Féminicides: 102 femmes tuées en 2020, Darmanin annonce de nouvelles mesures

Des gerbes de fleurs entourent le portrait de Doriane, une jeune femme assassinée, victime d'un féminicide il y a quelques jours, lors d'une cérémonie d'hommage, le 21 juillet 2021 au Plan-de-la-Tour (sud-est de la France). (Photo, AFP)
Des gerbes de fleurs entourent le portrait de Doriane, une jeune femme assassinée, victime d'un féminicide il y a quelques jours, lors d'une cérémonie d'hommage, le 21 juillet 2021 au Plan-de-la-Tour (sud-est de la France). (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 02 août 2021

Féminicides: 102 femmes tuées en 2020, Darmanin annonce de nouvelles mesures

  • Gérald Darmanin note que les violences intrafamiliales «sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes»
  • Le ministre de l'Intérieur annonce le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales

PARIS: Gérald Darmanin a annoncé dimanche de nouvelles mesures pour tenter d'endiguer les violences intra conjugales, alors que 102 femmes ont perdu la vie en 2020 sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.

Dans une interview au Parisien diffusée en ligne dimanche soir, le ministre dévoile le bilan 2020 "des "morts violentes au sein du couple", qui sera publié lundi.

Si 102 femmes, 23 hommes, ont perdu la vie en 2020 dans ces circonstances – le chiffre le plus bas depuis 15 ans alors qu'en 2019 il avait été recensé 146 féminicides – le ministre souligne que l'année dernière a été particulière avec "deux confinements".

Néanmoins, poursuit-il, "le nombre d'interventions de la police et de la gendarmerie pour violences intra familiales reste très élevé: plus de 400 000, soit 45 interventions par heure". "Il ne se passe pas une journée sans que le GIGN ou le Raid aille libérer une femme ou des enfants pris en otage..."

Gérald Darmanin note que les violences intrafamiliales "sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes".

Pour tenter de lutter contre ce fléau, le ministre de l'Intérieur annonce notamment le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales, un officier spécialisé dans ces violences dans chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie.

«Inacceptable»

Il tire également les leçons du féminicide de Mérignac, le 4 mai dernier, particulièrement atroce, pour lequel il avait demandé une mission d'inspection.

Cette mission avait conclu dans son rapport à une multitude de manquements qui avait conduit à ce que Chahinez, 31 ans, soit brûlée vive dans la rue par son ex-conjoint, après qu'il lui avait tiré dans les jambes pour la faire tomber. 

M. Darmanin avait demandé à la mission d'inspection un nouveau rapport pour identifier les responsabilités. Le rapport remis la semaine dernière au Premier ministre n'a pas été rendu public.

Alors que le Canard enchaîné a révélé qu'un policier ayant pris une des plaintes de Chahinez avait été lui-même condamné pour violences conjugales et était en attente d'un passage en conseil de discipline, le ministre qualifie cette situation d'"inacceptable".

Et annonce avoir demandé au patron de la police nationale de saisir l'IGPN, la "police des polices", qui devra remettre son rapport dans 6 semaines.

Le ministre demande en outre que les conseils de discipline se réunissent "sous trois mois maximum" dans ce type de cas et que le policier concerné ne soit "plus en contact du public" dans l'attente d'une décision du conseil.

Pour assurer un meilleur suivi de ces situations, le ministre met l'accent sur la consigne donnée aux policiers et gendarmes de faire "un signalement au procureur", l'objectif étant que "100% des constatations se transforment en plainte ou signalement". 

Les mains courantes sont en outre proscrites "définitivement".

Pour faire face à un nombre accru des procédures (193 000 l'an dernier), M. Darmanin promet de favoriser le recrutement d'officiers de police judiciaire.

En outre, Gérald Darmanin souhaite que dans chaque département, il y ait "des équipes spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales" (brigade de protection des familles en zone police; maison de protection des familles en zone gendarmerie).

Dès "la fin août", un responsable national sera nommé auprès du Directeur général de la police nationale (DGPN), du Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) et du préfet de police "sur le modèle de ce qui existe en matière de terrorisme et de drogue".

Enfin, concernant les armes à feu – un tiers des femmes sont tuées par arme à feu –, le ministre souhaite que le fichier des personnes mises en cause pour violences intra conjugales soit connecté à ceux des possesseurs d'armes et d'interdits de port, et que les forces de l'ordre les consultent "systématiquement".

"Cela permettra, dit-il, de vérifier si un mis en cause " pour de tels faits de violences "est détenteur d'une arme et donc de la lui retirer, sans même le témoignage de sa conjointe".


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
Short Url
  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».