CANNES : De Tilda Swinton à Bill Murray en passant par Timothée Chalamet... Une pluie de stars s'abat lundi sur la Croisette pour "The French Dispatch", signé Wes Anderson. Un spectacle dont le Russe Kirill Serebrennikov, lui aussi en compétition, est privé, interdit de quitter son pays.
Le film du réalisateur américain de 52 ans, tourné à Angoulême, dans le sud-ouest de la France, est l'un des plus attendus de la course à la Palme d'Or. De nombreuses stars du générique devraient avoir fait le voyage malgré la pandémie, et monter les marches sous l’œil des photographes et des badauds. Lesquelles ? Suspens, la production voulant "créer l'évènement" sur le tapis rouge.
Car le casting XXL réunit Frances McDormand et Benicio del Toro ou, côté français, Mathieu Amalric et Léa Seydoux. La présence de cette dernière a de fortes chances d'être compromise : la star de 36 ans a été testée positive il y a plusieurs jours au coronavirus et n'est plus certaine de pouvoir venir à Cannes pour ce film, ni aucun des trois autres dans lesquels elle joue cette année.
Quoi qu'il en soit, le film devrait régaler les admirateurs du travail de Wes Anderson, cinéaste à l'univers sans pareil, réputé pour son obsession pour le détail et la symétrie et dont les œuvres comme "A bord du Darjeeling Limited", "La Vie aquatique" ou "l'Ile au chiens" propagent une douce et tendre mélancolie.
"The French Dispatch" met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain, publié dans une ville française fictive du 20e siècle, selon son synopsis.
«Un film très russe»
Programmée pour 19H00 (heure de Paris), cette montée des marches en forme de feu d'artifice ne fera pas oublier le triste symbole de l'après-midi : l'absence de cinéaste russe Kirill Serebrennikov, interdit de quitter la Russie à cause d'une condamnation pénale mais dont le dernier film, "La fièvre de Petrov", en lice pour la Palme d'Or.
Une fois de plus, comme en 2017 lors de la présentation de "Leto" sur l'idole du rock soviétique Viktor Tsoï, le fauteuil du créateur russe, considéré comme l'un des plus audacieux de sa génération mais puni pour son effronterie, restera vide.
"J'espère que quand le monde entier sera à nouveau en capacité de voyager (après la pandémie, NDLR), je pourrais rejoindre le reste du monde", a-t-il déclaré dans une interview dimanche au magazine professionnel Variety. "J'ai eu ma propre histoire de confinement. Maintenant c'est une mode mondiale... Je suis une sorte de pionnier", ironise le quinquagénaire.
Le film lui-même entre en résonnance avec le monde post-Pandémie : il se déroule dans une ville en proie à une épidémie de grippe, et retrace une "longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité" entre deux amis. "C'est un film très russe, et très personnel sur nos peurs", a-t-il précisé à Variety.
Alors assigné à résidence sous surveillance policière, Serebrennikov avait dû coordonner depuis son appartement le montage de "Leto". Pour "La fièvre de Petrov", le cinéaste devait passer ses journées dans un tribunal moscovite pour son procès qu'il qualifie de "kafkaïen", et tournait la nuit.