PARIS : La France a établi un «pont maritime» pour fournir des vaccins de la Covid-19 et de l'oxygène médical à la Tunisie, qui se trouve au milieu de l'une des pires pandémies de coronavirus en Afrique.
Au cours des cinq derniers jours, la France a fourni 1,1 million de doses de vaccins à ce pays d'Afrique du Nord, a déclaré le ministre français du Tourisme, Jean-Baptiste Le Moyne, à la radio France-Info.
La marine française a expédié jeudi trois énormes conteneurs d'oxygène dont on avait grand besoin, a tweeté le ministre.
Par rapport aux vaccins, 800 000 doses provenaient de stocks français, mais Paris utilise également le mécanisme COVAX, le programme soutenu par l'ONU pour fournir des vaccins aux pays les plus pauvres, a révélé Le Moyne.
Toutefois, il n'a pas précisé quel type de vaccins ont été envoyés.
Les expéditions maritimes devraient se poursuivre jusqu'à la mi-août, apportant des équipements, des masques et d'autres matériels nécessaires pour aider la Tunisie à faire face à une forte augmentation des infections et des hospitalisations.
D'autres pays d'Europe et d'ailleurs se mobilisent aussi pour aider la Tunisie à sortir de sa crise sanitaire.
La Tunisie a signalé plus de décès par habitant de la pandémie que tout autre pays africain et parmi les taux de mortalité quotidiens par habitant les plus élevés au monde ces dernières semaines.
Le pays, qui compte moins de 12 millions d'habitants, a enregistré plus de 18 000 décès liés au virus au total, selon son ministère de la Santé.
Le président tunisien Kais Saeid a ordonné mercredi à l'armée de prendre en charge la gestion de la riposte nationale à la pandémie.
La semaine dernière, le Premier ministre Hichem Mechichi a ordonné aux gouverneurs de neuf régions de réquisitionner des hôpitaux privés pour les patients de la Covid-19 lorsque les hôpitaux publics manquent d'oxygène, a rapporté l'agence de presse Tunis Afrique Presse (TAP). Les hôpitaux tunisiens sont confrontés à de graves pénuries d'oxygène, de personnel et de lits de soins intensifs, et moins d'un dixième de la population est entièrement vacciné.
Dans la station balnéaire méditerranéenne de Sousse en Tunisie, des médecins épuisés luttent pour freiner la recrudescence des décès dus aux coronavirus, surveillant désespérément l'approvisionnement en oxygène à côté des lits des patients, tandis que sur la plage, les touristes se détendent au soleil.
«Quand on vous dit «dans trois heures, il n'y aura plus d'oxygène», cela est vraiment stressant», s’est désolé Khaled Ben Jazia, chef des soins intensifs à l'hôpital de Sousse, au sud-est de la capitale Tunis.
«Il y a deux jours, il ne restait qu'une heure d'oxygène. Pouvez-vous imaginer le désastre si nous manquions d’oxygène? Je n'ai jamais été aussi stressé... nous étions tous avec des bouteilles au chevet des patients au cas où».
À l'hôpital, les médecins attendaient avec impatience le retour du camion chargé de bouteilles d'oxygène remplies.
«Quand nous avons entendu la sirène de l'escorte accompagnant le camion, ce fut un tel soulagement», a signalé Ben Jazia.
Après plus d'un an de travail intense pour faire face à la pandémie, le personnel médical est tellement épuisé.
Mercredi, l'annonce du Premier ministre selon laquelle le personnel hospitalier ne pourrait prendre de congé a suscité la colère.
«Nous tenons le coup, mais la situation est précaire, compte tenu du manque de ressources humaines et de soutien logistique», a indiqué Zied Mezgar, chef de service des urgences de l'hôpital de Sousse.
«La catastrophe ne viendra pas de l'afflux de patients, mais de l'épuisement des soignants».
Malgré la crise, le pays reste ouvert aux visiteurs et il n'y a pas de quarantaine pour les personnes, vaccinées ou non, qui arrivent avec les organisateurs de voyages.
À l'hôtel Bellevue Park de Sousse, la vie à la station méditerranéenne semble se dérouler presque normalement.
«J'ai eu mes deux doses de vaccin», a affirmé Doris Brecking, une touriste allemande de 71 ans qui était en train de bronzer au bord de la piscine.
«À l'hôpital, il y a des malades, mais ici à l'hôtel, tout va bien avec les règles sanitaires... Je n'ai pas du tout peur».
La France, d'où viennent de nombreux touristes, a inscrit la Tunisie sur sa «liste rouge» des voyages, mais autorise les personnes doublement vaccinées à se rendre en France.
«L'envie de revenir ici était trop forte», a témoigné la touriste Stéphanie Wilmert, esthéticienne luxembourgeoise.
Elle a été vaccinée, mais a affirmé qu'elle était toujours prudente.
«On dit parfois : «c’est bon, c’est fini», mais non, ce n’est pas fini du tout».
Loin de la crise pandémique de la Covid-19, la Tunisie tente de soutenir la crise du tourisme, qui est considéré comme un pilier économique représentant environ un dixième du PIB.
«Il faut s'adapter», a assuré Nizar Marghli, directeur de l'hôtel Bellevue Park, dont le chiffre d'affaires a été réduit d'un tiers.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com