PARIS : Le président français, Emmanuel Macron, a fait face mercredi à des opposants qui l’accusent de bafouer la liberté de la presse après qu’il a personnellement réprimandé un grand reporter pour un article que le chef de l'État a qualifié de « non professionnel et mesquin ».
À l'issue de sa conférence de presse mardi, après une visite de deux jours à Beyrouth, le président s’en est pris sévèrement au journaliste du Figaro Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient.
« Ironique » ont dit certains… Quelques minutes avant cette scène, Emmanuel Macron avait défendu haut et fort la liberté d’expression alors que commence, en France, le procès de l’attentat meurtrier de janvier 2015 contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
« Vous m'avez toujours entendu défendre les journalistes, je le ferai toujours. Mais je vous parle avec franchise, ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin », a déclaré le président français.
La chaîne de télévision française LCI a expliqué que Macron était irrité par un article détaillant son entretien avec une figure de proue du Hezbollah.
Mais c’est bien un article de Malbrunot qui l’a le plus agacé. Dans ce papier, le journaliste expliquait que le président envisageait des sanctions contre les politiciens libanais qui bloqueraient des réformes.
Macron avait déjà épinglé l'article pendant la conférence de presse, critiquant ceux qui écrivent « les pires bêtises... sans aucune vérification ».
Malbrunot, ancien grand reporter retenu en otage pendant quatre mois en Irak en 2004, a commenté auprès de l’AFP : « Je suis très surpris de la virulence de cette attaque, qui est inacceptable. »
« Je me suis expliqué avec le palais présidentiel de l'Élysée, pour moi l'incident est clos », a-t-il ajouté.
Pour l’Élysée, Macron était furieux que Malbrunot n'ait pas cherché de réponse au préalable aux allégations contenues dans l'article.
« Ce que le président lui a reproché, c'est de ne pas avoir donné à l’Élysée la possibilité de réagir aux informations », a expliqué l’Élysée, ajoutant que l'incident était clos après une discussion avec le journaliste Malbrunot et son journal Le Figaro.
Mais les politiciens de droite ont exprimé leur consternation devant la réaction de Macron, d'autant plus qu'elle est survenue un jour avant l'ouverture du procès des 14 suspects pour les attentats de janvier 2015 dont celui contre Charlie Hebdo.
Le député Les Républicains Olivier Marleix a écrit sur Twitter que « la façon dont Macron donne des leçons à Georges Malbrunot… est stupéfiante ».
« Comment peut-il à la fois prétendre “Je suis Charlie” et en même temps tenter d'humilier un journaliste qui ne fait que son métier », a ajouté Gilles Platret, le vice-président des Républicains.
Macron était à Beyrouth pour la deuxième fois pour appeler à une réforme politique dans un Liban sinistré depuis l’explosion dévastatrice du 4 août qui a fait plus de 180 morts.
« Juste un rappel, Georges Malbrunot est un journaliste. Il faisait juste son travail de rapporteur », a écrit Albert Zennou, le rédacteur en chef du service politique au Figaro.
Au cours de ses trois années au pouvoir, Emmanuel Macron a parfois eu une relation épineuse avec certains journalistes ; il a rarement tenu des conférences de presse, préférant communiquer à travers les médias sociaux.
Ses réactions spontanées dans certaines situations ont parfois consterné même des collaborateurs proches, notamment en 2018 lorsqu'il a dit à un jeune demandeur d'emploi de « traverser la rue » pour trouver du travail.
Cet texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com