Ils étaient plusieurs centaines à se rassembler hier place des Martyrs, pour célébrer à leur façon le centenaire du Grand Liban. Et c’est sous le signe du changement et de la « colère » que les contestataires du mouvement du 17 octobre ont crié une fois de plus leur rejet de la classe politique dirigeante, alors même qu’un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, était nommé la veille et que le président français Emmanuel Macron est en visite au Liban.
Les slogans restent imprégnés de la tragédie de la double explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier : en plus d’être taxés de corrompus, les dirigeants sont désormais aussi traités de criminels. « Nous allons évacuer tous les déchets, sans exception », pouvait-on lire sur une banderole brandie par des contestataires, en référence au slogan « Tous sans exception », qui appelle au départ de tous les dirigeants.
Partout, l’ambiance est grave, et peut-être que le symbole le plus criant de cette tristesse qui continue de peser sur la population est ce drapeau libanais dont les deux bandes rouges ont été remplacées par des bandes noires, signe d’un pays à l’agonie. Sur un podium, le mot « Beirut » en anglais est disposé sous forme de couronne mortuaire. Sur un écran géant, des vidéos repassent en boucle l’instant de la terrible explosion, et les slogans qui fustigent la classe dirigeante et revendiquent son départ.