Biden «ne regrette rien»

Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence.  Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée. (Photo, AFP)
Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence. Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 17 août 2021

Biden «ne regrette rien»

  • «Les forces US ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes»
  • L'opposition républicaine s'est engouffrée dans la brèche, elle qui était bien embarrassée jusque là, puisque le retrait avait été décidé au départ par Trump

WASHINGTON : Il ne "regrette pas": Joe Biden, qui traverse la première grave crise de sa présidence, a défendu lundi sans ciller sa décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan dans une courte allocution.

"Je suis le président des Etats-Unis et à la fin c'est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas" la décision de retirer d'ici le 31 août les forces américaines d'Afghanistan, où elles combattent depuis vingt ans, a-t-il dit.

Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence.

Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée.

Alors que la prise de pouvoir fulgurante des talibans et les scènes de chaos à l'aéroport de Kaboul ont sidéré le monde, le commandant en chef de l'armée américaine a tout juste concédé que "tout cela s'est déroulé plus rapidement que nous ne l'avions prévu."

Pour Joe Biden, les États-Unis ont donné à l'armée afghane "toutes les options" possibles, en investissant lourdement dans son équipement et son entraînement.

"Les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes", a-t-il lancé, assumant d'être "critiqué".

Et critiqué, le démocrate de 78 ans l'est, comme jamais depuis son élection, par tous les médias américains, y compris ceux qui avaient accueilli avec soulagement son élection.

"Que l'on trouve cela juste ou injuste, l'histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l'expérience américaine en Afghanistan", a asséné lundi le New York Times.

Face à cette vague, la Maison Blanche de Joe Biden, cette machine bien huilée, a semblé tétanisée ces derniers jours.

 

Moscou et Pékin «adoreraient» que les USA restent enlisés en Afghanistan

Joe Biden a affirmé lundi qu'une guerre encore plus longue en Afghanistan aurait profité à la Chine et à la Russie, alors même que son chef de la diplomatie s'entretenait avec ces deux rivaux des États-Unis, qui ont l'intention d'entretenir des relations avec les talibans.

"Nos véritables concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, adoreraient que les États-Unis continuent de consacrer des milliards de dollars de moyens et leur attention à la stabilisation de l'Afghanistan indéfiniment", a lancé le président américain, rentré brièvement à la Maison Blanche pour un discours télévisé.

La Russie et la Chine ont intensifié les contacts avec les talibans après la décision américaine de quitter l'Afghanistan, mettant un terme à 20 ans de guerre.

Moscou, dont l'invasion du pays en 1979 s'est terminée par un échec après dix ans d'affrontements contre des combattants islamistes alors soutenus par Washington, a maintenu ouverte son ambassade à Kaboul et prévoit de communiquer avec les talibans.

Selon la Russie, la situation en Afghanistan se stabilisait lundi, les talibans y assurant "l'ordre public" après l'effondrement du gouvernement, qui a amené des milliers de personnes à tenter de fuir le pays.

La Chine a affirmé de son côté lundi vouloir des "relations amicales et coopératives" avec l'Afghanistan sous les talibans.

"La Chine se tient prête à communiquer avec les États-Unis pour promouvoir un atterrissage en douceur sur la question afghane, afin d'éviter une nouvelle guerre civile ou un désastre humanitaire en Afghanistan et pour que le pays ne redevienne pas un foyer et refuge du terrorisme", a déclaré Wang Yi à Antony Blinken, selon l'agence de presse chinoise Xinhua.

L'émissaire américain Zalmay Khalilzad a régulièrement consulté la Russie et la Chine lors des négociations infructueuses entre l'ex-gouvernement afghan et les talibans, qui visaient à établir un partage pacifique du pouvoir.

Il s'est écoulé presque une semaine entre la dernière prise de parole publique du président sur l'Afghanistan, mardi dernier, et son discours de lundi.

Entre les deux, le message de Joe Biden, qui pour l'occasion semble avoir remisé l'empathie dont il fait volontiers sa marque de fabrique, n'a pas changé: les Etats-Unis n'ont plus rien à faire en Afghanistan, où ils ont éradiqué la menace terroriste, un message au départ plutôt positivement perçu par l'opinion publique.

Mais c'était avant que l'Amérique ne suive heure par heure la chute de Kaboul, une issue dont Joe Biden assurait, il y a quelques semaines à peine, qu'elle n'était pas "inévitable".

C'était avant également que les télévisions ne diffusent des images d'hélicoptères américains au-dessus de Kaboul, rappelant l'évacuation dans la panique de l'ambassade américaine aux dernières heures de la guerre du Vietnam - un scénario que Joe Biden, là aussi, avait rejeté sèchement.

Jeudi et vendredi, dans un décalage toujours plus saisissant avec la progression fulgurante des talibans, la Maison Blanche s'attachait encore essentiellement à promouvoir de grands projets économiques et sociaux, et à diffuser des photographies d'un Joe Biden recevant des mises à jour sur l'Afghanistan pendant ses vacances.

L'opposition républicaine s'est engouffrée dans la brèche, elle qui était bien embarrassée jusque là, puisque le retrait d'Afghanistan avait été décidé au départ par Donald Trump.

L'ancien président républicain lui-même ne s'y est pas trompé, lui qui avait pourtant fixé un calendrier encore plus serré que celui de Joe Biden, puisqu'il avait fixé l'échéance au 1er mai 2021.

Donald Trump a publié lundi une série de communiqués lapidaires, et réagi ainsi à l'intervention de son successeur: "Le sujet, ce n'est pas que nous quittions l'Afghanistan, c'est que nous partions avec une incompétence crasse."

Reste à savoir sur qui les Américains vont rejeter la responsabilité de la débâcle, et si elle aura un impact politique durable.

L'élu républicain Adam Kinzinger, militaire ayant servi en Afghanistan, a asséné lundi sur Twitter: "Je blâme Trump pour avoir fait arriver ce moment, et Biden pour cette issue bâclée. Je ne choisis pas de camp, parce que les deux camps ont échoué. Voilà la vérité."

Le discours de Biden en quelques phrases

Voici les principaux extraits de son discours d'une vingtaine de minutes à la Maison Blanche.

« Je ne regrette pas »

« Je suis le président des États-Unis et à la fin, c'est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas ».

"Je défends fermement ma décision. Après 20 ans, j'ai appris à contre-cœur qu'il n'y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines."

"Notre mission en Afghanistan n'a jamais été censée construire une nation."

« Loin d'être parfait »

"La vérité est que tout cela s'est déroulé plus rapidement que nous l'avions prévu".

"C'est difficile et désordonné et, oui, c'est loin d'être parfait, mais j'ai tenu ma promesse" (de faire revenir les derniers soldats américains).

Le manque de « volonté » des Afghans

"Nous leur avons donné toutes les options pour déterminer leur propre avenir".

"Les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes".

Avertissement aux talibans

"Nous avons averti clairement les talibans que s'ils attaquent notre personnel ou perturbent nos opérations, la réponse américaine sera rapide et puissante. Nous ferons un usage dévastateur de la force si nécessaire pour défendre les nôtres."

Chine et Russie

"Nos véritables concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, adoreraient que les États-Unis continuent de consacrer des milliards de dollars de moyens et leur attention à la stabilisation de l'Afghanistan indéfiniment".

 


Des Iraniens dans la rue pour dénoncer les frappes israéliennes au Liban et à Gaza

Des Iraniens brandissent leur drapeau national ainsi que des drapeaux palestiniens et du Hezbollah libanais lors d'une manifestation anti-israélienne à Téhéran, le 27 septembre 2024. (AFP)
Des Iraniens brandissent leur drapeau national ainsi que des drapeaux palestiniens et du Hezbollah libanais lors d'une manifestation anti-israélienne à Téhéran, le 27 septembre 2024. (AFP)
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  • Des milliers d'Iraniens ont défilé vendredi à Téhéran et à travers le pays pour condamner les frappes israéliennes contre le Liban et Gaza
  • Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes iraniennes, notamment à Semnan (est), Qom et Kashan (centre), Kermanshah (ouest), Chiraz et Bandar Abbas (sud), d'après les images de la télévision d'Eta

TEHERAN: Des milliers d'Iraniens ont défilé vendredi à Téhéran et à travers le pays pour condamner les frappes israéliennes contre le Liban et Gaza, selon un vidéaste de l'AFP et des images des médias d'Etat.

Mercredi, le pouvoir avait appelé à manifester "en soutien au Hezbollah du Liban" et pour "condamner les crimes barbares du régime sioniste en Palestine", selon l'agence officielle Irna.

Le mouvement armé libanais fait partie de ce que l'Iran appelle l'"axe de la résistance" contre Israël -- ennemi juré de la République islamique -- qui regroupe les mouvements soutenus par l'Iran dans la région, comme le Hamas palestinien, le Hezbollah, les rebelles houthis au Yémen ou encore des groupes irakiens.

A Téhéran, un rassemblement a eu lieu après la grande prière du vendredi autour de la place d'Enghelab située dans le centre de la capitale, a constaté un vidéaste de l'AFP.

Les manifestants brandissaient des portraits du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que des drapeaux du groupe libanais et celui de la Palestine.

"Israël est détruit, le Liban est victorieux" et "un bain de sang au Liban", ont scandé les manifestants.

Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes iraniennes, notamment à Semnan (est), Qom et Kashan (centre), Kermanshah (ouest), Chiraz et Bandar Abbas (sud), d'après les images de la télévision d'Etat.

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023 entre Israël et le Hamas, le Hezbollah soutient le mouvement islamiste palestinien en tirant quasi quotidiennement des missiles sur le nord d'Israël, qui réplique.

Ces derniers jours, d'intenses frappes israéliennes visent les bastions du mouvement chiite dans le sud et l'est du Liban ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth ayant fait au moins 700 morts selon les autorités libanaises.

Depuis des semaines, l'Iran et ses alliés régionaux menacent Israël depuis l'assassinat fin juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, qu'ils imputent à Israël, et celui de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.


Keir Starmer bientôt à Bruxelles pour relancer les relations entre Londres et l'UE

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'un entretien avec les médias alors qu'il assiste à la 79e Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2024, à New York. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'un entretien avec les médias alors qu'il assiste à la 79e Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2024, à New York. (AFP)
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  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mercredi soir une rencontre "la semaine prochaine" avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen
  • Lors d'une réunion de travail fin juillet avec plus de 40 dirigeants européens, M. Starmer avait affirmé vouloir "saisir l'occasion pour renouveler (la) relation avec l'Europe", après les frictions avec les précédents gouvernements conservateurs

LONDRES: Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mercredi soir une rencontre "la semaine prochaine" avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, afin de relancer les relations entre le Royaume-Uni et le continent, près de cinq ans après le Brexit.

"Je veux relancer notre relation avec l'UE et faire en sorte que le Brexit soit bénéfique pour le peuple britannique", a écrit le dirigeant travailliste sur son compte X, se disant "impatient" de cette rencontre à Bruxelles.

Lors d'une réunion de travail fin juillet avec plus de 40 dirigeants européens, M. Starmer avait affirmé vouloir "saisir l'occasion pour renouveler (la) relation avec l'Europe", après les frictions avec les précédents gouvernements conservateurs.

Bruxelles a récemment proposé d'ouvrir des négociations pour relancer la mobilité des jeunes entre l'UE et le Royaume-Uni, qui permettrait aux 18-30 ans de rester jusqu'à quatre ans dans leur pays de destination.

La proposition avait été enterrée par le précédent gouvernement conservateur. Keir Starmer est pour sa part réticent à toute proposition qui pourrait être considérée comme une réintroduction de la libre circulation.


Liban: Etats-Unis, France et d'autres appellent à un cessez-le-feu de 21 jours

Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche. (AFP)
Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche. (AFP)
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  • "Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours sur la frontière entre le Liban et Israël pour donner une chance à la diplomatie"
  • Dans un communiqué commun séparé, publié après leur rencontre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron précisent avoir "travaillé ensemble ces derniers jours"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et plusieurs pays arabes ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" au Liban où le conflit entre Israël et Hezbollah menace d'embraser la région, selon un communiqué commun diffusé par la Maison Blanche.

"Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours sur la frontière entre le Liban et Israël pour donner une chance à la diplomatie" en lien avec la situation au Liban et à Gaza, précise la déclaration signée par les Etats-Unis, la France, l'UE, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar.

"Il est temps de conclure un accord diplomatique pour permettre aux civils des deux côtés de la frontière de rentrer chez eux en toute sécurité", est-il ajouté.

Dans un communiqué commun séparé, publié après leur rencontre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron précisent avoir "travaillé ensemble ces derniers jours" pour parvenir à cet appel conjoint pour un cessez-le-feu temporaire, désormais rejoints par d'autres pays.

"Nous appelons à une approbation large et un soutien immédiat des gouvernements d'Israël et du Liban", ont-ils déclaré.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait le premier évoqué cette proposition plus tôt dans la journée lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Liban.

Lors d'un échange avec des journalistes, un haut responsable américain a immédiatement salué sous le couvert de l'anonymat une "percée importante", ajoutant espérer que cet appel permette aussi de "stimuler" les discussions pour une trêve et une libération des otages dans la bande de Gaza.