BRUXELLES : L'Iran est prêt à poursuivre les négociations sur l'accord nucléaire et les discussions pourraient reprendre à Vienne au début du mois de septembre, a confié samedi un haut fonctionnaire de l'UE.
Le négociateur de l'Union européenne chargé du dossier nucléaire iranien, l'Espagnol Enrique Mora, a assisté jeudi à Téhéran à l'investiture du nouveau président iranien, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi. "Enrique Mora s'est rendu à Téhéran en sa qualité de représentant de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne et coordinateur du comité conjoint du JCPOA, l'accord conclu en 2015 avec Téhéran sur ses activités nucléaires", a indiqué le haut fonctionnaire.
"Il a demandé à parler du JCPOA et son interlocuteur désigné a été Hossein Amir Abdollahian", qui pourrait devenir le nouveau chef de la diplomatie iranienne, a-t-il raconté. "Ses entretiens ont été très utiles, car il lui ont permis de faire passer des messages, notamment la préoccupation suscitée par les activités nucléaires iraniennes au cours des dernières semaines".
"Les Iraniens lui ont fait part de leur volonté de reprendre les discussions à Vienne le plus tôt possible et sur la base du texte qui était sur la table lors de leur suspension le 30 juin", a précisé le haut fonctionnaire européen. "Les Iraniens lui ont dit être prêts à retourner à Vienne, mais ils ne veulent pas discuter pour discuter. Ils veulent un accord, ils veulent un succès".
M. Mora a informé les Etats-Unis de la teneur de ses entretiens juste après son départ de Téhéran. "Les Iraniens doivent d'abord former un gouvernement, nommer un nouveau ministre des Affaires étrangères et ensuite désigner l'équipe de négociateurs pour Vienne", a expliqué le haut fonctionnaire. "Les négociations pourraient reprendre début septembre", a-t-il estimé.
"Les Iraniens n'ont mentionné aucun changement dans leur position. Leurs préoccupations restent celles qui étaient soulevées par leurs négociateurs. Il faudra voir", a-t-il encore dit. "L'UE souhaite le gel des activités nucléaires menées par l'Iran, mais ce point n'a pas été évoqué, car M. Mora exposait aussi la position des autres parties aux négociations et ce point n'était pas dans ses éléments de langage", selon la même source.
Le déplacement de M. Mora a Téhéran a été très critiqué après l'attaque, imputée à l'Iran, d'un pétrolier géré par un milliardaire israélien en mer d'Oman. "L'UE a condamné cette attaque et une déclaration de Josep Borrell au nom des 27 membres de l'UE est en discussion", a précisé le haut fonctionnaire.
"La priorité est la fin des activités nucléaires iraniennes. Une fois ce problème réglé, les autres problèmes posés par l'Iran seront traités", a-t-il ajouté. Le nouveau président iranien a affirmé être ouvert à "tout plan diplomatique" pour une levée des sanctions minant l'économie de son pays, mais il a prévenu que l'Iran ne cèderait pas devant la "pression et les sanctions".
Le président américain Joe Biden s'est dit prêt à revenir dans l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, dont son prédécesseur Donald Trump (2017-2021) avait retiré les Etats-Unis, à condition que l'Iran respecte à nouveau les restrictions à son programme nucléaire.
Pour sauver ce texte, Washington devra de son côté lever les sanctions contre l'Iran, suspendues en 2015 mais rétablies sous l'ère Trump.