BUENOS AIRES : Le gouvernement argentin a condamné mercredi la décision du gouvernement iranien de nommer au poste de ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi, l'un des accusés de l'attentat à la bombe contre le centre juif AMIA qui a fait 85 morts à Buenos Aires en 1994.
"L'Argentine exprime une nouvelle fois sa plus ferme condamnation de la nomination d'Ahmad Vahidi à un poste ministériel en Iran", indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le gouvernement d'Alberto Fernandez "déclare que la nouvelle nomination d'Ahmad Vahidi pour occuper un poste au sein du gouvernement iranien, en l'occurrence celui de ministre de l'Intérieur, constitue un affront à la justice argentine et aux victimes du brutal attentat terroriste contre l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA)".
Le ministère des Affaires étrangères a rappelé que, dès août 2009, la nomination de M. Vahidi au poste de ministre de la Défense "avait été accueillie avec une vive inquiétude et méritait la plus ferme condamnation du gouvernement argentin".
M. Vahidi est l'un des hauts responsables iraniens recherchés par la justice argentine, qui l'accuse d'avoir eu "un rôle clé dans la prise de décision et la planification de l'attentat à la bombe contre le bâtiment de l'AMIA le 18 juillet 1994, et il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par Interpol", précise le communiqué.
Vingt-sept ans plus tard, personne n'a été arrêté pour cet attentat non résolu.
L'Argentine a également exhorté le nouveau gouvernement iranien à "coopérer pleinement" afin que les personnes accusées par la justice argentine "soient jugées par des tribunaux compétents" dans le pays sud-américain, où la loi ne prévoit pas de procès par contumace.
Enquête enlisée
L'attentat de l'AMIA a été attribué à de hauts responsables iraniens, menés par le président de l'époque Ali Rafsandjani, et au mouvement chiite libanais Hezbollah, une hypothèse soutenue par les dirigeants juifs argentins et Israël, mais l'enquête judiciaire s'est enlisée.
L'Iran a nié toute implication dans l'attentat et a toujours refusé que ses anciens responsables soient interrogés.
Un protocole d'accord avec l'Iran promu en 2012 par la présidente de l'époque et actuelle vice-présidente Cristina Kirchner visait à leur permettre d'enquêter hors d'Argentine.
Il a été approuvé par le Congrès argentin mais pas par le Parlement iranien. Plus tard, en Argentine, une enquête a été ouverte concernant ce mémorandum pour tentative de dissimulation des responsables présumés de l'attaque et trahison, dont Mme Kirchner était l'une des principales accusées.
En juillet dernier, lors d'une audience publique, la vice-président a demandé la nullité de l'affaire, la qualifiant de "non-sens, de scandale judiciaire et politique" et d'"instrument de persécution des opposants politiques du gouvernement de Mauricio Macri (2015-2019)".
Avant l'attentat de l'AMIA, l'ambassade d'Israël à Buenos Aires avait été la cible d'un attentat en 1992, qui avait fait 29 morts et 200 blessés, également impuni.
L'Argentine compte la plus grande communauté juive d'Amérique latine, avec quelque 300 000 membres.