NEW YORK: De plus en plus de migrants et de réfugiés, qui tentent de gagner l’Europe par la mer depuis la Libye, sont interceptés ou secourus puis renvoyés dans leur pays où ils sont enfermés dans des centres de détention surpeuplés.
Selon un rapport publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies, ils sont victimes d’abus, de violences et de travaux forcés dans ces centres. De plus, ils sont privés de nourriture, d’eau et de lumière du soleil. Certains disparaissent même et l’on craint qu’ils soient la cible de trafiquants d’êtres humains.
Tous ces risques, combinés à des températures extrêmes durant la canicule en Libye – qui a provoqué des pannes d’électricité partout dans le pays–, font que plus de 6 170 migrants et réfugiés actuellement enfermés dans des centres de détention vivent dans des conditions «extrêmement inhumaines», précise le rapport de l’OCHA.
Entre janvier et juin 2021, plus de 14 700 migrants et réfugiés – soit plus que sur toute l’année 2020 – ont été interceptés ou secourus par les garde-côtes libyens avant d’être renvoyés en Libye. Rien qu’en juin, 4 500 personnes ont été arrêtées tandis que des centaines d’autres ont péri en mer.
La lente reprise en Libye, après des années de conflit et d’instabilité politique, ainsi que l’incidence de la pandémie de Covid-19 sur l’économie locale, compromettent le sort des migrants en Libye.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la majorité des migrants en Libye proviennent d’Égypte, du Soudan, du Niger, du Tchad et du Nigéria. En tout, les 600 000 migrants qui se trouvent actuellement en Libye sont originaires de cinquante-trois pays. L’année dernière, la grande majorité des migrants arrivant en Italie par la mer provenait du Bangladesh, de Tunisie et de Côte d’Ivoire.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et le chaos de la guerre civile qui a suivi, de plus en plus de migrants utilisent le pays comme point de départ pour tenter de gagner l’Europe par la mer. Cependant, la sécurité a été renforcée aux frontières européennes depuis la crise migratoire de 2016 et de nombreux migrants se retrouvent donc bloqués.
Il est vrai que le nombre actuel de migrants est toujours plus bas que celui enregistré avant la pandémie mais l’augmentation a été alimentée par la formation en mars dernier du gouvernement libyen d’unité internationale et l’amélioration de la situation sécuritaire, étant donné que l’accord de cessez-le-feu conclu en octobre 2020 est toujours respecté.
«Les départs continus à partir de la Libye mettent en évidence la nécessité de mettre en place un mécanisme de sauvetage et de débarquement le long de la route méditerranéenne centrale, avec effet immédiat et en pleine conformité avec les normes et les principes internationaux des droits de l’homme», souligne l’OCHA.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com