Le plus gros pollueur du monde respecte-t-il ses engagements ?

Pour la Chine, «la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique». (Photo AFP)
Pour la Chine, «la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique». (Photo AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

Le plus gros pollueur du monde respecte-t-il ses engagements ?

  • La Chine veut atteindre un pic d'émissions de gaz à effet de serre avant 2030, mais aucun plan n'a été annoncé pour atteindre cet objectif
  • Malgré les moyens déployés et les projets entamés, Pékin reste tentée par le charbon pour alimenter la croissance en temps de crise

PEKIN : Avec la parution du rapport du Groupement intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC) soulignant les conséquences du réchauffement climatique, la Chine, le plus gros pollueur du monde, est face au défi de remplir ses engagements en la matière.

Le président Xi Jinping a assuré que son pays atteindrait un pic d'émissions de gaz à effet de serre avant 2030 puis deviendrait totalement neutre dans ce domaine à l'horizon 2060. Mais, pour l'heure, aucun plan n'a été annoncé pour atteindre cet objectif.

Sous la pression des industriels, la législation visant à durcir les règles concernant les secteurs les plus polluants, tels que l'aciérie, la sidérurgie et les cimenteries, est au point mort, alors que les centrales au charbon se multiplient.

Le président Xi a annoncé vouloir "progressivement réduire" l'usage de cette énergie fossile à partir de 2026 mais, dans les faits, la Chine en reste largement tributaire.

En 2020, elle a ajouté 38,4 GigaWatts (GW) d'énergie issue du charbon, plus de trois fois la capacité supplémentaire installée dans ce domaine cette année-là ailleurs dans le monde, selon les données de l'organisation américaine Global Energy Monitor (GEM), qui étudie l'ensemble des projets énergétiques reposant sur les énergies fossiles.

"Cette nouvelle frénésie de charbon remet en cause les objectifs climatiques tant à court qu'à long terme", a estimé Christine Shearer, la directrice de programme charbon pour GEM.

La semaine dernière, le gouvernement chinois a demandé aux provinces de relâcher leurs efforts visant à réduire les émissions et de s'assurer qu'elles ne remettent pas en cause la croissance économique.

La demande en électricité progressant fortement, des mines de charbon abandonnées ont été rouvertes.

"Ces signaux contradictoires ont perturbé tant les investisseurs que les autorités locales", a affirmé Martin Wang, analyste pour Guotai Junan Securities.

Les inégalités entre pauvres et riches passent aussi par le climat

Les inégalités entre pauvres et riches passent aussi par les prévisions climatiques : au moment où les experts de l'Onu livrent leurs nouvelles projections, difficile pour certaines régions de prévoir le climat à venir, faute de données suffisantes.

Dans son rapport de 40 pages à destination des responsables politiques, le Giec présente trois cartes du monde, avec des hexagones représentant différentes parties de la planète.

Chacun des graphiques illustre les changements observés depuis les années 1950 en terme de canicules, de fortes précipitations et de sécheresses, région par région, avec différents codes couleurs.

Si une forte augmentation des canicules est visible quasiment partout, s'agissant des pluies extrêmes et de la sécheresse, de nombreuses zones restent grisées faute de données ou de certitudes suffisantes de la part des scientifiques.

C'est notamment le cas pour plusieurs régions en Afrique, en Amérique centrale et du Sud concernant les pluies et pour d'autres régions en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Asie, pour les sécheresses.

 

zdz

 

"Nous pouvons uniquement utiliser et évaluer la littérature (scientifique) disponible", rappelle à l'AFP Paola Arias, de l'université colombienne d'Antioquia et une des auteurs du rapport. Le Giec ne mène pas ses propres recherches mais se base sur les études scientifiques existantes.

"L'Amérique du Sud a un rôle très important à jouer dans le climat régional et est une source importante d'humidité pour l'Amérique centrale", explique-t-elle.

Or "nous avons besoin de plus de données d'observation. Nous n'en avons pas assez pour étudier les événements climatiques extrêmes", poursuit la scientifique.

Le manque de données est aussi flagrant concernant le continent africain.

Mohamed Adow, président du think tank sur le climat Power Shift Africa, basé à Nairobi, fait le parallèle entre ce manque de data et un vieil adage: si un arbre tombe dans la forêt mais que personne n'est là pour l'entendre, sa chute fera-t-elle du bruit?

"Les gens en Afrique ont conscience de la chaleur accablante, de la montée des océans et des événéments extrêmes sur le continent. Mais si ces données ne sont pas enregistrées par des scientifiques, cela va rendre beaucoup plus difficile la tâche pour les voix africaines de se faire entendre dans le débat sur la lutte contre le changement climatique", poursuit-il.

Le rapport du Giec insiste sur la responsabilité des "activités humaines" dans le réchauffement climatique de 1,1°C depuis la période pré-industrielle.

Mais ce chiffre global cache une injustice: les pays les plus vulnérables sont les plus pauvres, qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, souligne Mohamed Adow.

Dans le cas de l'Afrique, "c'est aussi là où il y a le moins de recherches scientifiques et ce manque impacte la capacité du continent à s'adapter", regrette-t-il.

"Nous devons résoudre cela rapidement et nous assurer que les chercheurs et les donateurs investissent pour combler ces trous dans la recherche climatique", poursuit-il.

La répartition des auteurs du rapport du Giec est aussi déséquilibrée, aussi bien géographiquement qu'en terme de genre. Sur 116 auteurs crédités, seulement 13 viennent de nations hors G20. 72% du total des auteurs du rapport sont des hommes.

Des efforts ont pourtant été fait. "Ils ont vraiment essayé d'avoir plus de femmes et une représentation régionale plus large", raconte Maisa Rojas Corradi, auteure principale du premier chapitre de ce rapport.

Parmi les obstacles qui persistent, des études ne sont pas rédigées en anglais ou ne sont pas publiées dans des revues scientifiques traditionnelles, explique-t-elle.

Une meilleure représentation au sein des auteurs du Giec n'est pas qu'une question d'équité. Elle permettrait également d'avoir des résultats scientifiques de meilleure qualité, avec plus de d'informations et de perspectives régionales, souligne-t-elle.

"Vous ne pouvez pas surveiller ce que vous n'observez pas", conclut la scientifique.

Ce retour en force du charbon semble aller à l'encontre des incitations que doit créer le nouveau marché du carbone, lancé en Chine le mois dernier, dont l'objectif était précisément de pousser les compagnies du secteur énergétique à réduire leurs émissions polluantes.

Le prix de la tonne de carbone se situe désormais autour de 50 yuans (6,56 euros), un niveau trop faible pour accélérer le recours aux énergies plus propres

Afin que la Chine puisse respecter ses objectifs, 90% de sa production énergétique doit provenir du nucléaire et des énergies renouvelables d'ici à 2050, selon des chercheurs de l'Université de Tsinghua, à Pékin, contre tout juste 15% aujourd'hui.

Ce pays dispose de plus du tiers du parc éolien et solaire mondial et produire de l'énergie renouvelable coûte désormais moins cher que via le charbon.

"Mais les fournisseurs d'énergie restent hésitants face à l'idée d'augmenter la part de l'énergie verte achetée du fait de la pression importante du lobby du charbon", a expliqué Han Chen, chercheur en politique énergétique pour le Conseil national de défense des ressources, un groupe de pression ayant son siège aux Etats-Unis.

"C'est la raison pour laquelle les énergies renouvelables ne constituent que 15% du mix énergétique de la Chine malgré les investissements réalisés", a-t-il ajouté.

Le gouvernement s'est engagé à investir dans les réseaux intelligents et le stockage d'énergie dans les cinq prochaines années et à autoriser l'installation de centrales solaires et éoliennes dans les régions reculées de l'ouest afin d'alimenter les usines situées sur la côte est.

Le Giec, l'autorité scientifique de référence sur le changement climatique

PARIS : Depuis plus de 30 ans, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) analyse le changement climatique, ses conséquences et les stratégies d'adaptation possibles à travers le monde via des rapports d'évaluation mis à jour régulièrement.

Le Giec, créé en 1988, a déjà dressé cinq rapports d'évaluation dont le dernier a été finalisé en 2013-2014. Il entame à présent la publication de son sixième rapport qui se décompose en trois volets: le premier, sur les éléments scientifiques les plus récents concernant le changement climatique, est publié lundi.

Le deuxième volet, dont une version préliminaire a été dévoilée en exclusivité par l'AFP en juin, concerne les conséquences du réchauffement climatique et les mesures d'adaptation. Il doit être publié officiellement en février 2022 et la troisième partie, consacrée aux mesures d'atténuation, le mois suivant. Un rapport de synthèse reprendra l'ensemble des éléments en septembre 2022.

Le but du Giec est de fournir aux gouvernements les éléments scientifiques utiles pour "élaborer des politiques dans le domaine du climat", ainsi que des bases pour les négociations lors des conférences pour le climat.

Le Giec synthétise les travaux existants et ne diligente pas d'études. Il ne fait pas non plus de préconisations mais expose les options possibles aux décideurs politiques.

Chaque volet de ces rapports d'évaluation est composé de centaines, voire de milliers de pages, et fait l'objet de plusieurs versions soumises aux commentaires des chercheurs et des gouvernements jusqu'à aboutir à la version définitive.

Il s'accompagne d'un "résumé à l'attention des décideurs" de quelques dizaines de pages. Ce texte est approuvé ligne par ligne, par consensus, par des délégations des 195 pays membres. Cette ultime validation, plus politique, touche à la forme mais ne revient pas sur le fond, explique le Giec.

Durant son sixième cycle d'évaluation, le Giec a également produit trois rapports spéciaux, sur un réchauffement planétaire de +1,5°C, les terres émergées, et l'océan et la cryosphère.

Créé par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), son fonctionnement repose sur les contributions bénévoles de milliers de spécialistes des sciences de l'atmosphère, d'océanographes, de glaciologues, d'économistes, etc.

En 2007, le Giec avait reçu, avec l'ex-président américain Al Gore, le prix Nobel de la Paix pour son travail de diffusion des connaissances sur le réchauffement et les mesures nécessaires pour le limiter.

Les investissements dans le nucléaire sont également en forte hausse : sur les 15 prochaines années, la Chine veut installer au moins 200 GW de production nucléaire, soit plus que la capacité existante en France et aux Etats-Unis, les deux pays les plus nucléarisés au monde.

Un quart des émissions chinoises de gaz à effet de serre provient des transports et les autorités ont déversé des milliards de yuans pour faire la promotion de solutions alternatives plus propres.

Désormais, 5% des voitures vendues en Chine sont électriques ou hybrides et la plupart des villes comptent des milliers de bornes de recharge.

Les transports publics sont aussi largement passés à l'électrique et des routes électrifiées, destinées aux véhicules intelligents, sont construites.

Mais le gouvernement a aussi réduit en 2020 son soutien aux constructeurs de voitures électriques, après que plusieurs cas de fraudes aux subventions ont défrayé la chronique.

Plus de 40 milliards d'arbres ont été plantés en Chine ces 30 dernières années, créant ainsi des puits de carbone susceptibles d'absorber une partie des émissions polluantes. Plus de 22% de son territoire est désormais recouvert de forêts, contre 12% en 1978.

Mais des experts soulignent que ces reforestations se font sur la base d'une seule essence, rendant les forêts d'autant plus fragiles en cas de sécheresse ou de parasites.

D'une manière générale, les critiques soulignent que ce pays est encore très loin de ses propres objectifs.

"La Chine est dans un cycle de croissance reposant sur des émissions supplémentaires qui remettent en question les progrès réalisés depuis le début des années 2010", a insisté Li Shuo, conseiller sur le climat pour Greenpeace Chine : "la solution passe par la fin de l'addiction du pays aux énergies fossiles mais agir de la sorte est toujours perçu comme un suicide économique".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.