13 août 1961: un mur divise Berlin

Peu à peu, les kilomètres de barbelés vont céder la place à un mur en béton de 43 km de long scindant la ville en deux du nord au sud. Une autre enceinte, longue de 112 km, isolera de la RDA l'enclave de Berlin-Ouest et ses deux millions d'habitants. (AFP)
Peu à peu, les kilomètres de barbelés vont céder la place à un mur en béton de 43 km de long scindant la ville en deux du nord au sud. Une autre enceinte, longue de 112 km, isolera de la RDA l'enclave de Berlin-Ouest et ses deux millions d'habitants. (AFP)
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Publié le Jeudi 12 août 2021

13 août 1961: un mur divise Berlin

  • «Aucun Allemand de Berlin-Est ne peut plus passer à l'Ouest sans coupe-file spécial, les contrôles sont excessivement sévères»
  • Tout au long de ce «mur de la honte» se trouve, du côté est, un "no man's land", dont la profondeur peut atteindre jusqu'à 300 mètres par endroits

PARIS: Aux petites heures du dimanche 13 août 1961 à Berlin-Est, commence l'édification du mur de Berlin qui cimentera la dernière brèche encore ouverte dans le rideau de fer.


Au cours des précédentes 48 heures, les rumeurs de la fermeture de la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest ont pris de plus en plus de consistance.


Le vendredi, le conseil des ministres est-allemand a reçu carte blanche par décision unanime de la "Chambre du peuple", le Parlement de la RDA, pour prendre toutes les mesures afin de stopper définitivement l'exode de la population de l'Allemagne communiste. 


Au cours des douze dernières années, plus de trois millions de citoyens ont en effet choisi de "voter avec leurs pieds", en préférant la liberté et la prospérité de l'Allemagne de l'Ouest aux rigueurs de la RDA. 


A 04H01 ce dimanche-là, un flash de l'AFP daté de Berlin tombe: "D'après DPA (l'agence de presse ouest-allemande), l'armée et la police populaires se concentrent à la limite des secteurs Est et Ouest de Berlin pour interdire le passage".


Dans un deuxième flash, l'AFP, citant encore DPA, précise: "Les chemins de fer métropolitains de Berlin ne passent plus depuis deux heures d'un secteur à l'autre".


Les flashs se succèdent:


- 04H28: "Le conseil des ministres de la RDA a décidé de mettre en place à ses frontières, même à celles du secteur occidental de Berlin, les contrôles habituels aux frontières d'un Etat souverain".


- 04H36: "Une ordonnance du ministère de l'Intérieur d'Allemagne orientale interdit aux habitants de ce pays de se rendre à Berlin-Est s'ils n'y travaillent pas".


- 04H50: "Il est interdit à tout habitant de Berlin-Est de travailler à Berlin-Ouest, décide la municipalité de Berlin-Est".

43 kilomètres de long 
En tout début de matinée, le journaliste de l'AFP décrit ainsi la situation:


"Des fils de fer barbelés et des chevaux de frise ont été placés dans la nuit, pour fermer hermétiquement la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. La route est pratiquement coupée aux réfugiés. La plupart des points de passages, entre les deux parties de la ville, sont barrés depuis le lever du jour et sévèrement gardés par des policiers populaires patrouillant mitraillette en bandoulière. Seuls restent ouverts entre les deux Berlin treize postes-frontières, contrôlés par de nombreux piquets renforcés de policiers en armes. (...)


Aucun Allemand de Berlin-Est ne peut plus passer à l'Ouest sans coupe-file spécial, les contrôles sont excessivement sévères".


Alors que la nasse se referme sur la partie communiste de la ville, un jeune Berlinois de l'Est parvient contre toute attente à forcer avec sa voiture le réseau de fils barbelés séparant les deux secteurs de la ville. "Voyant arriver à grande vitesse le jeune homme dans une Volkswagen, les policiers furent trop surpris pour pouvoir arrêter la voiture, qui emporta jusque dans le secteur français le réseau de fils de fer barbelés placé à travers la rue", raconte l'AFP.


Peu à peu, les kilomètres de barbelés vont céder la place à un mur en béton de 43 km de long scindant la ville en deux du nord au sud. Une autre enceinte, longue de 112 km, isolera de la RDA l'enclave de Berlin-Ouest et ses deux millions d'habitants.


Constamment modernisé durant ses 28 ans d'existence, le Mur est formé sur plus de 100 kilomètres de plaques de béton armé d'une hauteur de 3,60 mètres, surmontées d'un cylindre sans prise pour une escalade, le reste étant constitué de grillages métalliques. 


Tout au long de ce "mur de la honte" se trouve, du côté est, un "no man's land", dont la profondeur peut atteindre jusqu'à 300 mètres par endroits. Au pied du mur, une "bande de la mort", constituée d'un terrain soigneusement ratissé pour repérer les traces de pas, est pourvue d'installations de tirs automatiques et de mines.


Aussi hermétique fut-elle, cette redoutable "barrière antifasciste" n'empêchera pas la fuite de près de 5 000 personnes, jusqu'à sa chute le 9 novembre 1989. Une centaine de fugitifs y laisseront la vie.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.