Jadis, lors d’une pause entre deux séminaires dans une ville du Golfe, j’avais naturellement intercepté une discussion entre deux intellectuels arabes discutant l’état actuel de la ville dans laquelle nous nous trouvions. Ces deux personnes viennent de pays très chers, mais ils ont malheureusement été piégés par les idéologies.
« Ces villes sont loin de me satisfaire, elles sont artificielles, sans aucun héritage, superficielles, et toutes faites de centres commerciaux et de tours en verre » disait l’un d’eux à voix haute, sans faire fi de son entourage.
Cette discussion me revient à l’esprit à chaque événement politique potentiellement polémique, qui stigmatise les opinions d’intellectuels arabes, défenseurs des dictatures, prisonniers de leur langue de bois, et victimes de pannes idéologiques.
Ces intellectuels ont soutenu la révolution iranienne, ils ont appuyé Saddam Hussein lors de son invasion du Koweït, ils soutiennent le bombardement de Riyad, et sont de fervents adeptes des aventures du Hezbollah au Liban. Parallèlement, ces mêmes intellectuels ne ratent pas une invitation aux conférences et séminaires qui ont lieu dans les pays du Golfe, et se tiennent toujours prêts à y répondre présents.
Il s’agit-là de poser une question de fond: Pourquoi ces intellectuels insistent-ils à assister à tant d’événements qui se déroulent dans les différentes villes du Golfe ? Et pourquoi remplissent-ils les pages des quotidiens du Golfe, quand ils éprouvent une telle haine pour les pays du Golfe, ses villes, et son peuple ?