Biden face à des Américains déçus et à des alliés amers

Depuis son lieu de villégiature à Camp David, Joe Biden est briefé sur la situation à Kaboul, dans son rôle de "commandant-en-chef". Même si Joe Biden est supposé s'entretenir en téléconférence avec ses conseillers diplomatiques et sécuritaires, face à une mosaïque d'écrans, l'image le fait apparaître totalement isolé, dans une pièce vide, autour d'une longue table aux sièges inoccupés. (Photo, AFP)
Depuis son lieu de villégiature à Camp David, Joe Biden est briefé sur la situation à Kaboul, dans son rôle de "commandant-en-chef". Même si Joe Biden est supposé s'entretenir en téléconférence avec ses conseillers diplomatiques et sécuritaires, face à une mosaïque d'écrans, l'image le fait apparaître totalement isolé, dans une pièce vide, autour d'une longue table aux sièges inoccupés. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 août 2021

Biden face à des Américains déçus et à des alliés amers

  • La Maison Blanche, est attaquée sur tous ces points, tant par la population que dans les rangs des élus démocrates
  • « Les images de désespoir à l'aéroport de Kaboul sont une honte pour l'Occident », a fustigé le président allemand

WASHINGTON : Des élus de son propre camp déçus, une opinion publique refroidie et des alliés internationaux amers: le président Joe Biden semblait bien seul mardi, alors que la Maison Blanche s'évertue à défendre sa gestion du retrait d'Afghanistan.

Sa posture est simple: "Je suis le président des Etats-Unis et à la fin, c'est moi qui assume", avait déclaré Joe Biden lundi, dans une courte allocution à la Maison Blanche, avant de reprendre ses vacances interrompues à la résidence de camp David.

Les images indélébiles et négatives de la chute de Kaboul

WASHINGTON : Joe Biden assis seul à une immense table à Camp David, un hélicoptère évacuant des diplomates de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul, des combattants fondamentalistes criant victoire dans le palais présidentiel: le triomphe des talibans génère une série d'images déjà historiques et négatives pour le président américain.

Biden isolé à Camp David

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Cette photo diffusée dimanche par la Maison Blanche est censée montrer le président américain, pourtant en villégiature, être briefé sur la situation à Kaboul, dans son rôle de "commandant-en-chef".

Même si Joe Biden est supposé s'entretenir en téléconférence avec ses conseillers diplomatiques et sécuritaires, face à une mosaïque d'écrans, l'image le fait apparaître totalement isolé, dans une pièce vide, autour d'une longue table aux sièges inoccupés.

Des médias parmi les plus favorables aux démocrates ont jugé que cette photo relevait d'une erreur de communication officielle. L'effet négatif est accru par le plafond mansardé du chalet de Camp David, qui renforce l'impression d'enfermement d'un Biden immobile et silencieux.

L'hélicoptère et l'ambassade

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La photographie d'un hélicoptère Chinook survolant dimanche l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul, vraisemblablement pour en évacuer les employés, évoque inévitablement une photo similaire prise lors de la chute de Saïgon en 1975. 

Cette photo a été rapidement exploitée par les républicains qui l'ont tweetée avec la légende: "Voici le Saïgon de Biden".

Le 8 juillet dernier, le maître de la Maison Blanche assurait: "En aucun cas vous n'allez voir des gens évacués par voie aérienne du toit de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul".

Les talibans au palais présidentiel

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Kalachnikov en main et turban noir sur la tête, les combattants talibans paradant dimanche au palais présidentiel à Kaboul, dans le sillage de la fuite précipitée du président Ashraf Ghani, ont été matière à des clichés d'ores et déjà historiques.

L'effet dévastateur pour les autorités américaines est aggravé par la présence d'un homme qui assure avoir été prisonnier "durant huit ans" au camp de Guantanamo, où les Etats-Unis détiennent leurs pires ennemis jihadistes, une affirmation non confirmée par l'AFP.

La panique sur le tarmac

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La vidéo montrant des dizaines d'Afghans courant le long d'un avion militaire américain roulant à l'aéroport de Kaboul, tentant désespérément d'agripper le fuselage ou le train d'atterrissage, a fait le tour du monde. 

Elle est venue apporter un démenti cinglant aux assurances de l'administration Biden ces dernières semaines, qui promettait des évacuations fluides et organisées.

L'avion cargo bondé d'Afghans

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La photo de 640 Afghans entassés dimanche à même le sol d'un avion cargo C-17 de l'US Air Force évoque avec puissance la précipitation, la détresse et le chaos de ces évacuations.

Le Pentagone s'est escrimé mardi à transmettre l'idée contraire. Cette image "témoigne de l'humanité de nos soldats dans leur mission", a affirmé le général Hank Taylor.

En attendant que le président américain s'exprime à nouveau mercredi dans un entretien télévisé, son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a défendu mardi son patron.

"Lorsque vous mettez fin à vingt années d'intervention militaire (...) il faut prendre une série de décisions difficiles, et aucune de ces décisions n'a de résultat sans bavure", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Jusqu'ici la décision de retirer les troupes américaines, prise au départ par Donald Trump, et confirmée par Joe Biden en fixant la date butoir du 31 août, était populaire auprès de l'opinion publique américaine.

Mais les Américains ont été choqués par la vitesse à laquelle les talibans ont pris le contrôle du pays, par les images sidérantes de l'aéroport de Kaboul lundi, par l'évacuation en catastrophe de l'ambassade américaine.

Seuls 49% des 1999 électeurs interrogés par Politico et Morning Consult du 13 au 16 août soutenaient la décision du président démocrate de quitter le pays, contre 69% en avril.

L'administration Biden, qui à défaut d'être flamboyante se veut efficace, bien organisée, soucieuse de concertations à l'échelle nationale comme internationale, est attaquée sur tous ces points, jusque dans les rangs des élus démocrates.

Le démocrate Bob Menendez, chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat, s'est dit "déçu que l'administration Biden n'ait clairement pas pris la mesure des conséquences d'un retrait rapide".

"L'appel que je lance à l'administration depuis plusieurs mois déjà, c'est qu'il faut évacuer nos alliés et s'occuper de la paperasserie après avoir mis les héros en sécurité. Et ils n'ont pas entendu cet appel", a dénoncé Seth Moulton, vétéran de l'armée américaine, et élu démocrate à la Chambre.

Le président américain se voit aussi reprocher son apparente froideur, lui qui se montre toujours plein d'empathie avec ses compatriotes.

"Le ton qu'il a utilisé pour décrire l'armée afghane et le gouvernement manquait de compassion et de compréhension, à un moment où les écrans sont dominés par les images désolantes de ces Afghans essayant d'échapper au cauchemar", a estimé Irfan Nooruddin, expert de l'Asie du Sud et professeur à l'université de Georgetown.

La Maison Blanche reproche aux militaires afghans, équipés et entraînés par les Etats-Unis, d'avoir renoncé à se battre contre les talibans.

« Pagaille »

Enfin Joe Biden, qui se flatte régulièrement d'une longue expérience en matière de politique étrangère, et qui affirme régulièrement que "l'Amérique est de retour" dans le jeu international, fait face à des alliés plein d'amertume.

Le président américain, qui n'avait parlé à aucun chef d'Etat et de gouvernement étranger depuis la chute de Kaboul, s'est entretenu mardi avec le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Les deux hommes "se sont mis d'accord pour tenir un sommet virtuel des chefs d'Etat et de gouvernement du G7 la semaine prochaine afin de discuter d'une approche et d'une stratégie commune", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Le gouvernement britannique a ouvertement critiqué la décision de Joe Biden, qui a entraîné le départ des troupes de l'Otan, dont les Britanniques. 457 soldats britanniques sont tombés en vingt ans d'intervention en Afghanistan

"Les images de désespoir à l'aéroport de Kaboul sont une honte pour l'Occident politique", a fustigé pour sa part mardi le président allemand, Frank-Walter Steinmeier.

Si Joe Biden fait valoir que les Etats-Unis se retirent d'Afghanistan pour se consacrer à des défis plus grands, en particulier leur face-à-face avec Pékin, pour l'instant le régime chinois s'en donne à cœur joie.

Les Américains "ont laissé une terrible pagaille" en Afghanistan, a asséné mardi Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.