LONDRES: La justice britannique a condamné jeudi une figure de l'extrême droite britannique, Tommy Robinson, à payer 100 000 livres (116 000 euros) de dédommagement à un jeune réfugié syrien qui le poursuivait en diffamation.
En octobre 2018, Jamal Hijazi avait été agressé par des camarades dans sa cour de récréation, dans la ville de Huddersfield (nord de l'Angleterre). L'agression avait été filmée, et la vidéo était devenue virale sur internet.
Hooligan, fondateur de la Ligue de défense anglaise, un groupe d'extrême droite entendant lutter contre la menace islamiste, Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, avait peu après publié sur Facebook deux vidéos dans lesquelles il affirmait que Jamal n'était "pas innocent et qu'il s'en prenait violemment aux jeunes filles anglaises de son école".
Dans ces deux clips visionnés par près d'un million de personnes, l'homme de 38 ans affirmait que le jeune réfugié avait "roué de coups une fille" et "menacé de poignarder" un autre garçon, ce que Jamal Hijazi a toujours nié.
Des accusations qui ont eu un "effet dévastateur" sur l'adolescent et sa famille, en tant que réfugiés syriens au Royaume-Uni, ont fait valoir ses avocats lors d'un procès en avril. Jeudi, la justice a donné raison dans son jugement au jeune Syrien, lui accordant 100 000 livres (116 680 euros) de dommages et intérêts.
Une de ses avocates, Francesca Flood, a salué "une revanche" contre des allégations "très graves" ayant d'aussi "graves" conséquences. "Il a fallu beaucoup de courage à notre client, Jamal Hijazi, pour poursuivre son action en diffamation contre un militant d'extrême droite et anti-islam aussi éminent que Stephen Yaxley-Lennon", a-t-elle ajouté.
Tommy Robinson avait été condamné en 2019 à neuf mois de prison pour outrage à la justice pour avoir filmé et diffusé sur internet des images d'un procès criminel.
Son cas avait attiré l'attention de l'"alt-right" américaine, ou "droite alternative", et même de Donald Trump Jr., fils du président américain, et de Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, qui lui avait apporté son soutien.