Le plus gros pollueur du monde respecte-t-il ses engagements ?

Pour la Chine, «la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique». (Photo AFP)
Pour la Chine, «la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique». (Photo AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

Le plus gros pollueur du monde respecte-t-il ses engagements ?

  • La Chine veut atteindre un pic d'émissions de gaz à effet de serre avant 2030, mais aucun plan n'a été annoncé pour atteindre cet objectif
  • Malgré les moyens déployés et les projets entamés, Pékin reste tentée par le charbon pour alimenter la croissance en temps de crise

PEKIN : Avec la parution du rapport du Groupement intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC) soulignant les conséquences du réchauffement climatique, la Chine, le plus gros pollueur du monde, est face au défi de remplir ses engagements en la matière.

Le président Xi Jinping a assuré que son pays atteindrait un pic d'émissions de gaz à effet de serre avant 2030 puis deviendrait totalement neutre dans ce domaine à l'horizon 2060. Mais, pour l'heure, aucun plan n'a été annoncé pour atteindre cet objectif.

Sous la pression des industriels, la législation visant à durcir les règles concernant les secteurs les plus polluants, tels que l'aciérie, la sidérurgie et les cimenteries, est au point mort, alors que les centrales au charbon se multiplient.

Le président Xi a annoncé vouloir "progressivement réduire" l'usage de cette énergie fossile à partir de 2026 mais, dans les faits, la Chine en reste largement tributaire.

En 2020, elle a ajouté 38,4 GigaWatts (GW) d'énergie issue du charbon, plus de trois fois la capacité supplémentaire installée dans ce domaine cette année-là ailleurs dans le monde, selon les données de l'organisation américaine Global Energy Monitor (GEM), qui étudie l'ensemble des projets énergétiques reposant sur les énergies fossiles.

"Cette nouvelle frénésie de charbon remet en cause les objectifs climatiques tant à court qu'à long terme", a estimé Christine Shearer, la directrice de programme charbon pour GEM.

La semaine dernière, le gouvernement chinois a demandé aux provinces de relâcher leurs efforts visant à réduire les émissions et de s'assurer qu'elles ne remettent pas en cause la croissance économique.

La demande en électricité progressant fortement, des mines de charbon abandonnées ont été rouvertes.

"Ces signaux contradictoires ont perturbé tant les investisseurs que les autorités locales", a affirmé Martin Wang, analyste pour Guotai Junan Securities.

Les inégalités entre pauvres et riches passent aussi par le climat

Les inégalités entre pauvres et riches passent aussi par les prévisions climatiques : au moment où les experts de l'Onu livrent leurs nouvelles projections, difficile pour certaines régions de prévoir le climat à venir, faute de données suffisantes.

Dans son rapport de 40 pages à destination des responsables politiques, le Giec présente trois cartes du monde, avec des hexagones représentant différentes parties de la planète.

Chacun des graphiques illustre les changements observés depuis les années 1950 en terme de canicules, de fortes précipitations et de sécheresses, région par région, avec différents codes couleurs.

Si une forte augmentation des canicules est visible quasiment partout, s'agissant des pluies extrêmes et de la sécheresse, de nombreuses zones restent grisées faute de données ou de certitudes suffisantes de la part des scientifiques.

C'est notamment le cas pour plusieurs régions en Afrique, en Amérique centrale et du Sud concernant les pluies et pour d'autres régions en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Asie, pour les sécheresses.

 

zdz

 

"Nous pouvons uniquement utiliser et évaluer la littérature (scientifique) disponible", rappelle à l'AFP Paola Arias, de l'université colombienne d'Antioquia et une des auteurs du rapport. Le Giec ne mène pas ses propres recherches mais se base sur les études scientifiques existantes.

"L'Amérique du Sud a un rôle très important à jouer dans le climat régional et est une source importante d'humidité pour l'Amérique centrale", explique-t-elle.

Or "nous avons besoin de plus de données d'observation. Nous n'en avons pas assez pour étudier les événements climatiques extrêmes", poursuit la scientifique.

Le manque de données est aussi flagrant concernant le continent africain.

Mohamed Adow, président du think tank sur le climat Power Shift Africa, basé à Nairobi, fait le parallèle entre ce manque de data et un vieil adage: si un arbre tombe dans la forêt mais que personne n'est là pour l'entendre, sa chute fera-t-elle du bruit?

"Les gens en Afrique ont conscience de la chaleur accablante, de la montée des océans et des événéments extrêmes sur le continent. Mais si ces données ne sont pas enregistrées par des scientifiques, cela va rendre beaucoup plus difficile la tâche pour les voix africaines de se faire entendre dans le débat sur la lutte contre le changement climatique", poursuit-il.

Le rapport du Giec insiste sur la responsabilité des "activités humaines" dans le réchauffement climatique de 1,1°C depuis la période pré-industrielle.

Mais ce chiffre global cache une injustice: les pays les plus vulnérables sont les plus pauvres, qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, souligne Mohamed Adow.

Dans le cas de l'Afrique, "c'est aussi là où il y a le moins de recherches scientifiques et ce manque impacte la capacité du continent à s'adapter", regrette-t-il.

"Nous devons résoudre cela rapidement et nous assurer que les chercheurs et les donateurs investissent pour combler ces trous dans la recherche climatique", poursuit-il.

La répartition des auteurs du rapport du Giec est aussi déséquilibrée, aussi bien géographiquement qu'en terme de genre. Sur 116 auteurs crédités, seulement 13 viennent de nations hors G20. 72% du total des auteurs du rapport sont des hommes.

Des efforts ont pourtant été fait. "Ils ont vraiment essayé d'avoir plus de femmes et une représentation régionale plus large", raconte Maisa Rojas Corradi, auteure principale du premier chapitre de ce rapport.

Parmi les obstacles qui persistent, des études ne sont pas rédigées en anglais ou ne sont pas publiées dans des revues scientifiques traditionnelles, explique-t-elle.

Une meilleure représentation au sein des auteurs du Giec n'est pas qu'une question d'équité. Elle permettrait également d'avoir des résultats scientifiques de meilleure qualité, avec plus de d'informations et de perspectives régionales, souligne-t-elle.

"Vous ne pouvez pas surveiller ce que vous n'observez pas", conclut la scientifique.

Ce retour en force du charbon semble aller à l'encontre des incitations que doit créer le nouveau marché du carbone, lancé en Chine le mois dernier, dont l'objectif était précisément de pousser les compagnies du secteur énergétique à réduire leurs émissions polluantes.

Le prix de la tonne de carbone se situe désormais autour de 50 yuans (6,56 euros), un niveau trop faible pour accélérer le recours aux énergies plus propres

Afin que la Chine puisse respecter ses objectifs, 90% de sa production énergétique doit provenir du nucléaire et des énergies renouvelables d'ici à 2050, selon des chercheurs de l'Université de Tsinghua, à Pékin, contre tout juste 15% aujourd'hui.

Ce pays dispose de plus du tiers du parc éolien et solaire mondial et produire de l'énergie renouvelable coûte désormais moins cher que via le charbon.

"Mais les fournisseurs d'énergie restent hésitants face à l'idée d'augmenter la part de l'énergie verte achetée du fait de la pression importante du lobby du charbon", a expliqué Han Chen, chercheur en politique énergétique pour le Conseil national de défense des ressources, un groupe de pression ayant son siège aux Etats-Unis.

"C'est la raison pour laquelle les énergies renouvelables ne constituent que 15% du mix énergétique de la Chine malgré les investissements réalisés", a-t-il ajouté.

Le gouvernement s'est engagé à investir dans les réseaux intelligents et le stockage d'énergie dans les cinq prochaines années et à autoriser l'installation de centrales solaires et éoliennes dans les régions reculées de l'ouest afin d'alimenter les usines situées sur la côte est.

Le Giec, l'autorité scientifique de référence sur le changement climatique

PARIS : Depuis plus de 30 ans, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) analyse le changement climatique, ses conséquences et les stratégies d'adaptation possibles à travers le monde via des rapports d'évaluation mis à jour régulièrement.

Le Giec, créé en 1988, a déjà dressé cinq rapports d'évaluation dont le dernier a été finalisé en 2013-2014. Il entame à présent la publication de son sixième rapport qui se décompose en trois volets: le premier, sur les éléments scientifiques les plus récents concernant le changement climatique, est publié lundi.

Le deuxième volet, dont une version préliminaire a été dévoilée en exclusivité par l'AFP en juin, concerne les conséquences du réchauffement climatique et les mesures d'adaptation. Il doit être publié officiellement en février 2022 et la troisième partie, consacrée aux mesures d'atténuation, le mois suivant. Un rapport de synthèse reprendra l'ensemble des éléments en septembre 2022.

Le but du Giec est de fournir aux gouvernements les éléments scientifiques utiles pour "élaborer des politiques dans le domaine du climat", ainsi que des bases pour les négociations lors des conférences pour le climat.

Le Giec synthétise les travaux existants et ne diligente pas d'études. Il ne fait pas non plus de préconisations mais expose les options possibles aux décideurs politiques.

Chaque volet de ces rapports d'évaluation est composé de centaines, voire de milliers de pages, et fait l'objet de plusieurs versions soumises aux commentaires des chercheurs et des gouvernements jusqu'à aboutir à la version définitive.

Il s'accompagne d'un "résumé à l'attention des décideurs" de quelques dizaines de pages. Ce texte est approuvé ligne par ligne, par consensus, par des délégations des 195 pays membres. Cette ultime validation, plus politique, touche à la forme mais ne revient pas sur le fond, explique le Giec.

Durant son sixième cycle d'évaluation, le Giec a également produit trois rapports spéciaux, sur un réchauffement planétaire de +1,5°C, les terres émergées, et l'océan et la cryosphère.

Créé par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), son fonctionnement repose sur les contributions bénévoles de milliers de spécialistes des sciences de l'atmosphère, d'océanographes, de glaciologues, d'économistes, etc.

En 2007, le Giec avait reçu, avec l'ex-président américain Al Gore, le prix Nobel de la Paix pour son travail de diffusion des connaissances sur le réchauffement et les mesures nécessaires pour le limiter.

Les investissements dans le nucléaire sont également en forte hausse : sur les 15 prochaines années, la Chine veut installer au moins 200 GW de production nucléaire, soit plus que la capacité existante en France et aux Etats-Unis, les deux pays les plus nucléarisés au monde.

Un quart des émissions chinoises de gaz à effet de serre provient des transports et les autorités ont déversé des milliards de yuans pour faire la promotion de solutions alternatives plus propres.

Désormais, 5% des voitures vendues en Chine sont électriques ou hybrides et la plupart des villes comptent des milliers de bornes de recharge.

Les transports publics sont aussi largement passés à l'électrique et des routes électrifiées, destinées aux véhicules intelligents, sont construites.

Mais le gouvernement a aussi réduit en 2020 son soutien aux constructeurs de voitures électriques, après que plusieurs cas de fraudes aux subventions ont défrayé la chronique.

Plus de 40 milliards d'arbres ont été plantés en Chine ces 30 dernières années, créant ainsi des puits de carbone susceptibles d'absorber une partie des émissions polluantes. Plus de 22% de son territoire est désormais recouvert de forêts, contre 12% en 1978.

Mais des experts soulignent que ces reforestations se font sur la base d'une seule essence, rendant les forêts d'autant plus fragiles en cas de sécheresse ou de parasites.

D'une manière générale, les critiques soulignent que ce pays est encore très loin de ses propres objectifs.

"La Chine est dans un cycle de croissance reposant sur des émissions supplémentaires qui remettent en question les progrès réalisés depuis le début des années 2010", a insisté Li Shuo, conseiller sur le climat pour Greenpeace Chine : "la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique".


Iran et Etats-unis se retrouvent à Oman pour de nouveaux pourparlers sur le nucléaire

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
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  • Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien
  • Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome

MASCATE: Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien, les deux parties ayant fait état de progrès lors des deux premières sessions.

Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome.

Les discussions entre les deux pays ennemis sont les premières à ce niveau depuis le retrait en 2018 des Etats-Unis, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord international conclu trois ans plus tôt qui encadrait le programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, seront à la manoeuvre samedi à Oman, et le ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi, servira de médiateur, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Une session de pourparlers techniques entre experts est prévue avant les négociations à haut niveau.

La réunion du 19 avril avait été qualifiée de "bonne" par les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.

"Pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie", a déclaré vendredi M. Baghaï.

- L'AIEA veut des explications -

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

En 2018, M. Trump avait retiré son pays de l'accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 et rétabli des sanctions. En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l'uranium à un niveau élevé.

M. Araghchi a fait part cette semaine de l'"optimisme prudent" de son pays sur le processus en cours, en disant que "si la seule demande des Etats-Unis est que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, cette demande est réalisable".

Il a cependant prévu des "problèmes" si l'autre partie avait "d'autres exigences".

M. Baghaï a indiqué vendredi sur X que la priorité de son pays était d'obtenir "la levée rapide des sanctions illégales et inhumaines".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, et l'a appelé en mars à négocier un nouvel accord tout en menaçant de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer le guide suprême ou le président iraniens, tout en prévenant que, faute d'accord sur le nucléaire, il serait "le premier" à avoir recours à la force.

Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien. Téhéran a dénoncé une "approche hostile".

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien en vertu de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, dont l'Iran est partie, a demandé à Téhéran d'expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium.

L'organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, montrant un nouveau tunnel situé près d'un tunnel plus ancien, ainsi qu'un nouveau périmètre de sécurité.

Téhéran n'a pas commenté ce rapport dans l'immédiat.

- Droit "non négociable" -

Dans une interview publiée mercredi par le podcast Honestly, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a réitéré la position de son pays contre l'enrichissement de l'uranium par l'Iran, réclamant que la République islamique "importe du matériel enrichi".

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à un niveau élevé (60%), inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l'accord de Vienne.

Selon M. Araghchi, le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium est "non négociable".

Le ministre iranien s'est dit jeudi disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l'accord de Vienne, pour des discussions sur ce dossier.

La semaine dernière, Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l'ONU sur l'Iran.

L'accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre.

L'Iran a prévenu qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché.


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.