Pass sanitaire contre confinement: le pari économique du gouvernement

Un festivalier fait vérifier son certificat de vaccination Covid-19 à son arrivée le jour de l'ouverture de la 29e édition du festival de musique Les Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer, dans l'ouest de la France (AFP)
Un festivalier fait vérifier son certificat de vaccination Covid-19 à son arrivée le jour de l'ouverture de la 29e édition du festival de musique Les Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer, dans l'ouest de la France (AFP)
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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

Pass sanitaire contre confinement: le pari économique du gouvernement

  • L'espoir de l'exécutif est qu'en augmentant l'immunité collective, il puisse éviter d'imposer des mesures de restrictions similaires à celles subies lors des précédentes vagues épidémiques
  • L'extension du pass sanitaire va compliquer l'activité économique des hôtels, restaurants, cafés, lieux culturels et de loisir, en plein coeur de la saison touristique

PARIS : Un été avec une activité touristique un peu pénalisée, mais une rentrée moins risquée: c'est le pari économique de l'exécutif qui espère endiguer la 4e vague naissante et éviter des mesures plus contraignantes à l'automne, potentiellement terribles pour l'économie française.

En annonçant lundi soir l'extension prochaine du pass sanitaire aux clients et salariés de nombreux lieux recevant du public -restaurants, cafés, centres commerciaux, transports, etc.- Emmanuel Macron a fait le choix d'une mesure forte pour inciter les Français réticents à se faire vacciner contre le Covid-19.

L'espoir de l'exécutif est qu'en augmentant l'immunité collective, il puisse éviter d'imposer des mesures de restrictions similaires à celles subies lors des précédentes vagues épidémiques.

"Si l'effet d'incitation à la vaccination est bien là, à la fois ça va un peu peser sur la consommation touristique (restauration, hébergement, consommation culturelle, transport) et en même temps permettre probablement d'être plus résistant à l'automne", souligne Emmanuel Jessua, économiste à l'institut Rexecode.

D'ailleurs, le chef de l'Etat a affiché sa confiance dans la reprise économique, en relevant à 6% (contre 5% précédemment) la prévision de croissance pour la France cette année.

L'Insee et la Commission européenne avaient fait de même récemment.

Il s'est même projeté loin dans l'avenir en annonçant un plan d'investissement pour "bâtir la France de 2030", l'application de la réforme de l'assurance-chômage au 1er octobre et la reprise des discussions sur la réforme des retraites.

"La reprise est plus forte que prévue. Les chiffres de consommation sont plus élevés que prévus", a insisté mardi matin le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur Franceinfo.

"La seule chose désormais qui peut nous empêcher d'atteindre ces 6% (...), c'est le retour brutal et massif de la pandémie et de ses conséquences sur l'économie", par exemple "l'enfer des fermetures administratives pour tous", a-t-il insisté. 

Le premier confinement du printemps 2020 avait mis l'économie à l'arrêt avec une baisse de 30% de l'activité, et l'impact de celui de novembre 2020 avait été moindre mais encore très important (-8% d'activité), certains secteurs dans l'industrie et la construction s'étant adaptés aux restrictions sanitaires.

Tourisme freiné en plein été?

En revanche à court terme, l'extension du pass sanitaire va compliquer l'activité économique des hôtels, restaurants, cafés, lieux culturels et de loisir, en plein coeur de la saison touristique.

"On remet des contraintes sur un certain nombre de secteurs" qui "représentent à peu près 10% de la consommation" sur une année, mais "plus que ça" durant l'été, souligne Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Il pointe aussi les possibles difficultés pour les professionnels à recruter, alors que le pass sanitaire va aussi s'imposer aux salariés et que beaucoup de saisonniers sont jeunes, et donc parmi les moins vaccinés actuellement.

"La saison touristique risque d'être plus décevante que ce qu'on pouvait attendre", juge-t-il, estimant que la prévision de croissance de 6% du gouvernement parait désormais "ambitieuse".

Du côté des professionnels, on fait le dos rond. "Nous préférons un pass sanitaire à une fermeture, c'est évident", a déclaré lundi soir à l'AFP Catherine Quérard, vice-présidente du syndicat des indépendants du secteur, le GNI, même si elle s'inquiète des conditions d'application de cette décision.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), elle, "craint les effets économiques d'une telle mesure qui aura nécessairement un impact sur la clientèle" et appelle à d'"indispensables mesures d'accompagnement financier".

"Il est impératif que les pouvoirs publics indiquent clairement la marche à suivre face à ceux, et en particulier les salariés, qui refuseraient de se soumettre à ces nouvelles règles", a-t-elle encore indiqué dans un communiqué.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".