AMMAN : Un membre du Comité royal jordanien pour la modernisation du système politique, Wafa Al-Kharda, a démissionné sous la pression publique à la suite de déclarations sur les sacrifices de l'Aïd Al-Adha jugées anti-islamiques.
Al-Khadra, professeur d'anglais à l'Université américaine de Madaba, a remis vendredi sa démission du comité, formé par le roi de Jordanie Abdallah II le 10 juin pour réformer le système politique du royaume.
Dans un commentaire publié sur son compte Facebook, Al-Khadra critique ce qu'elle décrit comme l'abattage injustifié de moutons pendant l'Aïd Al-Adha, affirmant que le rituel annuel n'a rien à voir avec l'islam.
Dans son commentaire, qu'elle a par la suite supprimé, Al-Khadra écrit : « l’abattage de moutons en guise d’Udhiyah (sacrifice) est injustifié et n'a rien à voir avec l'Islam… le rituel est inhumain et manque de pitié. »
Elle affirme également que la pratique va à l'encontre des concepts modernes d'équilibre environnemental et écosystémique.
Les commentaires d'Al-Khadra ont suscité le mécontentement du public. De nombreuses personnes se sont tournées vers les médias sociaux pour exiger sa démission du comité.
Le département de l'Ifta a publié un communiqué, dénonçant les propos d'Al-Khadra sur le sacrifice de l'Aïd Al-Adha mais sans mentionner son nom.
Le secrétaire général du département, Ahmed Hassanat, déclare : « Le but de toute création animale ou autre est d’être au service de l'homme. »
Un groupe de généraux de l'armée à la retraite, se faisant appeler l'Assemblée des Frères d'armes, a demandé le renvoi d'Al-Khadra du comité, arguant que ses propos trahissent « la haine des constantes religieuses du pays ».
Al-Khadra a publié jeudi une déclaration dans laquelle elle a déclaré que ses remarques avaient été sorties de leur contexte et qu'elle ne voulait pas dire ce qui avait été "mal interprété".
Elle a également dit qu'elle respecte le rituel Udhiyah en tant que partie intégrante de l'Islam.
Le chef du comité, Samir Rifai, a appelé tous les membres à adhérer au code d'éthique auquel ils ont souscrit et à ne pas s'engager dans des questions controversées.
Dans une lettre envoyée à tous les membres, Rifai, un ancien Premier ministre, a également appelé au respect de l'establishment et des normes religieuses en Jordanie.
Le porte-parole du comité, Muhannad Mubeidin, indique à la chaîne gouvernementale Al-Mamlakah TV que Rifai a renvoyé la démission d'Al-Khadra au roi Abdallah, qui l'avait acceptée.
Le 26 juin, un autre membre du comité, Oraib Rentawi, a également démissionné à la suite de l'indignation suscitée par une déclaration qu'il a faite sur la bataille d'Al-Karama en 1968 entre la Jordanie et Israël.
Dans un article d'opinion dans le journal Ad-Dustour, Rentawi affirme que le conflit était entre la résistance palestinienne, sous la direction de feu le leader Yasser Arafat, et Israël.
La Jordanie célèbre la bataille d'Al-Karama le 21 mars comme la première victoire arabe contre Israël par les forces armées jordaniennes sous feu le roi Hussein.
Les remarques de Rentawi ont provoqué la colère du public, en particulier celle d'anciens militaires impliqués dans la bataille.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com