Le sport arabe au microscope: pourquoi si peu de médailles olympiques?

Le médaillé d’argent saoudien Tarek Hamedi affronte le Canadien Daniel Gaysinsky, dans l'épreuve éliminatoire de kumite +75 kg hommes de la compétition de karaté, lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, au Nippon Budokan, au Japon, le 7 août 2021. (Photo, AFP)
Le médaillé d’argent saoudien Tarek Hamedi affronte le Canadien Daniel Gaysinsky, dans l'épreuve éliminatoire de kumite +75 kg hommes de la compétition de karaté, lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, au Nippon Budokan, au Japon, le 7 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

Le sport arabe au microscope: pourquoi si peu de médailles olympiques?

  • Aux Jeux de Tokyo 2020, 14 marches des podiums olympiques ont été occupées par des sportifs arabes (13 pour le Moyen-Orient et une pour le Maroc)
  • Faut-il mener des analyses comparatives pour favoriser des sports à plus faible niveau de représentation? Ou proposer au reste du monde des sports vernaculaires du Moyen-Orient et du Maghreb?

Tokyo 2020 est terminé, et toutes les têtes réfléchissent maintenant aux enseignements à tirer de ces Jeux contrariés par la Covid-19.  Certains se congratulent, comme le président du Comité International olympique (CIO), Thomas Bach, pour qui Tokyo 2020 fut un «grand succès», avec des athlètes qui ont littéralement donné «une âme» aux Jeux. Ou comme Brian McCloskey, le responsable du groupe indépendant d’experts santé missionnés par le CIO, qui considère que «Tokyo 2020 a prouvé que la pandémie n’empêchait pas l’organisation d’événements de masse sûrs et sécurisés».

D’autres acteurs oscillent entre un optimisme relatif et une critique exagérée: certains Japonais estiment avoir fait les frais de ces Jeux, et des athlètes (notamment Athleten Deutschland, l’équipe allemande) ont considéré que les restrictions de circulation et de célébration avaient transformé ces Jeux en «prison». Pour les équipes nationales et les ministères des Sports, c’est l’heure des comptes, et tous ont les yeux fixés sur le tableau des médailles. Les grands acteurs du Moyen-Orient ne sont pas en reste. Si plusieurs d’entre eux sont particulièrement impliqués dans le financement du sport – comme propriétaires ou comme sponsors – certains se demandent si le monde arabe est justement représenté sur les podiums. Une question complexe car elle recouvre différentes réalités et dynamiques.

Tout d’abord, force est de constater que s’il y a eu longtemps une réelle sous-représentation, cette période est maintenant en passe de se terminer. Le monde arabe progresse plus vite que d’autres régions (le sous-continent indien, par exemple), et ces Jeux à Tokyo ont confirmé la présence de plus en plus régulière de représentants arabes sur les marches des podiums.

Depuis 1984 et la médaille d’or remarquée de la Marocaine Nawal el Moutawakel, la percée des athlètes du Maghreb et du Moyen Orient est réelle: ce sont plus de 15 athlètes, hommes et femmes, qui ont remporté 16 médailles olympiques à Rio 2016, en progression depuis les 12 de Londres 2012.

Pour Tokyo 2020, ce sont 14 marches des podiums olympiques qui ont été occupées par des  sportifs arabes (13 pour le Moyen-Orient et une pour le Maroc). On peut regretter que le Saoudien Tareg Ali Hamedi ait manqué la médaille d’or, et qu’il doive se contenter de celle d’argent, disqualifié pour avoir assommé son adversaire en finale de karaté (+75kg), mais il faut signaler les belles performances des Qataris (2 médailles d’or et  une de bronze) et des  Égyptiens (une médaille d’or, une en argent et quatre en bronze).

Les dirigeants du monde sportif du Machreq et du Maghreb attendent maintenant avec une impatience légitime les jeux Paralympiques, car depuis 1972, les performances de leurs athlètes sont remarquées. Plusieurs pays arabes, comme l'Irak, l'Égypte et l'Algérie, ont  en effet remporté plus de médailles paralympiques qu’olympiques, et détiennent de beaux records du monde. La dynamique de fond est donc réellement présente.

Derrière ces considérations olympiques ou paralympiques, on a longtemps expliqué le prétendu «retard sportif arabe» par le fait que le développement du sport ait eu lieu d’abord dans d’autres régions, dans des conditions différentes, culturelles et économiques, géographiques et climatiques. La prédominance occidentale aurait clairement favorisé le développement des sports «occidentaux», au détriment de ceux d’autres zones géographiques et culturelles (les arts martiaux en Asie, la lutte en Iran, la participation des femmes…).

Le sport se «globalise», les contraintes culturelles qui pesaient sur la participation féminine aux compétitions internationales ont été assouplies. Avec des effets rapides: en Arabie saoudite, par exemple, depuis la médaille de bronze de Dalma Rushdi Malhas aux jeux de la Jeunesse de Singapour en 2010 (hippisme), les athlètes saoudiennes progressent chaque année en qualité et en quantité. S’il fallait compter une à deux générations pour développer un écosystème de sport de haut niveau, les dynamiques changent aujourd’hui plus rapidement.  La popularité du sport, sa réalité financière, les politiques gouvernementales sont aujourd’hui les clés du développement des compétences et performances sportives, car elles soutiennent la disponibilité des équipements, la mobilité des meilleurs des entraîneurs et surtout les changements culturels.

Pour les dirigeants arabes, la question essentielle concerne maintenant les types de sport et de compétition dans lesquels leurs pays doivent s’engager.  Les Émirats arabes unis ont  organisé des Special Olympics, et même des compétitions Ultimate Fight Championship («Fight Island»), mais dans quelle mesure cela a-t-il soutenu le développement de compétences locales?

Faut-il privilégier des sports plus renommés (Formule 1, football, basketball, tennis, certaines disciplines d’athlétisme…), et être en compétition avec des nations historiquement fortes? Il y a alors un fort intérêt lié à la visibilité de ces sports et à leur médiatisation, mais cette stratégie coûte cher en termes de temps et d’investissements. Faut-il mener des analyses comparatives pour se positionner a contrario dans des sports à plus faible niveau de représentation (haltérophilie, tir…)? Proposer au reste du monde des sports vernaculaires du Moyen-Orient et du Maghreb (fauconnerie, courses de chameau ou lutte à huile)?

Ou alors suivre les initiatives de la Fédération de Russie, la Chine, la Suisse… et radicalement s’engager dans de nouveaux espaces de compétitions (e-sports, drones…), tout en inventant de nouveaux sports (cyborgs)... Une chose est sûre, les experts prédisent un ralentissement de la croissance du sport partout dans le monde (croissance passant de 8 à 3%), mais au Moyen-Orient, le secteur reste dynamique (croissance progressant de 8,6% à 8,7%), et continuera d’attirer acteurs et investisseurs… favorisant ainsi le développement du cercle vertueux de cet écosystème sportif.

  

Philippe Blanchard a été Directeur au Comité international olympique, puis en charge du dossier technique de Dubai Expo 2020. Passionné par les mégaévénements, les enjeux de société et la technologie, il dirige maintenant Futurous, les Jeux de l’innovation, des sports et esports du Futur.

 

 


Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale rencontre plusieurs ministres français.

Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Gérald Darmanin, ministre français de la Justice et garde des Sceaux (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Gérald Darmanin, ministre français de la Justice et garde des Sceaux (Photo Fournie)
Déjeuner-banquet au siège du ministère de la Justice à Paris en l'honneur du Secrétaire Général de la Ligue, Cheikh Dr. Mohammad Al-Issa. (Photo Fournie)
Déjeuner-banquet au siège du ministère de la Justice à Paris en l'honneur du Secrétaire Général de la Ligue, Cheikh Dr. Mohammad Al-Issa. (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et Mme Aurore Bergé, ministre de l’Égalité et de la Lutte contre les Discriminations (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et Mme Aurore Bergé, ministre de l’Égalité et de la Lutte contre les Discriminations (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans et M. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. (Photo Fournie)
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  • Cette visite s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du Dr Al-Issa en République française.
  • En réponse à l’invitation des groupes de réflexion et d’études, le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale a rencontré plusieurs ministres français.

PARIS :  Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans, Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, a reçu M. Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur, à son domicile parisien.

Cette visite s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du Dr Al-Issa en République française. Il a été invité par les groupes de réflexion et d'études les plus importants. Ceux-ci se distinguent par leur large diffusion et leur influence mondiale.

Ensemble, ils ont abordé un certain nombre de nouvelles questions contemporaines liées au message et à la mission de la Ligue. Ils ont également engagé un dialogue sur des thèmes intellectuels et religieux essentiels.

Dans le même contexte, le ministre français de la Justice et garde des Sceaux, M. Gérald Darmanin, a organisé un déjeuner-banquet au siège du ministère de la Justice à Paris en l'honneur du Secrétaire Général de la Ligue, Cheikh Dr. Mohammad Al-Issa.

À cette occasion, un certain nombre de sujets liés aux contextes intellectuels et religieux influant sur la scène française et les pays francophones ont été discutés, qui constituent les dossiers les plus importants sur lesquels le ministre français travaille dans le cadre de ses activités intellectuelles et de ses fonctions officielles.

La ministre de l’Égalité et de la Lutte contre les Discriminations, Mme Aurore Bergé, a également été reçue à son domicile parisien.

Puis, au siège du ministère français des Affaires étrangères, M. Al-Issa a rencontré M. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères.

Au cours de ces réunions, plusieurs sujets d’intérêt commun ont été longuement examinés. 


Israël refuse l'entrée à Jérusalem aux chrétiens palestiniens qui célèbrent le dimanche des Rameaux

Une pèlerine chrétienne entre dans l'église du Saint Sépulcre le dimanche des Rameaux à Jérusalem, le 13 avril 2025. (AFP)
Une pèlerine chrétienne entre dans l'église du Saint Sépulcre le dimanche des Rameaux à Jérusalem, le 13 avril 2025. (AFP)
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  • Les restrictions israéliennes aux points de contrôle autour de Jérusalem obligent les Palestiniens à parcourir de longues distances pour se rendre sur leur lieu de travail. 
  • Les Palestiniens doivent obtenir des permis de sécurité pour accéder aux sites religieux. Seuls 6 000 permis ont été délivrés aux 50 000 chrétiens de Cisjordanie cette année.

LONDRES : Les autorités israéliennes ont empêché les fidèles chrétiens palestiniens de la Cisjordanie occupée d'entrer à Jérusalem pour participer à la fête des Rameaux.

Selon l'agence de presse Wafa, les autorités israéliennes ont imposé des restrictions strictes à Jérusalem ce week-end, limitant l'accès des chrétiens palestiniens à la ville.

Seul un nombre limité de fidèles, principalement des résidents de Jérusalem et des citoyens palestiniens d'Israël, ont pu assister aux services religieux à l'église du Saint-Sépulcre, a ajouté l'agence de presse. 

Le dimanche des Rameaux marque le début de la semaine sainte qui précède Pâques. Il commémore l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem et est célébré par les églises chrétiennes orientales et occidentales.

Dimanche, le patriarche Theophilos III de l'Église orthodoxe grecque et le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin, ont dirigé des liturgies auxquelles ont assisté le clergé et un petit groupe de fidèles.

Les restrictions israéliennes aux points de contrôle autour de Jérusalem obligent les Palestiniens - musulmans et chrétiens - à obtenir des permis pour accéder aux sites religieux, notamment la mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre. 

Le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre Sainte, a noté que seuls 6 000 permis avaient été délivrés cette année aux 50 000 chrétiens de Cisjordanie. La délivrance de ces permis requiert une habilitation de sécurité et exige souvent que les demandeurs téléchargent une application mobile gérée par les autorités israéliennes.

« C'est la deuxième année consécutive que peu de pèlerins peuvent participer aux célébrations de la Semaine sainte et de Pâques à Jérusalem en raison du conflit en cours à Gaza », a déclaré M. Faltas à Wafa.

« Les Églises continueront à prier pour que la paix, la justice et la liberté soient accordées à tous les peuples de Terre Sainte », a-t-il ajouté. 

La procession catholique du dimanche des Rameaux a eu lieu dimanche après-midi, avec un départ de l'église de Bethphagé à Jérusalem et une arrivée à l'église Sainte-Anne.

Les chrétiens se sont rassemblés pour les offices dans les églises catholique de la Sainte Famille et orthodoxe grecque de Saint Porphyre dans la bande de Gaza, alors que les attaques israéliennes se poursuivent depuis la fin de l'année 2023.

En Cisjordanie, les offices ont eu lieu dans les églises de Bethléem, Jéricho, Ramallah, Naplouse et Jénine. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Selon le Croissant-Rouge, Israël détient l'ambulancier manquant

Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le Croissant-Rouge indique avoir été informé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu'Asaad Al-Nsasrah est « détenu par les autorités israéliennes ».
  • Les corps des victimes avaient été retrouvés enterrés dans le sable plusieurs jours plus tard. La fusillade avait fait un survivant, Munzer Abed, mais on était sans nouvelles d'Asaad Al-Nsasrah.

RAMLLAH, TERRITOIRES PALESTINIENS : L'ambulancier dont on ignorait le sort après des tirs israéliens ayant visé des secouristes palestiniens le 23 mars dans la bande de Gaza est détenu par les autorités israéliennes, a annoncé dimanche le Croissant-Rouge palestinien.

Dans un communiqué, le Croissant-Rouge indique avoir été informé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu'Asaad Al-Nsasrah est « détenu par les autorités israéliennes ».

Le 23 mars, près de Rafah, dans le sud du territoire palestinien, des soldats israéliens avaient ouvert le feu sur des équipes de la Défense civile et du Croissant-Rouge, faisant 15 morts dans leurs rangs. 

Les corps des victimes avaient été retrouvés enterrés dans le sable plusieurs jours plus tard. La fusillade avait fait un survivant, Munzer Abed, mais on était sans nouvelles d'Asaad Al-Nsasrah.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a renvoyé à une annonce antérieure selon laquelle une enquête détaillée avait été ordonnée.

Immédiatement après les faits, l'armée israélienne a d'abord affirmé que ses soldats avaient reçu des informations signalant qu'un convoi « se déplaçait dans l'obscurité d'une manière suspecte vers eux », feux éteints, ce qui les a incités à ouvrir le feu de loin. 

Un responsable militaire puis un porte-parole du gouvernement ont évoqué la présence de « terroristes » du mouvement islamiste palestinien Hamas à bord des ambulances.

Une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'une des victimes et diffusée par le Croissant-Rouge contredit toutefois la version israélienne : on y voit des ambulances circulant phares et gyrophares allumés.

La semaine dernière, le Croissant-Rouge avait estimé que les tirs avaient été intentionnels.

La fusillade semble s'être produite en deux temps : une première équipe de secouristes dépêchée sur les lieux d'une frappe israélienne a été prise pour cible, puis des ambulances et un véhicule de pompiers venus à la rescousse ont également été la cible de tirs.

Cette attaque a fait l'objet de nombreuses condamnations et a mis en lumière les dangers planant sur le personnel médical et paramédical à Gaza.