Un ex-diplomate français et ex-conseiller NSO avait vu « les dérives possibles » de Pegasus

L'entreprise israélienne cherchait à améliorer son bilan en matière de droits humains après une série de faits divers négatifs. (Photo, AFP)
L'entreprise israélienne cherchait à améliorer son bilan en matière de droits humains après une série de faits divers négatifs. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 23 juillet 2021

Un ex-diplomate français et ex-conseiller NSO avait vu « les dérives possibles » de Pegasus

  • «Le Mossad et la CIA sont derrière, avec ce que l'on appelle un «backdoor» : ils seraient en mesure de surveiller le déploiement de Pegasus et éventuellement les renseignements recueillis»
  • «C’est le plus puissant des outils de piratage disponibles, permettant de lire secrètement les messages d'une cible, de suivre sa localisation et même d'utiliser sa caméra et son microphone à distance»

PARIS : Peu de personnes extérieures ont accès au monde ultra-secret de NSO Group, le fabricant israélien du logiciel espion Pegasus, au cœur d'un scandale mondial de piratage téléphonique. Gérard Araud, ancien ambassadeur de France, est l'une d'entre elles.

Le diplomate récemment retraité a pris un poste de consultant auprès de NSO en 2019, pour conseiller sur les questions liées aux droits humains, peu après avoir quitté son poste d'ambassadeur de France à Washington pendant les années tumultueuses de la présidence de Donald Trump.

"J'y suis allé parce que ça m'intéressait. C'était un monde nouveau (pour moi)", a expliqué à l'AFP par téléphone M. Araud, qui a également été ambassadeur de France en Israël au début des années 2000.

Dans les bureaux de NSO, il découvre l'environnement typique d'une start-up technologique: des équipes de programmeurs "tous âgés de 25 à 30 ans, en tongs, en t-shirts noirs, tous titulaires d'un doctorat en computer science (sciences informatiques). Ils votent tous à gauche naturellement..."

Sa mission d'un an à partir de septembre 2019, en compagnie de deux autres consultants externes américains, consistait à examiner comment l'entreprise pouvait améliorer son bilan en matière de droits humains après une série de faits divers négatifs.

L'entreprise a été rachetée en 2019 par un groupe de capital-investissement basé à Londres, Novalpina, qui a engagé M. Araud pour qu'il émette des recommandations visant à rendre les procédures de sécurité "plus rigoureuses et un peu plus systématiques", selon lui.

Depuis lundi, un consortium de médias, dont le Washington Post, le Guardian et Le Monde, a révélé des failles présumées dans ces procédures.

Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50.000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés, et l'ont partagée avec ce consortium de 17 médias.

NSO Group a nié l'existence d'une telle liste, qui comprendraient militants des droits de l'homme, journalistes, politiciens d'opposition et même dirigeants mondiaux.

Pegasus est considéré comme l'un des plus puissants outils de piratage de téléphones portables disponibles, permettant aux clients de lire secrètement tous les messages d'une cible, de suivre sa localisation et même d'utiliser sa caméra et son microphone à distance.

Son exportation est réglementée "comme une vente d'armes", explique M. Araud. NSO doit donc demander l'approbation du gouvernement israélien pour le vendre, et les États clients signer un long contrat commercial stipulant comment le produit sera utilisé.

Ils sont censés ne déployer Pegasus que pour lutter contre le crime organisé ou le terrorisme - argument commercial de la société - mais "on voyait bien toutes les dérives possibles -- d’ailleurs dont l’entreprise n’était pas toujours responsable", souligne l'ancien diplomate.

L'entreprise disposait-elle d'un moyen de vérifier le déploiement réel de son programme que certains souhaitent voir interdit ? Gérard Araud ne le croit pas. Pour lui, le seul levier dont dispose l'entreprise après avoir vendu Pegasus est de cesser de proposer des mises à jour logicielles aux clients s'il est prouvé qu'ils violent les termes du contrat.

"C'est une petite entreprise privée, il doit y avoir quelques dizaines d'employés. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de suivi", indique-t-il.

Dans une entreprise qui pratique "une forme de secret extrême", il dit avoir néanmoins acquis la conviction que NSO Group travaillait avec les services secrets israéliens du Mossad, et peut-être avec la CIA.

Selon lui, trois Américains siégeant au conseil consultatif du groupe avaient des liens avec l'agence de renseignement américaine, et la société a déclaré que sa technologie ne pouvait pas être utilisée pour cibler des numéros basés aux États-Unis.

"Il y avait ce point d’interrogation de la présence du Mossad ou de la CIA. Je pensais que c’était les deux, mais je n’avais aucune preuve, aucune preuve. Mais je pense que le Mossad et le CIA sont derrière, avec ce que l'on appelle +un backdoor+" - terme signifiant que les services de sécurité seraient en mesure de surveiller le déploiement de Pegasus et éventuellement les renseignements recueillis en conséquence.

Israël a nié avoir accès aux informations de Pegasus.

M. Araud, un utilisateur actif de Twitter, a fait face à des critiques en ligne concernant sa décision de travailler pour une entreprise qui serait liée à des violations des droits de l'homme.

"Je suis droit dans mes bottes", dit-il. "Je n'ai pas de regrets".

"Je suis convaincu que nous sommes dans une transition technologique qui va changer nos vies", ajoute-t-il, précisant que la question de savoir si ces technologies pouvaient être "civilisées" restait ouverte.

Il est incapable de dire si son travail et ses conseils ont eu un quelconque impact: "J'ai fait des propositions. Je ne sais pas si certaines ont été adoptées ou non".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.