«Terrible preuve»: un documentaire explore les responsabilités humaines derrière les feux en Californie

Une voiture brûlée pendant le Dixie Fire près d'Indian Falls le 25 juillet 2021. AFP/Archives
Une voiture brûlée pendant le Dixie Fire près d'Indian Falls le 25 juillet 2021. AFP/Archives
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Publié le Mardi 03 août 2021

«Terrible preuve»: un documentaire explore les responsabilités humaines derrière les feux en Californie

  • Lucy Walker, réalisatrice nommée aux Oscars, avait à peine commencé son documentaire sur le plus grand feu de forêt californien de l'histoire, quand l'incendie a été détrôné par un brasier encore plus gigantesque
  • Aujourd'hui, le terrible Thomas Fire de 2017 n'est plus que le septième en termes de superficie dévastée et devrait bientôt être dépassé par le Dixie Fire, qui fait rage dans les forêts du nord de la Californie

 

LOS ANGELES : Lucy Walker, réalisatrice nommée aux Oscars, avait à peine commencé son documentaire sur le plus grand feu de forêt californien de l'histoire, quand l'incendie a été détrôné par un brasier encore plus gigantesque.

Aujourd'hui, le terrible Thomas Fire de 2017 n'est plus que le septième en termes de superficie dévastée et devrait bientôt être dépassé par le Dixie Fire, qui fait rage dans les forêts du nord de la Californie, alors que le changement climatique rend la saison des feux de plus en plus longue, chaude et destructrice.

"Une des choses que j'ai apprises en faisant ce film, c'est que ces incendies arrivent tout le temps -- ils se produisent encore et encore", explique Lucy Walker. "C'est juste la terrible preuve de la thèse du film. Je ne voulais pas avoir raison, ni faire un film aussi actuel, mais c'est dans cette situation qu'on se retrouve."

"Bring Your Own Brigade" ("Amenez votre propre brigade"), qui sort dans les cinémas américains vendredi, examine les causes, problèmes et possibles solutions pour les feux qui endeuillent chaque année un peu plus l'Ouest des Etats-Unis.

Il s'ouvre sur les images poignantes de deux incendies qui ont dévasté en 2018 Malibu et Paradise, deux villes californiennes aux réalités socio-économiques opposées, et tué 88 personnes.

L'équipe a suivi de près le travail des pompiers pendant le carnage, et le documentaire se concentre sur les personnalités et histoires de ces soldats du feu et des résidents têtus, qui sont depuis retournés vivre dans les localités réduites en cendres.

Les récits héroïques laissent vite place à la conclusion que les personnes les plus affectées par les feux -- et le changement climatique qui, selon les chercheurs, en accroît le risque -- sont souvent les plus réticentes à changer leur comportement.

Les habitants de Malibu ont par exemple refusé une proposition visant à augmenter les impôts pour embaucher plus de pompiers, accusant ces derniers d'avoir échoué à sauver leurs maisons.

Et la ville de Paradise a rejeté une série de propositions peu chères et efficaces pour tenter d'éviter de futures tragédies, écartant même des solutions aussi simples que l'obligation de défricher un espace de 1,5 mètre autour des maisons.

"Le fait qu'une ville comme Paradise ne soit pas capable d'adopter des normes de construction signifie qu'ils vont se trouver à nouveau dans la même position", estime Lucy Walker.

"Nous n'avons même pas réussi à les convaincre que ces petits compromis ou ces petites dépenses en valent la peine. Je crois que ça a été édifiant", explique-t-elle à l'AFP.

«Américain individualiste»

Tout en abordant la question du changement climatique, le film explore aussi d'autres causes des feux de forêts, qui semblent au premier abord plus faciles à rectifier. Les auteurs du film présentent l'idée pouvant sembler paradoxale selon laquelle l'exploitation forestière à grande échelle -- solution proposée par l'ancien président Donald Trump -- ne fait qu'aggraver la situation.

A Paradise, le meurtrier Camp Fire avait détruit une exploitation forestière, se répandant rapidement grâce à la façon dont les arbres sont plantés, aux résidus de bois et à la présence d'espèces invasives, comme des herbes fortement inflammables.

Lucy Walker s'est aussi entretenue avec des peuples autochtones comme les Plains Miwok qui, bien avant l'arrivée des Européens, se protégeaient des grands incendies par le "brûlage contrôlé", consistant à allumer de petits feux surveillés. La pratique, qui vise à se débarrasser de la végétation à risque, est à nouveau de plus en plus commune en Californie, même si les habitants s'y opposent souvent par crainte pour leur sécurité ou la qualité de l'air.

"Quand nous ne sommes pas dans une situation d'urgence, il est difficile d'accepter de faire des compromis et des sacrifices", avance Lucy Walker, nommée deux fois aux Oscars, notamment pour son documentaire "Waste Land", sorti en 2010.

"Je ne pense pas que ce soit quelque chose de propre aux Etats-Unis mais peut-être que c'est incarné par la figure de l'Américain individualiste qui brandit son arme à feu."

La saison des feux en cours laisse penser que les mentalités devront évoluer rapidement.

Fin juillet, la superficie brûlée en Californie était en hausse de 250% par rapport à l'année précédente -- pourtant la pire année dans l'histoire récente de l'Etat.             


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.