LONDRES: De nouvelles recherches sur les algorithmes d’Instagram ont révélé que la plate-forme pousse du contenu douteux sur la perte de poids vers les utilisateurs qui interagissent même brièvement avec du contenu lié au fitness en ligne.
Intitulée Pathways, l’étude a été commandée par l’organisation caritative 5Rights Foundation, qui milite en faveur d’un renforcement des contrôles en ligne pour les enfants. Revealing Reality, une agence de recherche sociale entrepreneuriale et multidisciplinaire, est également impliquée.
La recherche reposait sur la technique du «client mystère» selon laquelle divers faux profils Instagram ou avatars ont été créés pour imiter des comptes réels détenus par des enfants et des adolescents. Les faux comptes suivaient les mêmes pages que les vrais adolescents volontaires.
Les avatars aiment certaines publications afin de déterminer la vitesse à laquelle l’algorithme d’Instagram pousse des contenus éventuellement néfastes dans la rubrique «explorer» de la plate-forme.
L’étude a révélé que lorsque les adolescentes interagissent, même brièvement, avec un contenu lié aux régimes, par exemple, la rubrique «explorer» d’Instagram commence immédiatement à afficher des photos montrant par exemple une personne avant et après sa perte de poids, ainsi que du contenu relatif aux conseils pour perdre du poids, au sport et au remodelage corporel.
Le contenu présentait souvent des corps «visiblement minces» et, dans certains cas, des silhouettes apparemment modifiées ou déformées.
Cette étude a abouti à des résultats similaires lorsqu’elle a recréé l’expérience pour les adolescentes et adolescents. Elle a reproduit le comportement d’un vrai garçon de 14 ans, ce qui a finalement conduit à ce que sa rubrique «explorer» sur Instagram soit inondée de photos de modèles lourdement modifiées et retouchées.
Un porte-parole de Facebook, qui détient Instagram, a affirmé que la plate-forme prenait déjà des mesures pour assurer la sécurité des adolescents qui utilisent l’application, notamment en empêchant les adultes d’envoyer des messages directs aux adolescents qui ne les suivent pas.
Cependant, la conception inhérente des algorithmes de recommandation utilisés par les réseaux sociaux, tels qu’Instagram, peut exacerber les problèmes sociaux des adolescents. «Surtout si l’on considère qu’un seul “j’aime” peut générer des milliers de contenus connexes», a souligné Lady Beeban Kidron qui préside l’organisation caritative 5Rights Foundation.
Dans un podcast, Alex Cooney, PDG et cofondateur de Cyber Safe Kids, explique que les réseaux sociaux ne cherchent pas délibérément à nuire, mais leurs modèles économiques sont conçus pour optimiser l’engagement maximal, ce qui entraîne des conséquences néfastes.
M. Cooney a également précisé qu’il existe des milliers de comptes appartenant à des enfants de moins de 13 ans, qui s’inscrivent en utilisant des âges fictifs et sont également soumis à ce flot de contenus potentiellement néfastes.
À partir de septembre, les entreprises de réseaux sociaux du Royaume-Uni seront obligées de se conformer à de nouvelles règles strictes qui visent effectivement à créer un environnement numérique sûr pour les enfants. En effet, les entreprises seront tenues de présenter par défaut une version de leur service adaptée aux enfants.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com