ALGER: Au moins 65 personnes parmi lesquelles 28 militaires ont perdu la vie dans les incendies qui ravagent depuis lundi soir le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, selon un nouveau bilan fourni mercredi par la télévision nationale algérienne.
"Le bilan des incendies de forêts est passé à 65 morts (28 militaires et 37 civils), pour la plupart dans la wilaya de Tizi Ouzou", a rapporté la télévision, ajoutant que 12 militaires étaient par ailleurs "hospitalisés dans un état critique".
Ces incendies, pour lesquels les autorités ont évoqué des pistes "criminelles", touchent plusieurs régions de Kabylie, notamment Tizi Ouzou. Des images impressionnantes, accompagnées d'appels à l'aide, circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages assiégés.
Le président Abdelmadjid Tebboune a lui déploré sur Twitter la mort de 25 militaires qui tentaient d'éteindre les incendies, présentant ses condoléances aux familles des victimes.
"C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la mort en martyrs de 25 militaires après qu'ils aient réussi à secourir plus d'une centaine de citoyens des flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou", a écrit le président.
De son côté, le Premier ministre a affirmé à la télévision qu'Alger est "à un stade avancé de discussions avec des partenaires européens pour louer des avions anti-incendie", sans citer les pays contactés.
Le ministère de la Défense nationale a précisé que 14 autres militaires souffraient de brûlures à différents degrés.
Leur intervention a "permis de sauver des flammes 110 citoyens: hommes, femmes et enfants", ajoute le ministère dans un communiqué.
Des images impressionnantes des incendies circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages encerclés par la fumée tandis que les collines alentours rougeoient.
Près de Tizi Ouzou, un homme blessé, couvert de bandages, marche dans une rue le crâne couvert de cendres, d'autres sont portés sur des brancards, a constaté un photographe de l'AFP.
Des appels circulent sur les réseaux sociaux comme Instagram pour fournir des bandages, du tulle gras ou encore de la crème pour les brûlures à des hôpitaux ou centres de crise à court de matériel.
Des vents propagent les feux et compliquent la tâche des secouristes, a précisé Youcef Ould Mohamed, le conservateur local des forêts, cité par l'APS.
Paysages de désolation en Kabylie
TIZI OUZOU: En haute Kabylie, dans la région de Tizi Ouzou, des dizaines de villages sont encerclés par les feux. De nombreux habitants ont quitté précipitamment leurs habitations pour se réfugier dans des villages moins affectés.
Partout, dominent des paysages de désolation.
« Origine criminelle »
Une cinquantaine d'incendies "d'origine criminelle" et attisés par un épisode de canicule ont débuté lundi soir dans le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, selon le ministre de l'Intérieur Kamel Beldjoud, qui s'est rendu accompagné d'une délégation ministérielle à Tizi Ouzou, l'une des villes les plus peuplées de la région.
"Cinquante départs de feu en même temps, c'est impossible. Ces incendies sont d'origine criminelle ", a affirmé M. Beldjoud.
Selon le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, plus de 70 incendies ont éclaté dans 18 wilayas (préfectures) du nord du pays. La protection civile a elle fait état d'une centaine de feux dans 16 wilayas.
Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Bejaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Medea, Tébessa, Blida et Skikda sont touchées, a indiqué sur Twitter la direction générale de la protection civile.
La radio publique algérienne a annoncé l'arrestation de trois "pyromanes" à Médéa (nord) où un incendie s'est aussi déclaré. Un quatrième a été arrêté à Annaba, selon l'APS.
L'Algérie connait un été caniculaire marqué par une raréfaction de l'eau dans le pays. Les services météorologiques prévoient mardi des températures allant jusqu'à 46 degrés.
Lors d'un Conseil des ministres tenu le 25 juillet, le président Abdelamdjid Tebboune a ordonné l'élaboration d'un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d'incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l'incendie a causé la mort d'individus.
Début juillet, trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans des incendies ayant ravagé 1.500 hectares de forêts dans le massif des Aurès (nord-est de l'Algérie) avaient été arrêtées.
La catastrophe n'a pas empêché la JSK (Jeunesse Sportive de Kabylie), le club de football phare de la région, de jouer et remporter la Coupe d'Algérie mercredi soir à Alger, en présence de hauts responsables, suscitant certaines réactions outrées sur les réseaux sociaux.
Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie ne compte que 4,1 millions d'hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.
Chaque année, le pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d'incendies criminels.
Les incendies qui se multiplient à travers le globe sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.
L'augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit est une combinaison idéale pour le développement des feux.
La chaleur extrême doit se poursuivre jusqu'en fin de semaine au Maghreb, jusqu'au 15 août selon les services météorologiques algériens, avec des températures atteignant 46 degrés.
En Tunisie voisine, la capitale Tunis a battu mardi son record absolu, avec 49 degrés. Une quinzaine de départs de feu ont été enregistrés dans le nord et le nord-ouest, sans heureusement faire de victime, selon Moez Triaa, porte-parole de la protection civile.
Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie ont été les plus touchés ces deux dernières semaines, avec une série d'incendies violents qui ont fait huit morts sur les côtes turques et trois morts en Grèce.
(Avec AFP)