Les subventions sur le carburant opposent le gouvernement et la Banque du Liban

Subventionner le carburant coûte au Liban $3 milliards par an. (Photo, Reuters)
Subventionner le carburant coûte au Liban $3 milliards par an. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 13 août 2021

Les subventions sur le carburant opposent le gouvernement et la Banque du Liban

  • Salamé affirme que l'utilisation des réserves obligatoires exige une nouvelle loi
  • Trois hommes sont morts lundi dans des altercations liées à la pénurie du carburant

BEYROUTH : Le gouvernement libanais a fustigé la Banque centrale jeudi en raison de sa décision de mettre fin aux subventions sur le carburant qui ont épuisé les réserves en devises. Il a affirmé que les prix ne doivent pas changer, et que lesdites subventions doivent être maintenues jusqu'à ce que des mesures soient mises en place pour aider les plus démunis.

Pris entre deux positions officielles contradictoires, les importateurs de carburant ont demandé des éclaircissements. L’un d’eux a même prévenu que d'énormes pénuries de carburant sont à prévoir à cause de l’approvisionnement insuffisant.

La perte des subventions sur le carburant ouvre une nouvelle phase dans la crise financière qui a fait chuter la valeur de la monnaie libanaise de plus de 90 % depuis 2019, et plongé plus de la moitié de la population dans la pauvreté.

Depuis le début de la crise, la Banque centrale subventionne en réalité le carburant en piochant dans ses réserves en dollars. L’objectif est de financer les importations à des taux de change bien inférieurs à ceux du marché parallèle.

La Banque centrale a justifié sa décision de fournir des dollars aux taux du marché. Elle rappelle avoir expliqué au gouvernement il y a un an qu'une nouvelle loi serait nécessaire afin de puiser dans les réserves obligatoires. Ces dernières sont des portions des dépôts bancaires qui doivent être préservée par la loi.

Le conflit public au sommet de l'État libanais démontre l’incapacité de l'élite dirigeante à mettre en place des politiques pour sortir le pays de sa pire crise depuis la guerre civile de 1975-90, alors même que les réserves de carburant et de médicaments sont épuisées.

Les importateurs de pétrole signalent le gouvernement a déclaré que les produits pétroliers devraient continuer à être vendus à des prix indexé sur un taux de change subventionné, mais que la Banque centrale va se contenter désormais d’ouvrir des lignes de crédit pour leur permettre d’importer au taux du marché.

Le même taux de change doit s'appliquer à l'achat et à la vente, selon eux. «Nous attendons qu'ils tirent l'affaire au clair, qu'ils communiquent leurs intentions», affirme Maroun Chammas, membre de l'Association des sociétés d'importation de pétrole.

La décision de la Banque centrale a provoqué un nombre de manifestations, bien que les prix du carburant soient restés inchangés jeudi, et que de nombreuses stations-service aient été fermées.

Après une réunion d'urgence du cabinet intérimaire, le gouvernement a affirmé la nécessité de maintenir les subventions et que les mesures pour les rationaliser ne devraient commencer que lorsque les cartes de paiement prépayées pour les plus démunis, approuvées par le Parlement en juin, auront été déroulées.

Le gouvernement a également souligné qu'il ne devait pas y avoir de changement dans les prix des produits pétroliers raffinés.

La déclaration du gouvernement n'explique toutefois pas comment ce serait possible si la Banque centrale arrête de fournir des dollars à des taux de change subventionnés.

Le gouvernement a aussi accusé le gouverneur Riad Salamé d'agir unilatéralement.

«Ils nous ont tout fait perdre au Liban : pas de carburant, pas d'électricité, pas d'eau, rien. Les loyers des maisons coûtent maintenant des millions. Que faire à présent?» se demande Houssein Ibrahim, qui manifestait contre la décision à Saïda.

Le président Michel Aoun a convoqué Salamé au palais présidentiel pour une réunion au cours de laquelle le gouverneur a refusé de faire machine arrière. Il affirme que l'utilisation des réserves obligatoires exige une nouvelle loi, selon une source ministérielle.

La source a révélé que l'idée d'un projet de loi a été discutée lors de la réunion du cabinet, et que le gouvernement va en préparer le texte.

«Le pays ne peut pas supporter les conséquences désastreuses de ce type de décision», a averti Diab au début de la réunion du cabinet.

«Les dommages qu’elle peut occasionner sont bien plus importants que les gains de la protection des réserves obligatoires de la Banque centrale», car ceci mène le pays dans l'inconnu.

Les députés du puissant parti musulman chiite, le Hezbollah, ont rejeté la décision de Salamé, faisant écho à l'idée que les cartes prépayées doivent être distribuées avant toute action sur les subventions.

La subvention au carburant coûte environ $3 milliards par an.

La Banque centrale explique avoir dépensé plus de 800 millions de dollars en carburant le mois dernier. Pourtant, la facture des médicaments s'est multipliée, et ils sont soit absents du marché, soit vendus à des prix qui dépassent leur valeur.

Les esprits se sont échauffés parmi les automobilistes qui faisaient la file pendant des heures pour l'essence, souvent incapables de faire le plein.

Trois hommes sont morts lundi dans des altercations liées à la pénurie du carburant.

La Banque centrale a annoncé mercredi qu'elle offrira des lignes de crédit pour les importations de carburant au prix du marché plutôt que des taux de change subventionnés.

Non subventionné, le prix de l'essence à indice d'octane 95 était projeté à plus de quatre fois son prix précédent dans un barème rapporté par une société de diffusion

Plus récemment, la Banque centrale avait accordé des crédits pour les importations de carburant à un taux de 3 900 LL pour 1$, contre un taux du marché parallèle de plus de 20 000 LL.

Les réserves sont passées de plus de $40 milliards en 2016 à $15 milliards en mars dernier.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dernier jour de la COP29, bras de fer Nord-Sud sur la finance climatique

Les participants passent devant le logo de la COP29 lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, le 21 novembre 2024. (AFP)
Les participants passent devant le logo de la COP29 lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, le 21 novembre 2024. (AFP)
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  • Les négociateurs de près de 200 pays, frustrés de deux semaines de tractations stériles, attendent vendredi d'ultimes propositions de compromis financier
  • Le prochain projet de texte est promis pour midi heure locale (08H00 GMT), selon la présidence de la COP29, ce qui lancera un nouveau round de pourparlers en vue d'un texte final dans la soirée de vendredi

BAKOU: La journée sera longue à Bakou: les négociateurs de près de 200 pays, frustrés de deux semaines de tractations stériles, attendent vendredi d'ultimes propositions de compromis financier entre pays riches et en développement à la conférence sur le changement climatique de l'ONU en Azerbaïdjan.

"Nous percevons des lueurs d'espoir", a résumé la négociatrice allemande Jennifer Morgan. "Mais des lueurs d'espoir ne suffisent pas, car il y a aussi des pilules empoisonnées".

Un journaliste de l'AFP a observé dans la soirée de jeudi de nombreuses allées et venues de ministres et diplomates entre les bureaux des délégations brésilienne, européenne, américaine, chinoise... et de la présidence azerbaïdjanaise du sommet. Un délégué européen confirme que les consultations de haut niveau se sont poursuivies jusque très tard dans la nuit.

Le prochain projet de texte est promis pour midi heure locale (08H00 GMT), selon la présidence de la COP29, ce qui lancera un nouveau round de pourparlers en vue d'un texte final dans la soirée de vendredi, au dernier moment.

Vendredi au petit-déjeuner, le négociateur d'un grand pays a indiqué à l'AFP que le texte était "en train d'être poli".

La question centrale, au "stade olympique" de Bakou, est de déterminer combien d'argent les pays développés, au nom de leur responsabilité historique dans le dérèglement climatique, accepteront de transférer aux pays en développement, pour les aider à affronter un climat plus destructeur et à investir dans les énergies bas carbone.

"Nous ne demandons qu'1% du PIB mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies?" demande Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama.

Depuis le début du sommet, le 11 novembre, des tempêtes ont tué des Philippines au Honduras, l'Espagne panse ses plaies après des inondations meurtrières, l'Equateur a déclaré l'urgence nationale à cause de la sécheresse et des incendies....

- "Au moins" 500 milliards -

L'arrière-plan inédit de cette 29e COP est une année 2024 qui sera vraisemblablement la plus chaude jamais mesurée. Et, neuf ans après l'accord de Paris, l'humanité va encore brûler plus de pétrole, de gaz et de charbon que l'année passée.

Un projet d'accord publié jeudi matin a mécontenté tout le monde car, à la place de chiffres figuraient des "X", et parce qu'il ne tranchait pas entre deux visions très opposées.

L'heure est venue des chiffres, mais combien? "Au moins" 500 milliards de dollars par an de la part des pays développés d'ici 2030, demande la plus grande alliance de pays en développement. A comparer aux 116 milliards de finance climatique fournie en 2022.

Les Européens, premiers contributeurs mondiaux, répètent qu'ils veulent "continuer à montrer la voie": un terme soigneusement choisi, venu directement de l'accord de Paris, en signe de bonne volonté. Mais le resserrement budgétaire limite leur marge de manœuvre.

Les Américains se sont dits "profondément inquiets" du dernier texte. Le commissaire européen Wopke Hoekstra a dénoncé un travail "inacceptable".

"Pourrais-je vous demander, s'il vous plaît, de montrer du leadership?" a-t-il lancé au président de la COP29, le ministre Moukhtar Babaïev, ancien cadre de la compagnie pétrolière azerbaïdjanaise.

Américains et Européens n'ont pas encore révélé combien ils étaient prêts à payer.

- La Chine refuse toute obligation -

"Ils tournent en rond dans leurs jeux géopolitiques", a déploré la ministre colombienne Susan Muhamad.

Les pays développés négocient en fait en parallèle davantage d'"ambition" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais s'opposent aux pays producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite. Le groupe arabe a explicitement prévenu qu'il n'accepterait aucun texte ciblant "les combustibles fossiles".

Ce qui fait désordre un an après la COP28 de Dubaï, qui a appelé à lancer la transition vers la sortie des combustibles fossiles.

En public, les pays donnent de la voix. Mais en coulisses, Chinois, Occidentaux, Etats insulaires... Tous se parlent encore.

Le ministre irlandais Eamon Ryan confie à l'AFP qu'"il y a de l'espace pour un accord".

La Chine, clé pour trouver l'équilibre entre Occidentaux et Sud, a appelé "toutes les parties à se retrouver à mi-chemin".

Pékin a toutefois tracé une ligne rouge: elle ne veut aucune obligation financière. Pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Les délégués se préparent déjà à une prolongation samedi. Une tradition des COP.


Le Saudi French Business Council collabore avec CCI France UAE pour accueillir une délégation française

Le Saudi French Business Council (CAFS) collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française. (AFP)
Le Saudi French Business Council (CAFS) collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française. (AFP)
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  • Cette réunion d'accueil donnera lieu à des présentations de l'économie saoudienne et de l'environnement des affaires par l'Ambassade de France et les membres du CAFS
  • Elle se terminera par un déjeuner de réseautage qui donnera l'occasion aux participants de se rencontrer et d'élargir leurs réseaux d'affaires

RIYAD: Le Conseil d'affaires franco-saoudien collabore avec CCI France UAE pour organiser la visite d'une délégation française.

Cette réunion d'accueil donnera lieu à des présentations de l'économie saoudienne et de l'environnement des affaires par l'Ambassade de France et les membres du CAFS.

Elle se terminera par un déjeuner de réseautage qui donnera l'occasion aux participants de se rencontrer et d'élargir leurs réseaux d'affaires.


Les secteurs industriel et minier saoudiens offrent des opportunités lucratives aux entrepreneurs

Bandar ben Ibrahim Alkhorayef s'exprimant lors du Misk Global Forum 2024. (SPA)
Bandar ben Ibrahim Alkhorayef s'exprimant lors du Misk Global Forum 2024. (SPA)
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  • Les secteurs industriel et minier de l'Arabie saoudite recèlent des opportunités prometteuses pour les jeunes et les entrepreneurs, a insisté le ministre de l'industrie du Royaume
  • S'exprimant lors du Misk Global Forum 2024 à Riyad, Bandar ben Ibrahim Alkhorayef a déclaré que ces opportunités vont au-delà de l'investissement direct et comprennent le développement d'idées innovantes

DJEDDAH: Les secteurs industriel et minier de l'Arabie saoudite recèlent des opportunités prometteuses pour les jeunes et les entrepreneurs, a insisté le ministre de l'industrie du Royaume.

S'exprimant lors du Misk Global Forum 2024 à Riyad, Bandar ben Ibrahim Alkhorayef a déclaré que ces opportunités vont au-delà de l'investissement direct et comprennent le développement d'idées innovantes pour améliorer l'efficacité de la production, la qualité de la fabrication et la conservation de l'énergie dans les installations industrielles.

Il a expliqué que les institutions travaillant dans le domaine des ressources industrielles et minérales ont mis en place une série d'outils et d'initiatives pour soutenir la croissance des entreprises et faciliter l'investissement pour les jeunes innovateurs dans les deux secteurs, selon l'Agence de presse saoudienne.

Le Royaume a été classé troisième dans le rapport Global Entrepreneurship Monitor pour 2023-2024 - une étude qui évalue les écosystèmes des pays du monde entier.

L'Arabie saoudite a montré des progrès significatifs, avec son score de l'indice du contexte national de l'entrepreneuriat passant de 5 en 2019 à 6,3 en 2022 et 2023.

L'analyse souligne que cela reflète les efforts fructueux du pays pour diversifier son économie et favoriser un climat propice aux propriétaires d'entreprises. Le rapport met également l'accent sur l'entrepreneuriat féminin, avec huit femmes créant de nouvelles entreprises pour dix hommes en 2023.

Alkhorayef a ajouté que les programmes introduits comprennent des solutions financières, notamment le programme 1K Miles, conçu pour aider les entrepreneurs à transformer leurs idées en projets, et l'Industrial Hackathon, qui permet aux jeunes innovateurs de présenter des solutions créatives aux défis auxquels sont confrontées les installations industrielles.

Le ministre a également souligné que le Royaume est devenu un centre mondial pour les entrepreneurs, leur offrant la possibilité de présenter des idées innovantes et de tester leur succès. Il a souligné que le soutien indéfectible du gouvernement aux jeunes crée de vastes opportunités pour la réussite de leurs projets.

Il a souligné que l'Arabie saoudite s'est récemment concentrée sur l'exploitation de ses atouts stratégiques pour développer son secteur industriel et stimuler sa compétitivité. Il s'agit notamment d'utiliser ses ressources naturelles et ses avancées technologiques pour être compétitif au niveau mondial dans les industries émergentes et s'imposer comme un acteur clé dans les chaînes d'approvisionnement internationales.

Au cours de l'événement de la veille, le coprésident de la Fondation Bill et Melinda Gates, Bill Gates, a souligné le rôle crucial de l'innovation pour relever les défis du développement mondial et améliorer la qualité de vie des populations vulnérables.

Gates a insisté sur l'importance d'investir dans la technologie et l'éducation comme fondement d'un avenir durable, soulignant que de tels investissements permettent aux générations futures d'avoir un impact positif sur leurs communautés.

Il a salué le leadership de l'Arabie saoudite en matière d'autonomisation des jeunes, mettant en avant des initiatives telles que le MGF 2024, qui se concentre sur le développement des compétences des jeunes et la promotion de l'innovation et de l'esprit d'entreprise. Il a qualifié le forum de modèle mondial digne d'être imité.

Gates a également appelé au renforcement de la coopération internationale afin de développer des solutions communes pour relever les défis actuels.

Le coprésident a souligné l'importance d'encourager la créativité, le travail d'équipe et la réflexion collective pour construire un avenir plus durable, en insistant sur le fait que la collaboration mondiale pouvait conduire à des avancées transformatrices qui améliorent la vie de millions de personnes.

Le MGF 2024 a annoncé le lancement de l'initiative "Misk Grand Challenges" en partenariat avec la Fondation Gates, visant à inspirer les jeunes à proposer des solutions innovantes aux problèmes mondiaux d'éducation et de citoyenneté, en encourageant la créativité et en engageant des esprits brillants à relever les défis urgents du développement.

Lors d'une table ronde organisée dans le cadre du forum, Abdallah Al-Saleem, PDG et cofondateur de Mushtari, a donné des indications précieuses sur le moment et la manière dont les entrepreneurs devraient chercher des conseils pour leurs entreprises.

"C'est toujours le bon moment pour demander de l'aide", a déclaré Al-Saleem, soulignant l'importance de l'apprentissage continu et de la consultation dans le développement d'une entreprise.

Il a préconisé une approche à deux volets pour la recherche de conseils, en faisant la distinction entre les consultants généraux en affaires et les experts spécifiques à un secteur.

"Il y a deux personnes auprès desquelles il faut chercher de l'aide: les personnes qui ont une connaissance générale du secteur et les personnes qui ont une connaissance spécifique du secteur", a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com