La Russie interdit Proekt, un média d'investigation réputé

Les détracteurs du pouvoir accusent les autorités russes d'avoir muselé ou réprimé les médias au cours des deux décennies au pouvoir de Poutine. (Photo, AP)
Les détracteurs du pouvoir accusent les autorités russes d'avoir muselé ou réprimé les médias au cours des deux décennies au pouvoir de Poutine. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 16 juillet 2021

La Russie interdit Proekt, un média d'investigation réputé

  • Proekt s'est rapidement fait un nom dans le paysage médiatique russe grâce à ses investigations sur la corruption des élites russes
  • Ces dernières semaines, le site web était dans le collimateur des autorités qui avaient mené fin juin des perquisitions chez des journalistes

MOSCOU : La Russie a déclaré jeudi "indésirable" le réputé site web d'investigation Proekt, interdisant de facto ses activités dans le pays dans un contexte de pressions accrues visant les voix critiques ou indépendantes, notamment médiatiques 

Quasi simultanément, le ministère russe de la Justice a classé le rédacteur en chef de Proekt, Roman Badanine, et quatre autres journalistes du site sur sa liste de groupes et individus désignés "agents de l'étranger".

Dans un communiqué, le Parquet a expliqué, pour justifier l'ajout de Proekt à la liste des organisations indésirables, que ses "activités présentent une menace à l'ordre constitutionnel et à la sécurité de la Fédération russe".

Cette décision, inédite pour une organisation médiatique, est une nouvelle étape dans les mesures de rétorsion visant les médias que les autorités considèrent comme trop critiques. Elle s'inscrit dans une démarche plus large de répression visant l'opposition, avec notamment l'arrestation et l'emprisonnement d'Alexeï Navalny en janvier.

Promulguée en 2015, la loi sur les "organisations indésirables" autorise les autorités à interdire le travail des groupes déclarés comme tels dans le pays. Quant aux membres d'un groupe "indésirable", ils risquent des amendes et jusqu'à six ans de prison.

La loi ne vise que les organisations étrangères mais aux yeux de la justice russe, Proekt est un média basé aux Etats-Unis, où vivait et étudiait Roman Badanine juste avant de le créer en 2018.

Proekt s'est rapidement fait un nom dans le paysage médiatique russe grâce à ses investigations sur la corruption des élites russes. Il a notamment publié plusieurs longues enquêtes sur des collaborateurs richissimes du président Vladimir Poutine.

Ces dernières semaines, le site web était dans le collimateur des autorités qui avaient mené fin juin des perquisitions chez M. Badanine et une autre journaliste.

"C'est difficile d'imaginer une meilleure reconnaissance", a réagi Roman Badanine sur Facebook jeudi, ajoutant ne pas avoir l'intention de fermer son site et promettant "quelque chose qui fera du bruit" la semaine prochaine.

Selon le ministère de la Justice, 40 groupes ont été désignés indésirables en Russie mais aucun jusqu'à présent n'était une organisation médiatique.

«Double peine»

Depuis le début de l'année, plusieurs médias indépendants ont été visés: l'influent site Meduza, basé en Lettonie, a ainsi été déclaré en avril "agent de l'étranger". En juin, le site VTimes a fermé par crainte de poursuites judiciaires après avoir lui aussi reçu ce label.

Jeudi, les autorités ont par ailleurs déclaré "agents de l'étranger" huit journalistes, cinq de Proekt et trois d'Open Media, lié à l'oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski.

Principale contrainte pour les individus ajoutés à cette liste, ils doivent effectuer de fastidieuses démarches administratives et indiquer clairement ce statut dans leurs publications sous peine de lourdes amendes.

Alexeï Kovaliov, journaliste d'investigation à Meduza, a estimé que Proekt avait été "ciblé pour ses reportages". "La désignation d'agent de l'étranger est conçue pour vous étrangler lentement", a-t-il déclaré sur Twitter.

Les détracteurs du pouvoir accusent les autorités russes d'avoir muselé ou réprimé les médias au cours des deux décennies au pouvoir de M. Poutine. Le Kremlin rejette ces allégations, affirmant que le ministère de la Justice ne fait qu'appliquer la loi.

Mais la tolérance des autorités pour les voix dissidentes a largement diminué depuis le retour en Russie d'Alexeï Navalny, après plusieurs mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin. 

L'opposant a été condamné à deux ans et demi de prison et ses organisations, notamment son Fonds de lutte contre la corruption (FBK) dont les vidéos dénonçant la corruption des élites cumulent des centaines de millions de vues sur YouTube, ont été déclarées "extrémistes". La plupart de ses proches sont aujourd'hui en exil.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.