Pegasus : l'Algérie condamne le Maroc, Rabat attaque en diffamation les lanceurs d’alerte

Une employée consulte le site Web du logiciel espion Pegasus fabriqué en Israël dans un bureau de la capitale chypriote Nicosie le 21 juillet 2021. Des rapports selon lesquels le logiciel a été utilisé pour surveiller des militants, des journalistes et des politiciens du monde entier souligne les risques diplomatiques de développer et d'exporter une "technologie oppressive", ont averti les experts. (Photo, AFP)
Une employée consulte le site Web du logiciel espion Pegasus fabriqué en Israël dans un bureau de la capitale chypriote Nicosie le 21 juillet 2021. Des rapports selon lesquels le logiciel a été utilisé pour surveiller des militants, des journalistes et des politiciens du monde entier souligne les risques diplomatiques de développer et d'exporter une "technologie oppressive", ont averti les experts. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 23 juillet 2021

Pegasus : l'Algérie condamne le Maroc, Rabat attaque en diffamation les lanceurs d’alerte

  • Alger a exprimé jeudi sa «profonde préoccupation» après des révélations selon lesquelles le Royaume chérifien aurait espionner «des responsables et citoyens algériens»
  • Le Maroc a attaqué en diffamation Amnesty International et une ONG française qui accusent Rabat d’avoir utilisé le logiciel d’espionnage contre des Français

ALGER-PARIS : L'Algérie a exprimé jeudi sa "profonde préoccupation" à la suite de révélations selon lesquelles le Maroc aurait eu recours au logiciel israélien Pegasus pour espionner "des responsables et citoyens algériens", sur fond de tensions entre les deux pays maghrébins sur la question du Sahara occidental.

"L'Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations (...) faisant état de l'utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d'un logiciel d'espionnage dénommé +Pegasus+ contre des responsables et citoyens algériens", affirme le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon une enquête du consortium Forbidden Stories et Amnesty International, des milliers de numéros de téléphone algériens -- dont certains appartenant à des hauts responsables politiques et  militaires -- ont été recensés comme cibles potentielles du logiciel Pegasus, commercialisé par l'entreprise israélienne NSO pendant l'année 2019, affirment le quotidien français Le Monde et le site d'information francophone Tout sur l'Algérie (TSA).

Ces révélations ont suscité une indignation générale en Algérie, notamment sur les réseaux sociaux.

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Le téléphone du roi du Maroc Mohammed VI et ceux d'autres membres de la famille royale figurent également sur la liste des numéros identifiés comme cibles potentielles de Pegasus par les services de renseignement marocains, a rapporté mardi Radio France. (Photo, AFP)

En réaction, le Maroc a décidé d'attaquer en diffamation devant le tribunal correctionnel de Paris Amnesty et l’ONG française Forbidden Stories qui affirment que les services de renseignement ont utilisé le logiciel d’espionnage de téléphonie mobile Pegasus contre des dizaines de journalistes français.

Les procureurs de Paris ont ouvert leur propre enquête cette semaine sur les affirmations d'Amnesty et du média français à but non lucratif Forbidden Stories, révélées par des médias tels que le Washington Post et le quotidien français Le Monde.

Les deux associations ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par l’entreprise israélienne NSO, pour être potentiellement espionnés.

«L'État marocain (...) souhaite que toute la lumière soit faite sur les allégations mensongères de ces deux organisations qui avancent des affirmations sans aucune preuve concrète ou démontrée», a déclaré l'avocat Olivier Baratelli dans un communiqué.

Le téléphone du roi du Maroc Mohammed VI et ceux d'autres membres de la famille royale figurent également sur la liste des numéros identifiés comme cibles potentielles de Pegasus par les services de renseignement marocains, a rapporté mardi Radio France.

Le président français Emmanuel Macron a convoqué jeudi une réunion urgente de la sécurité nationale pour discuter des informations sur l'utilisation de Pegasus en France.

Des preuves d'une tentative de piratage ont été trouvées sur le téléphone de l'ancien ministre de l'Environnement et proche allié de Macron, François de Rugy, la tentative étant présumée provenir du Maroc.

Le Maroc a démenti ces allégations, affirmant cette semaine qu'il «n'a jamais acquis de logiciel informatique pour infiltrer les appareils de communication».

Son gouvernement «n'entend pas laisser impunis les multiples mensonges et fausses nouvelles diffusés ces derniers jours», a déclaré Me Baratelli.

De son côté, l'Algérie « condamne vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l'Homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales", ajoute le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, dénonçant une "pratique illégale, malvenue et dangereuse".

"Etant directement concernée par ces attaques, l'Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l'ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine", souligne le communiqué.

"Toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international", conclut-il.

Le parquet général d'Alger avait auparavant ordonné l'ouverture d'une enquête préliminaire "diligentée par les services de police judiciaire spécialisés en matière de répression d'infractions liées à la cybercriminalité et aux technologies de l'information", selon un communiqué relayé par l'agence officielle APS.

Cette enquête fait "suite aux informations divulguées à travers des organes de presse nationaux et internationaux, ainsi que des rapports émanant de certaines chancelleries, faisant état de l'existence d'un système d'intelligence informatique d'écoute et d'espionnage ayant visé les intérêts de l'Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes", précise le communiqué du parquet.

"Si les faits (...) sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne sous sa forme criminelle pour avoir rassemblé des renseignements, objets et documents au profit d'une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale", poursuit-il.

"Ils constitueraient également des infractions d'accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d'atteintes aux secrets des communications", conclut le communiqué.

Ce scandale survient au moment où les relations entre l'Algérie et le Maroc -- traditionnellement difficiles -- sont au plus bas en raison du conflit au Sahara occidental.

Le conflit oppose le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario -- soutenus par l'Algérie -- depuis le départ de l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, en 1975.

Alger a décidé dimanche de rappeler son ambassadeur à Rabat pour "consultations" à la suite de déclarations de l'ambassadeur du Maroc à l'ONU en faveur de l'autodétermination du "vaillant peuple kabyle".

Une ligne rouge pour Alger qui s'oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de l'Algérie.

La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël -- en contrepartie d'une reconnaissance américaine de la "souveraineté" marocaine sur ce territoire -- a encore avivé les tensions avec l'Algérie qui a dénoncé des "manœuvres étrangères" visant à la déstabiliser.

De son côté, le Maroc considère l'Algérie comme "une partie prenante réelle du conflit" au Sahara occidental, considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif.

Rabat, qui contrôle près de 80% de ce vaste territoire désertique, riche en phosphates et avec de fortes ressources maritimes (pêche), propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté.

Le Polisario, qui a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976, continue de réclamer, avec l'appui de l'Algérie, la tenue d'un référendum prévu par l'ONU au moment de la signature d'un cessez-le-feu entre les belligérants en 1991.

Toutes les tentatives de règlement du conflit ont échoué jusqu'à présent.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.