PARIS : Le chanteur algérien Cheb Khaled a sorti Elle s’appelle Beyrouth, un titre en hommage à la ville meurtrie par la double explosion qui a coûté la vie à 171 personnes. L’ensemble des bénéfices sera reversé à la Croix Rouge libanaise. Entretien avec le roi du Raï.
Le single et le clip sont sortis le 18 août, soit deux semaines jour pour jour après cette terrible explosion qui a une nouvelle fois touchée la ville de Beyrouth. Vous vous êtes associé au musicien libanais Rodge dont le studio a été touché par le souffle colossal de la déflagration. Racontez-nous ce cri du cœur…
C’est devant la télévision, avec mes enfants, que j’ai découvert la catastrophe. Je me suis demandé ce que je pourrais faire pour aider. Puis nous avons contacté Rodge, que j’avais rencontré sur le tournage d’un clip à Beyrouth il y a quatre ans. On a fait ce titre en quatre jours. Il m’a d’abord envoyé plusieurs beats puis nous avons construit le morceau ensemble, tout à distance. Pour les paroles, j’ai collaboré avec un poète algérien qui vit à Paris. Le destin des rencontres fait beaucoup de choses. Nous avons vraiment tous travaillé ensemble et construit une famille autour de ce soutien apporté à Beyrouth.
Que représente Beyrouth à vos yeux ?
Quand j’étais petit, je rêvais d’y aller. Pour nous les Arabes, c’était le Las Vegas du Moyen-Orient. C’était une ville de cinéma, de gaieté, de culture. J’ai vu beaucoup de films en noir et blanc, notamment des films égyptiens, tournés à Beyrouth. Ce pays, j’avais envie de le voir. J’ai été invité pour la première fois en 1993. C’était la fin de la guerre, la ville se reconstruisait lentement, il y avait des trous partout. Je me suis retrouvé dans un studio d’enregistrement au cinquième étage sous terre. Mais j’ai tellement aimé les gens là-bas !
« J’ai vu un peuple qui ressemble au mien »
Khaled
Qu’aimez-vous chez eux ?
J’ai vu un peuple qui veut vivre. J’ai vu un peuple qui ressemble au mien, celui de chez moi, en Algérie. Comme dit ma mère, si tu n’as pas la force pour tuer ton ennemi, tue-le avec le sourire. Malgré tout ce qu’ils ont subi, j’y ai vu beaucoup de joie. Ils ne renoncent jamais.
Confirmez-vous que l’ensemble des bénéfices sera reversé à la Croix Rouge libanaise ?
Tout le monde a laissé ses droits. Nous ne gardons absolument rien. Tous les bénéfices seront intégralement reversés à la Croix Rouge libanaise.
Suivez-vous l’évolution de la situation sur place ?
Oui, bien entendu. Je vois des gens manifester pacifiquement. C’est bien. Je pense que les Algériens leur ont notamment montré l’exemple. Ce n’est pas comme les Gilets jaunes, même si je respecte… Mais les gens ont compris que quand quelqu’un veut parler de ses droits, il y a toujours des parasites pour tout gâcher, des casseurs, des voleurs. Ils sont envoyés afin que la parole ne passe pas. Or, à l’image des Algériens, les Libanais manifestent pacifiquement, dans le calme, et contre la bêtise de l’homme.
Vous reverra-t-on sur scène prochainement ou est-ce complexe en raison de la crise sanitaire ?
Nous sommes en train de négocier avec le gouvernement libanais la possibilité d’organiser un grand concert prochainement, à côté du site où a eu lieu la catastrophe. Nous cherchons activement des sponsors et souhaitons inviter tous les artistes intéressés, du Liban, de France et d’ailleurs. J’espère que notre rêve se réalisera.