Après des débuts laborieux, le procès Charlie se penche sur le profil des accusés

Dessin, réalisé le 3 septembre au Tribunal de Paris, montrant les cinq accusés, dont certains portent un masque, des attentats sanglants de Charlie Hebdo (Benoit Peyrucq/AFP)
Dessin, réalisé le 3 septembre au Tribunal de Paris, montrant les cinq accusés, dont certains portent un masque, des attentats sanglants de Charlie Hebdo (Benoit Peyrucq/AFP)
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Publié le Vendredi 04 septembre 2020

Après des débuts laborieux, le procès Charlie se penche sur le profil des accusés

  • Ambulancier, gérant de garage, sans profession... Les auteurs des sanglantes attaques contre Charlie Hebdo et leurs complices, âgés de 30 à 67 ans, ont en commun de multiples condamnations, pour vol, violences, trafic de stupéfiants ou escroqueries
  • Le procès des attentats de janvier 2015 est entré dans le vif du sujet jeudi à Paris, avec l'examen du profil des accusés

PARIS : Des condamnations nombreuses, mais jamais pour terrorisme : après des débuts parasités par des problèmes techniques et des querelles sur le masque, le procès des attentats de janvier 2015 est entré dans le vif du sujet jeudi à Paris, avec l'examen du profil des accusés.

"J'ai profondément honte de me retrouver aujourd'hui devant le tribunal pour une affaire comme ça. J'ai honte et un mal-être permanent", finit par lâcher Miguel Martinez, 38 ans, entendu par la cour d'assises spéciale jeudi soir, au deuxième jour du procès.

Converti à l'islam après le décès de son père au début des années 90, l'accusé, crâne rasé et forte corpulence, assure être "vacciné contre le terrorisme depuis très longtemps".

Il comparaît depuis mercredi au côté de dix autres accusés, soupçonnés de soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amédy Coulibaly, auteurs des sanglantes attaques contre Charlie Hebdo, des policiers et le magasin Hyper Cacher. Ces attentats ont fait 17 morts et semé l'effroi et la consternation dans le monde.

Ambulancier, gérant de garage, sans profession... Ces hommes âgés de 30 à 67 ans présentent des profils divers, mais ont un point commun : de multiples condamnations, pour vol, violences, trafic de stupéfiants ou escroqueries.

Jusqu'à leur mise en cause dans le dossier des attentats de janvier 2015, jamais en revanche ils n'avaient été impliqués dans des affaires de terrorisme.

Tour à tour, ils clament leur innocence, affirmant n'avoir jamais adhéré aux thèses jihadistes.

"Cette image" selon laquelle "je suis un terroriste, alors que je suis loin de tout ça, c'est assez choquant. Je ne suis pas radical", assure Saïd Makhlouf, 30 ans, confiant vivre difficilement sa détention faite depuis cinq ans de "fouilles à nu" visant à le "casser".

"Pour moi la religion, ça n'a jamais été d'assassiner des gens. Dans ma famille musulmane, ça a toujours été la paix. C'est comme ça que j'ai été éduqué", martèle de son côté Abdelaziz Abbad, 36 ans, liant son implication dans le dossier à ses "mauvaises fréquentations".

"On n'entend rien !"

Sur les quatorze accusés, trois manquent à l'appel : Hayat Boumeddiene, compagne d'Amédy Coulibaly, et les frères Belhoucine, tous trois partis quelques jours avant les attaques pour la zone irako-syrienne. Leur mort, évoquée par diverses sources, n'a jamais été officiellement confirmée.

Leur parcours sera examiné vendredi, avec celui de plusieurs autres accusés, si les problèmes techniques ne viennent pas à nouveau perturber les débats.

Pendant plusieurs heures jeudi, des coupures de micros et des difficultés de retransmission ont en effet parasité les échanges devant la cour d'assises, diffusés en direct dans trois salles, ainsi que dans l'auditorium réservé au public.

Les premiers interrogatoires des accusés ont ainsi été interrompus à plusieurs reprises, irritant des avocats, qui criaient "on n'entend rien" comme le président de la cour d'assises Régis de Jorna, contraint de faire intervenir des techniciens.

Une avocate de parties civiles, Me Marie-Laure Barré, a dû venir à plusieurs reprises signaler à la cour que le son était inaudible dans l'une des salles de retransmission.

"Monsieur le président, il faut faire quelque chose", s'est-elle emportée. "On ne peut pas continuer dans ces conditions", a abondé Me Christian Saint-Palais, avocat de l'un des quatorze accusés.

Ces soucis techniques sont venus s'ajouter aux contraintes liées au Covid-19. Dès l'ouverture du procès, mercredi, le président de Jorna avait rappelé à tous l'obligation de port du masque permanent. Plusieurs avocats s'en sont émus, inquiets de voir cette mesure nuire à la défense des accusés.

"Vous allez juger des hommes dont vous ne voyez pas le visage", a dénoncé Me Beryl Brown, qui défend un des accusés. Cet argument a été retenu par la cour, qui a décidé d'autoriser les mis en cause et les avocats à enlever leur masque pour s'exprimer.

Une décision regrettée par Me Saint-Palais : "Si un seul de nous est contaminé, le procès sera suspendu", a-t-il prévenu, en pointant une incongruité : "on enlève le masque au seul moment où la contamination est possible", via des "postillons".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.