qu'il voit comme bien davantage qu'une expérience robotique.

"Les clients ne viennent pas ici juste pour rencontrer OriHime", dit-il, mais plutôt "les gens qui le pilotent en coulisses".

- Paralympiques "plus inclusifs" -

L'ouverture de ce café, tout comme celle des Jeux paralympiques, est l'occasion d'attirer l'attention sur les progrès de l'inclusion et de l'accessibilité au Japon.

Depuis que la candidature de Tokyo pour les Jeux a été choisie en 2013, le pays a médiatisé ses efforts pour rendre les lieux publics plus accessibles mais le soutien à l'inclusion reste limité, regrette Seiji Watanabe, à la tête d'une ONG soutenant les personnes en situation de handicap qui souhaitent travailler.

Le gouvernement nippon a relevé en mars la proportion minimum d'emplois de personnes handicapées de 2,2% à 2,3% dans les entreprises, mais "ce niveau est trop bas", juge M. Watanabe, qui ajoute que "ce n'est pas dans la culture des entreprises japonaises d'avoir par elles-mêmes de la diversité".

Au café Dawn, Mamoru Fukaya, venu avec son fils de 17 ans, a apprécié sa conversation avec le "pilote" du robot. Il "était très sympa", note-t-il. "Puisqu'il ne peut pas sortir de chez lui, c'est super qu'il ait ce genre d'opportunité."

Kentaro Yoshifuji, qui concentre actuellement ses efforts sur ce lieu, pense que les robots pourraient un jour rendre les Jeux paralympiques encore plus inclusifs.

"Un nouveau genre de Paralympiques pour les gens alités pourrait être créé", imagine-t-il. "On pourrait même inventer de nouveaux sports. Ce serait intéressant."


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.