Emmanuel Macron s'emporte contre un journaliste français à propos d'un article « mesquin » sur le Liban

Le président français, Emmanuel Macron, s'entretient avec des journalistes alors qu'il quitte le domicile de Fairouz, l'une des chanteuses les plus célèbres du monde arabe, après lui avoir rendu visite à Rabieh, au Liban, le 31 août 2020 (Reuters)
Le président français, Emmanuel Macron, s'entretient avec des journalistes alors qu'il quitte le domicile de Fairouz, l'une des chanteuses les plus célèbres du monde arabe, après lui avoir rendu visite à Rabieh, au Liban, le 31 août 2020 (Reuters)
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Publié le Jeudi 03 septembre 2020

Emmanuel Macron s'emporte contre un journaliste français à propos d'un article « mesquin » sur le Liban

  • Dans ce papier, le journaliste explique que le président envisage des sanctions contre les politiciens libanais qui bloqueraient des réformes
  • « Comment peut-il à la fois prétendre “Je suis Charlie” et en même temps tenter d'humilier un journaliste qui ne fait que son métier »

PARIS : Le président français, Emmanuel Macron, a fait face mercredi à des opposants qui l’accusent de bafouer la liberté de la presse après qu’il a personnellement réprimandé un grand reporter pour un article que le chef de l'État a qualifié de « non professionnel et mesquin ».

À l'issue de sa conférence de presse mardi, après une visite de deux jours à Beyrouth, le président s’en est pris sévèrement au journaliste du Figaro Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient.

« Ironique » ont dit certains… Quelques minutes avant cette scène, Emmanuel Macron avait défendu haut et fort la liberté d’expression alors que commence, en France, le procès de l’attentat meurtrier de janvier 2015 contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

 

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« Ce que vous avez fait, compte tenu de la sensibilité du sujet, est irresponsable », a lancé Macron au journaliste Georges Malbrunot, dans une vidéo diffusée par la chaîne LCI. (Capture d'écran / LCI)  

« Vous m'avez toujours entendu défendre les journalistes, je le ferai toujours. Mais je vous parle avec franchise, ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin », a déclaré le président français.

La chaîne de télévision française LCI a expliqué que Macron était irrité par un article détaillant son entretien avec une figure de proue du Hezbollah.

Mais c’est bien un article de Malbrunot qui l’a le plus agacé. Dans ce papier, le journaliste expliquait que le président envisageait des sanctions contre les politiciens libanais qui bloqueraient des réformes.

Macron avait déjà épinglé l'article pendant la conférence de presse, critiquant ceux qui écrivent « les pires bêtises... sans aucune vérification ».

Malbrunot, ancien grand reporter retenu en otage pendant quatre mois en Irak en 2004, a commenté auprès de l’AFP : « Je suis très surpris de la virulence de cette attaque, qui est inacceptable. »

« Je me suis expliqué avec le palais présidentiel de l'Élysée, pour moi l'incident est clos », a-t-il ajouté.

Pour l’Élysée, Macron était furieux que Malbrunot n'ait pas cherché de réponse au préalable aux allégations contenues dans l'article.

« Ce que le président lui a reproché, c'est de ne pas avoir donné à l’Élysée la possibilité de réagir aux informations », a expliqué l’Élysée, ajoutant que l'incident était clos après une discussion avec le journaliste Malbrunot et son journal Le Figaro.

Mais les politiciens de droite ont exprimé leur consternation devant la réaction de Macron, d'autant plus qu'elle est survenue un jour avant l'ouverture du procès des 14 suspects pour les attentats de janvier 2015 dont celui contre Charlie Hebdo.

Le député Les Républicains Olivier Marleix a écrit sur Twitter que « la façon dont Macron donne des leçons à Georges Malbrunot… est stupéfiante ».

« Comment peut-il à la fois prétendre “Je suis Charlie” et en même temps tenter d'humilier un journaliste qui ne fait que son métier », a ajouté Gilles Platret, le vice-président des Républicains.

Macron était à Beyrouth pour la deuxième fois pour appeler à une réforme politique dans un Liban sinistré depuis l’explosion dévastatrice du 4 août qui a fait plus de 180 morts.

« Juste un rappel, Georges Malbrunot est un journaliste. Il faisait juste son travail de rapporteur », a écrit Albert Zennou, le rédacteur en chef du service politique au Figaro.

Au cours de ses trois années au pouvoir, Emmanuel Macron a parfois eu une relation épineuse avec certains journalistes ; il a rarement tenu des conférences de presse, préférant communiquer à travers les médias sociaux.

Ses réactions spontanées dans certaines situations ont parfois consterné même des collaborateurs proches, notamment en 2018 lorsqu'il a dit à un jeune demandeur d'emploi de « traverser la rue » pour trouver du travail.

Cet texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».