Algérie: la déferlante antirégime du « Hirak » peut-elle reprendre ?

Une manifestation à Paris le 5 juillet 2020 pour soutenir le mouvement de protestation principal du Hirak en Algérie. (François GUILLOT / AFP)
Une manifestation à Paris le 5 juillet 2020 pour soutenir le mouvement de protestation principal du Hirak en Algérie. (François GUILLOT / AFP)
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Publié le Dimanche 06 septembre 2020

Algérie: la déferlante antirégime du « Hirak » peut-elle reprendre ?

  • Le « Hirak » est « un phénomène populaire qui traverse la planète, provoqué par une accumulation de frustrations et d’atteintes aux libertés par des systèmes politiques qui refusent le changement »
  • Ce pouvoir, longtemps incarné par un Front de libération national (FLN) aujourd'hui largement discrédité, est à bout de souffle, note Mme Driss Aït Hamadouche

ALGER : Après plus d'un an de marches hebdomadaires, stoppées net par le coronavirus, le « Hirak », soulèvement populaire inédit et pacifique en Algérie, est à la croisée des chemins à deux mois d’un référendum sur une réforme constitutionnelle censée répondre à ses aspirations.

Oran, Alger, Tlemcen, Ouargla, Béjaïa ou Biskra. Ces dernières semaines, des tentatives de mobilisation se sont multipliées à travers l'Algérie: le mouvement de protestation antirégime peut-il redémarrer ou est-il condamné à péricliter ?  

« Bien que les deux hypothèses soient possibles, la plus probable est la reprise des manifestations », prédit la politologue Louisa Driss Aït Hamadouche.

Non seulement les causes multiples du soulèvement n’ont pas disparu, argue-t-elle, mais « la volonté de changer le mode de gouvernance est toujours présente ».  

Elle s’est même renforcée, selon elle, du fait de la répression (du mouvement) et de la dégradation de la situation sanitaire, économique et sociale.

« En restant pacifiques et civiques, les Algériens ont fait preuve d'une maturité surprenante. Cet esprit de contestation citoyenne fait qu'avec ou sans manifestations populaires, le +Hirak+ est là pour rester », estime la politologue.

Survie du système

Son collègue Mahrez Bouich ne doute pas du retour du « Hirak » et de sa poursuite « jusqu'à l'aboutissement des revendications du peuple ».

Le « Hirak » n’est « pas un mouvement social organisé en fonction d’une stratégie arrêtée mais un phénomène populaire qui traverse la planète, provoqué par une accumulation de frustrations et d’atteintes aux libertés par des systèmes politiques qui refusent le changement », souligne Mansour Kedidir, chercheur en sciences politiques.

Cependant, ce mouvement multiforme, sans leadership désigné, est en proie à ses propres divisions, entre progressistes et conservateurs, entre laïcs et islamistes, susceptibles de l'affaiblir face au régime.

« Vingt ans de pouvoir Bouteflika ont dévitalisé la société au point qu'actuellement aucun parti ne peut prétendre constituer une force alternative », note M. Kedidir.

Par ailleurs, la suspension des marches durant près de six mois, en raison de la pandémie, ne facilite pas la reprise du mouvement.

Le « Hirak », rappelle en outre Mme Driss Aït Hamadouche, « a subi une politique répressive qui l'a mis dans une posture défensive », même s'il a inventé d’autres formes d'expression comme des réseaux de solidarité durant la crise sanitaire ou des cercles de débats sur les plateformes numériques.

Face à une contestation immobilisée, qui a échoué à changer le système politique en place depuis 1962, le pouvoir applique sa « feuille de route » mise en place après l'élection présidentielle de décembre 2019, marquée par un taux d'abstention record (60%).

Le président Abdelmadjid Tebboune a promis une réforme de la Constitution, censée rompre avec l'ère Bouteflika, synonyme d'autoritarisme, de corruption et de népotisme, et une « Nouvelle République ».

Mais cette révision constitutionnelle, qui doit faire l'objet d'un référendum le 1er novembre, a d'ores et déjà été critiquée par des partis et associations liés au « Hirak », des juristes et les défenseurs des droits humains qui dénoncent « un replâtrage » sans véritable remise en cause du régime présidentiel.

Un projet qui vise en fait à permettre au système en place de « se reproduire », explique le spécialiste de philosophie politique Mahrez Bouich.

« Masse précarisée »

Ce pouvoir, longtemps incarné par un Front de libération national (FLN) aujourd'hui largement discrédité, est à bout de souffle, note Mme Driss Aït Hamadouche. Il n’a pas su renouveler ni sa base sociale ni sa légitimité. D'où, dit-elle, son recours incantatoire à l’imaginaire de la guerre d'indépendance (1954-1962), en contradiction avec la "Nouvelle Algérie" vantée dans les discours officiels.

De fait, la réforme constitutionnelle ne semble guère passionner jusqu'à présent des Algériens confrontés à une grave crise socio-économique.

Nombre de travailleurs ont perdu leur emploi ou sont restés de longs mois en chômage technique en raison de la pandémie.

Cet appauvrissement a notamment coïncidé avec la recrudescence des départs clandestins vers l’Europe. 

M. Kedidir note à ce propos l'émergence de « forces alternatives invisibles », comme des groupes de jeunes dans le Sud qui s'insurgent contre leurs conditions de vie. Ces forces « vont surgir lorsqu’un souffle de vent enflammera la masse précarisée comme du bois sec », avertit-il.


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
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  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée annonce avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza

Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
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  • L'armée israélienne a récupéré «les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari
  • Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

L'armée a récupéré "les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant qu'ils avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova et "leur corps emmenés" à Gaza.

Selon l'amiral Hagari, les corps des otages ont été récupérés "durant une opération conjointe entre l'armée et l'agence de renseignements" sur la base de renseignements obtenus notamment "lors d'interrogatoire de terroristes arrêtés dans la bande de Gaza" et ont été identifiés à l'institut national de Médecine légale israélien.

Germano-Israélienne de 22 ans, Shani Louk était apparue dans une vidéo sur les réseaux sociaux, allongée sur le ventre, apparemment inconsciente et à moitié dénudée, à l'arrière d'un pick-up dans la bande de Gaza.

Amit Buskila était âgée de 27 ans et Itzhak Gelerenter de 56 ans lors de l'attaque.

"Le retour de leurs corps est un rappel douloureux et brutal que nous devons rapidement ramener tous nos frères et soeurs de leur cruelle captivité", les vivants et les morts, a réagi le Forum des familles d'otages, principale association de proches.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'attaque surprise menée depuis la bande de Gaza par des commandos du Hamas dans le sud israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 360 personnes ont été tuées sur le seul site du festival de musique Nova, organisé dans le sud d'Israël, tout près de la frontière avec la bande de Gaza.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances aux familles. "Cette perte terrible brise le coeur", nous "pleurons avec les familles", a assuré M. Netanyahu, promettant de ramener "tous les otages, les vivants et les morts".

 

 


Tunisie: l'ONU dénonce «l'intimidation et le harcèlement» des avocats

Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
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  • «L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées», exige le Haut-Commissariat
  • Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était «très préoccupé par le fait que des migrants sont de plus en plus souvent pris pour cible»

GENEVE: Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé vendredi "l'intimidation et le harcèlement" dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires.

Les perquisitions contre l'Ordre des avocats dans ce pays "portent atteinte à l'Etat de droit et violent les normes internationales relatives à la protection de l'indépendance et de la fonction des avocats. De tels actes constituent des formes d'intimidation et de harcèlement", a dénoncé Ravina Shamdasani, la porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, lors d'un point de presse.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, "exhorte les autorités à respecter et à sauvegarder les libertés d'expression, d'association et de rassemblement pacifique, qui sont garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Tunisie est partie", a souligné Mme Shamdasani.

"L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées", exige encore le Haut-Commissariat, ajoutant que "les droits humains de tous les migrants doivent être protégés et les discours de haine xénophobe doivent cesser".

Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était "très préoccupé par le fait que des migrants, pour la plupart originaires du sud du Sahara, ainsi que les personnes et les organisations qui leur viennent en aide, en Tunisie, sont de plus en plus souvent pris pour cible".

Et elle a dénoncé "une augmentation de l'utilisation d'une rhétorique déshumanisante et raciste à l'encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs".

Le président tunisien Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis juillet 2021, s'est insurgé jeudi contre les critiques occidentales, défendant la légalité de ces mesures.