Biden «ne regrette rien»

Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence.  Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée. (Photo, AFP)
Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence. Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 17 août 2021

Biden «ne regrette rien»

  • «Les forces US ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes»
  • L'opposition républicaine s'est engouffrée dans la brèche, elle qui était bien embarrassée jusque là, puisque le retrait avait été décidé au départ par Trump

WASHINGTON : Il ne "regrette pas": Joe Biden, qui traverse la première grave crise de sa présidence, a défendu lundi sans ciller sa décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan dans une courte allocution.

"Je suis le président des Etats-Unis et à la fin c'est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas" la décision de retirer d'ici le 31 août les forces américaines d'Afghanistan, où elles combattent depuis vingt ans, a-t-il dit.

Une vingtaine de minutes, c'est le temps qu'a consacré le président américain à un discours extrêmement attendu, après plusieurs journées de silence.

Sans répondre aux questions des journalistes rassemblés à la Maison Blanche, il a repris ensuite le chemin de Camp David, lieu de villégiature des présidents américains, où il était en vacances depuis vendredi et d'où il n'était revenu que lundi à la mi-journée.

Alors que la prise de pouvoir fulgurante des talibans et les scènes de chaos à l'aéroport de Kaboul ont sidéré le monde, le commandant en chef de l'armée américaine a tout juste concédé que "tout cela s'est déroulé plus rapidement que nous ne l'avions prévu."

Pour Joe Biden, les États-Unis ont donné à l'armée afghane "toutes les options" possibles, en investissant lourdement dans son équipement et son entraînement.

"Les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes", a-t-il lancé, assumant d'être "critiqué".

Et critiqué, le démocrate de 78 ans l'est, comme jamais depuis son élection, par tous les médias américains, y compris ceux qui avaient accueilli avec soulagement son élection.

"Que l'on trouve cela juste ou injuste, l'histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l'expérience américaine en Afghanistan", a asséné lundi le New York Times.

Face à cette vague, la Maison Blanche de Joe Biden, cette machine bien huilée, a semblé tétanisée ces derniers jours.

 

Moscou et Pékin «adoreraient» que les USA restent enlisés en Afghanistan

Joe Biden a affirmé lundi qu'une guerre encore plus longue en Afghanistan aurait profité à la Chine et à la Russie, alors même que son chef de la diplomatie s'entretenait avec ces deux rivaux des États-Unis, qui ont l'intention d'entretenir des relations avec les talibans.

"Nos véritables concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, adoreraient que les États-Unis continuent de consacrer des milliards de dollars de moyens et leur attention à la stabilisation de l'Afghanistan indéfiniment", a lancé le président américain, rentré brièvement à la Maison Blanche pour un discours télévisé.

La Russie et la Chine ont intensifié les contacts avec les talibans après la décision américaine de quitter l'Afghanistan, mettant un terme à 20 ans de guerre.

Moscou, dont l'invasion du pays en 1979 s'est terminée par un échec après dix ans d'affrontements contre des combattants islamistes alors soutenus par Washington, a maintenu ouverte son ambassade à Kaboul et prévoit de communiquer avec les talibans.

Selon la Russie, la situation en Afghanistan se stabilisait lundi, les talibans y assurant "l'ordre public" après l'effondrement du gouvernement, qui a amené des milliers de personnes à tenter de fuir le pays.

La Chine a affirmé de son côté lundi vouloir des "relations amicales et coopératives" avec l'Afghanistan sous les talibans.

"La Chine se tient prête à communiquer avec les États-Unis pour promouvoir un atterrissage en douceur sur la question afghane, afin d'éviter une nouvelle guerre civile ou un désastre humanitaire en Afghanistan et pour que le pays ne redevienne pas un foyer et refuge du terrorisme", a déclaré Wang Yi à Antony Blinken, selon l'agence de presse chinoise Xinhua.

L'émissaire américain Zalmay Khalilzad a régulièrement consulté la Russie et la Chine lors des négociations infructueuses entre l'ex-gouvernement afghan et les talibans, qui visaient à établir un partage pacifique du pouvoir.

Il s'est écoulé presque une semaine entre la dernière prise de parole publique du président sur l'Afghanistan, mardi dernier, et son discours de lundi.

Entre les deux, le message de Joe Biden, qui pour l'occasion semble avoir remisé l'empathie dont il fait volontiers sa marque de fabrique, n'a pas changé: les Etats-Unis n'ont plus rien à faire en Afghanistan, où ils ont éradiqué la menace terroriste, un message au départ plutôt positivement perçu par l'opinion publique.

Mais c'était avant que l'Amérique ne suive heure par heure la chute de Kaboul, une issue dont Joe Biden assurait, il y a quelques semaines à peine, qu'elle n'était pas "inévitable".

C'était avant également que les télévisions ne diffusent des images d'hélicoptères américains au-dessus de Kaboul, rappelant l'évacuation dans la panique de l'ambassade américaine aux dernières heures de la guerre du Vietnam - un scénario que Joe Biden, là aussi, avait rejeté sèchement.

Jeudi et vendredi, dans un décalage toujours plus saisissant avec la progression fulgurante des talibans, la Maison Blanche s'attachait encore essentiellement à promouvoir de grands projets économiques et sociaux, et à diffuser des photographies d'un Joe Biden recevant des mises à jour sur l'Afghanistan pendant ses vacances.

L'opposition républicaine s'est engouffrée dans la brèche, elle qui était bien embarrassée jusque là, puisque le retrait d'Afghanistan avait été décidé au départ par Donald Trump.

L'ancien président républicain lui-même ne s'y est pas trompé, lui qui avait pourtant fixé un calendrier encore plus serré que celui de Joe Biden, puisqu'il avait fixé l'échéance au 1er mai 2021.

Donald Trump a publié lundi une série de communiqués lapidaires, et réagi ainsi à l'intervention de son successeur: "Le sujet, ce n'est pas que nous quittions l'Afghanistan, c'est que nous partions avec une incompétence crasse."

Reste à savoir sur qui les Américains vont rejeter la responsabilité de la débâcle, et si elle aura un impact politique durable.

L'élu républicain Adam Kinzinger, militaire ayant servi en Afghanistan, a asséné lundi sur Twitter: "Je blâme Trump pour avoir fait arriver ce moment, et Biden pour cette issue bâclée. Je ne choisis pas de camp, parce que les deux camps ont échoué. Voilà la vérité."

Le discours de Biden en quelques phrases

Voici les principaux extraits de son discours d'une vingtaine de minutes à la Maison Blanche.

« Je ne regrette pas »

« Je suis le président des États-Unis et à la fin, c'est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas ».

"Je défends fermement ma décision. Après 20 ans, j'ai appris à contre-cœur qu'il n'y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines."

"Notre mission en Afghanistan n'a jamais été censée construire une nation."

« Loin d'être parfait »

"La vérité est que tout cela s'est déroulé plus rapidement que nous l'avions prévu".

"C'est difficile et désordonné et, oui, c'est loin d'être parfait, mais j'ai tenu ma promesse" (de faire revenir les derniers soldats américains).

Le manque de « volonté » des Afghans

"Nous leur avons donné toutes les options pour déterminer leur propre avenir".

"Les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes".

Avertissement aux talibans

"Nous avons averti clairement les talibans que s'ils attaquent notre personnel ou perturbent nos opérations, la réponse américaine sera rapide et puissante. Nous ferons un usage dévastateur de la force si nécessaire pour défendre les nôtres."

Chine et Russie

"Nos véritables concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, adoreraient que les États-Unis continuent de consacrer des milliards de dollars de moyens et leur attention à la stabilisation de l'Afghanistan indéfiniment".

 


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.