RAMALLAH, Cisjordanie: Dimanche, des centaines de Palestiniens se sont rassemblés à Ramallah, en Cisjordanie occupée, afin de manifester contre le président Mahmoud Abbas, dans l’espoir de donner un nouvel élan au mouvement de protestation déclenché par la mort d’un critique virulent détenu par les forces de sécurité.
Les forces de sécurité palestiniennes et des groupes de policiers en civil ont violemment dispersé une manifestation similaire il y a une semaine, suscitant l’inquiétude des États-Unis et de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Aucun acte de violence n’a été signalé ce week end.
L’Autorité palestinienne a été établie dans la cadre du processus de paix dans les années 1990, et contrôle certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël. Elle devient de plus en plus autocratique et impopulaire. En avril, M. Abbas a annulé les premières élections depuis quinze ans lorsqu’il semblait que son parti, le Fatah, était sur le point de les perdre. Il a été largement mis à l’écart pendant la guerre de Gaza en mai, alors que ses rivaux, les dirigeants militants du Hamas, bénéficiaient d’un soutien massif.
La manifestation a commencé par le rassemblement de quelques centaines de manifestants sur la place Al-Manara, dans le centre de Ramallah, où se trouve le siège de l’Autorité palestinienne. La mère de Nizar Banat, l’activiste dont la mort le mois dernier a déclenché les protestations, ainsi que d’autres membres de sa famille ont été accueillis par des applaudissements, et ont prononcé de brefs discours.
La foule a ensuite fait un tour dans le centre-ville, prenant de l’ampleur au fur et à mesure de sa progression, et des milliers de personnes ont scandé «Le peuple veut la chute du régime» et «Abbas, dégage», des slogans utilisés lors des manifestations dites du Printemps arabe qui ont bouleversé le Moyen-Orient en 2011.
Les forces de sécurité n’étaient pas visibles au début de la manifestation, mais lorsque les protestataires ont défilé dans une rue principale menant au siège de l’Autorité palestinienne, ils se sont approchés d’une ligne de policiers antiémeute qui tenaient des barricades. Les manifestants se sont arrêtés, et se sont assis dans la rue à plusieurs mètres de ceux-ci.
De son côté, le Fatah a organisé un rassemblement dans la ville d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, au cours duquel ses partisans ont brandi les drapeaux jaunes caractéristiques du parti. La télévision officielle de l’Autorité palestinienne, Palestine TV, a couvert le rassemblement d’Hébron, et a ignoré la manifestation de Ramallah.
Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a indiqué cette semaine que les États-Unis étaient «profondément troublés par les informations selon lesquelles des membres sans uniforme des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont harcelé et ont eu recours à la force contre des manifestants et des journalistes» lors des manifestations du week-end dernier.
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a précisé jeudi dernier que les forces de sécurité palestiniennes avaient frappé les manifestants à coups de matraque, et les avaient attaqués avec des gaz lacrymogènes et des grenades paralysantes. Elle a ajouté que les forces de sécurité semblaient s’en prendre aux manifestantes, aux journalistes et aux passantes, dont beaucoup ont déclaré avoir été harcelées sexuellement. Elle a appelé l’Autorité palestinienne «à garantir la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le droit de se réunir pacifiquement.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com