Entre mes mains : « C’est grâce au cinéma que je me suis installé à Dubaï »

Une carte d’abonnement de cinéma qui date de l’époque où je vivais à Paris. Il y a aussi le billet d’entrée à la projection du film Saint Laurent à Cannes, c’était en 2014. (Photo fournie)
Une carte d’abonnement de cinéma qui date de l’époque où je vivais à Paris. Il y a aussi le billet d’entrée à la projection du film Saint Laurent à Cannes, c’était en 2014. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Entre mes mains : « C’est grâce au cinéma que je me suis installé à Dubaï »

  • Mon intérêt pour le cinéma a débuté très tôt, dès l’enfance, et cela grâce à ma mère qui m’a montré de nombreux films
  • Le Moyen-Orient va devenir, dans moins de dix ans, la quatrième puissance en termes de box-office, derrière les États-Unis, la Chine et la France

À sa droite, James Bond, à sa gauche, Superman. La décoration de son bureau ne laisse pas de doute sur son activité professionnelle ni sur sa passion. C’est évidemment de cinéma dont Andrei Kamarowsky, le directeur général de Gulf Film, nous parle, mais aussi de culture et de projets. Mais avant cela, je lui avais demandé d’apporter un objet qui représente son lien à Dubaï…

Que tenez-vous entre vos mains? 

Une carte d’abonnement de cinéma qui date de l’époque où je vivais à Paris. Il y a aussi le billet d’entrée à la projection du film Saint Laurent à Cannes, c’était en 2014. C’était mon dixième festival de Cannes, mais le premier auquel je me rendais pour défendre un film en sélection, ce qui est une aventure forte et inoubliable. Ces deux objets, même s’ils sont géographiquement rattachés à la France, représentent mon lien au cinéma, et c’est grâce au cinéma que je me suis installé à Dubaï il y a maintenant deux ans. 

Mon intérêt pour le cinéma a débuté très tôt, dès l’enfance, et cela grâce à ma mère qui m’a montré de nombreux films. À dix ans, j’ai reçu ma première caméra. À l’époque, je souhaitais devenir réalisateur. Après une scolarité en Belgique et au Luxembourg, j’ai fait des études de cinéma à l’université de Newcastle. J’avais entre-temps travaillé comme assistant sur des tournages au Luxembourg. Je souhaitais à tout prix œuvrer dans le milieu du cinéma. En 2004, je suis donc parti à Paris dans l’espoir de pouvoir concrétiser mon rêve. J’ai dormi sur le canapé d’une amie, j’ai été serveur pendant un an, jusqu’à décrocher ce premier poste d’attaché de presse. 

On emploie le terme «cinéma» au singulier, mais entre le cinéma dit «populaire» et le cinéma d’auteur, il y a un océan de diversités. Quel est votre type de cinéma en tant que spectateur, et en tant que distributeur? 

Mes goûts et mes affinités ont changé en même temps que j’évoluais. Avec ma mère, nous regardions surtout des comédies romantiques. Ma mère est une immigrée russo-roumaine qui a vécu sous Ceausescu, elle avait besoin d’évasion et de rêve, et c’est ce qui explique ses choix cinématographiques. J’ai découvert le cinéma d’auteur à l’âge de vingt-quatre ans, avec mon métier d’attaché de presse. Jusque-là, mon univers cinématographique était plutôt celui de Spielberg et de Tarantino, et pour la première fois je découvrais Haneke et Kitano. 

Gulf Film est l’une des premières entreprises de distribution de films dans la région du Moyen-Orient. Nos choix se portent d’abord sur des succès commerciaux qui vont, de façon quasi naturelle, trouver leur public, c’est le cas des James Bond ou des Taken par exemple. Mais nous avons aussi la volonté de faire découvrir un autre type de cinéma, plus confidentiel. 

Dans la région, le cinéma intimiste que vous mentionnez tente de se frayer un chemin au sein de l'activité cinématographique à côté des multiplexes et des blockbusters américains, quelle place y trouve-t-il? Le public est-il curieux de découvrir d’autres genres cinématographiques? 

Si les gens ne se dirigent pas vers le cinéma d’auteur, c’est parce qu’ils ne le connaissent pas et non pas parce qu’ils ne l’apprécient pas. Il y a un énorme travail de communication et de vulgarisation à effectuer. Il ne faut pas oublier que les premières salles de cinéma aux Émirats arabes unis (EAU) datent des années 1960 : les projections se déroulaient en plein air, le public assis sur des boîtes en carton. À la même époque, l’industrie du cinéma était déjà d’une grande maturité en Europe. En termes d’expériences cinématographiques, notre public est extrêmement jeune, il faut donc lui donner le temps de découvrir et d’aiguiser son regard. On observe pour l’instant un public peu exigeant qui est surtout preneur de l’expérience cinématographique, mais c’est déjà en train de changer. Il y a quelques années, on sortait une centaine de films par an (en Europe, on en sort une douzaine), mais nous sommes passés à une trentaine de films, preuve que la qualité commence à l’emporter sur la quantité. 

Une grande partie de mon métier consiste à sillonner les festivals (Cannes, Berlin, Los Angeles, Toronto, etc.) afin d’acheter les droits des films. J’achète les droits pour les salles de projection, la télévision et la vidéo à la demande, pour une période de dix à quinze ans, pour toute la région du Moyen-Orient, ce qui représente potentiellement 200 millions de spectateurs. J’achète souvent un film sur scénario, et à la lecture, je dois parvenir à me projeter pour savoir si le film trouvera son public. 

Y a-t-il des différences de comportement face aux films dans cette vaste région du Moyen-Orient? 

Bien sûr. Les Libanais sont ceux qui apprécient le plus le cinéma français; malheureusement, la situation économique et politique du pays a mis l’industrie du cinéma en berne. Le cas le plus intéressant est celui de l’Arabie saoudite: les producteurs du monde entier observent ce pays parce que cela fait à peine plus de deux ans que les cinémas y ont ouvert. On peut y observer ce que l’on a vu en France il y a cent ans, ou dans les pays de l’Europe de l’Est il y a vingt ans, c’est-à-dire un engouement fascinant pour le cinéma. L’Arabie saoudite est le premier territoire de la région en termes d’entrées au box-office, alors qu’il y a trois fois moins de salles qu’aux EAU. Il y a une réelle soif de cinéma: les salles sont ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et les gens font la queue! Les Saoudiens vont construire une quarantaine de multiplexes d’ici à 2030. Le Moyen-Orient va devenir, dans moins de dix ans, la quatrième puissance en termes de box-office, derrière les États-Unis, la Chine et la France. Cet engouement va évidemment se canaliser au fil des années, le public deviendra plus exigeant, c’est un processus non seulement normal mais souhaitable. On observe déjà des envies de films différents. De façon assez inattendue, le film coréen Minari a bien marché partout dans la région, alors qu’il s’agit d’un petit film indépendant qui était projeté en version originale sous-titrée. Nomadland a été projeté pendant de nombreuses semaines; The Father a reçu un bon accueil, même en Arabie Saoudite alors que nous pourrions penser qu’il y aurait une réticence face à ce genre de films. C’est aussi notre mission, en tant que distributeurs, de venir nourrir la curiosité du public. La prochaine étape, selon moi, serait la production de films locaux ou régionaux. Il y a de nombreux talents dans la région, mais ils ne savent pas vers qui se tourner, ils ne connaissent souvent même pas les métiers du cinéma. Mon rêve est de créer une école de cinéma gratuite et subventionnée, ouverte à tous.

C’est un rêve qui s’inscrit dans le temps long, cela signifie-t-il que vous avez posé vos valises à Dubaï pour un certain temps? 

Oui! J’aimerais y rester dix ou quinze ans si possible. Lorsque je dis que je travaille dans le cinéma à Dubaï, les gens sont souvent étonnés, et ils s’imaginent immédiatement que c’est uniquement pour des raisons financières. Je ne gagne pas plus qu’à Paris, même si les conditions de vie sont plus agréables; ce sont surtout les perspectives pour la suite qui m’ont séduit: produire des films locaux, créer une école de cinéma, distribuer des films d’auteur, éduquer le regard. J’apprécie énormément l’aspect international de cette ville. Je me suis découvert des affinités avec les locaux que je n’ai jamais eues avec les Américains de Los Angeles: il y a un sens de l’accueil, un aspect chaleureux très appréciable. En arrivant à Dubaï, mon épouse et moi savions que nous allions nous y plaire, mais nous ne nous attendions pas à ce que cela nous plaise autant: à côté du bling-bling, on a créé autant de liens avec les expatriés qu’avec les Émiratis. Il y a chez ces derniers une grande capacité d’acceptation qui n’existe pas forcément dans le sens inverse, je pense ici aux préjugés de certains Européens face au monde arabo-musulman. Il y a ici une ouverture d’esprit qui est rafraîchissante. J’ai vécu aux États-Unis, en Belgique, au Luxembourg, en France, en Allemagne, mes parents sont d’origine russe, et aujourd’hui, quand on me demande où se trouve mon chez moi, la réponse qui me vient le plus spontanément est Dubaï.

 


La musique andalouse, un art millénaire toujours vivant

Le oud (luth au ventre rebondi) fait partie des instruments à cordes les plus anciens et les plus précieux du patrimoine musical du monde arabe. (Photo fournie)
Le oud (luth au ventre rebondi) fait partie des instruments à cordes les plus anciens et les plus précieux du patrimoine musical du monde arabe. (Photo fournie)
Salim Fergani ouvrira ainsi la semaine musicale le 25 mars, Il est le fils de Mohamed Tahar Fergani, une figure légendaire du chant constantinois des années 1960-1970. (Photo IMA)
Salim Fergani ouvrira ainsi la semaine musicale le 25 mars, Il est le fils de Mohamed Tahar Fergani, une figure légendaire du chant constantinois des années 1960-1970. (Photo IMA)
Le rabbin Haim Louk (à droite), né au Maroc et vivant à Los Angeles, se produit le 29 octobre 2009 avec l'orchestre marocain Zyriab lors du 6e festival des Andalouses de l'Atlantique dans le port marocain d'Essaouira. (Photo par ABDELHAK SENNA / AF
Le rabbin Haim Louk (à droite), né au Maroc et vivant à Los Angeles, se produit le 29 octobre 2009 avec l'orchestre marocain Zyriab lors du 6e festival des Andalouses de l'Atlantique dans le port marocain d'Essaouira. (Photo par ABDELHAK SENNA / AF
La chanteuse espagnole Rosa Zaragosa, célèbre chanteuse classique andalouse, se produit lors du 40e Festival international de musique de Carthage, le 21 juillet 2004, dans le théâtre romain restauré de Carthage, près de Tunis.  (Photo de FETHI BELAID / AFP)
La chanteuse espagnole Rosa Zaragosa, célèbre chanteuse classique andalouse, se produit lors du 40e Festival international de musique de Carthage, le 21 juillet 2004, dans le théâtre romain restauré de Carthage, près de Tunis. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • C'est dans l'Espagne médiévale musulmane, au cœur d'Al-Andalus, que cet art raffiné s'est épanoui.
  • La musique andalouse puise ses racines dans un monde où cohabitaient les cultures arabe, berbère, ibérique, juive et chrétienne, créant une alchimie unique de sons, de rythmes et de poésie.

RIYAD : Entre héritage arabo-musulman et identité maghrébine, la musique andalouse continue de fasciner par sa richesse, sa poésie et sa capacité à traverser les siècles sans perdre de son éclat. Des palais de Cordoue aux scènes contemporaines du Maghreb, nous plongeons volontiers dans l'univers d'une tradition musicale savante, vivante et en constante évolution.

C'est dans l'Espagne médiévale musulmane, au cœur d'Al-Andalus, que cet art raffiné s'est épanoui. La musique andalouse puise ses racines dans un monde où cohabitaient les cultures arabe, berbère, ibérique, juive et chrétienne, créant une alchimie unique de sons, de rythmes et de poésie.

Dès le IXe siècle, le musicien Ziryab, originaire de Bagdad, transforme la cour omeyyade de Cordoue en un haut lieu de création artistique. Il introduit de nouveaux instruments, codifie les formes musicales et impose une esthétique novatrice. Plus qu’un artiste, il est l’architecte d’un art de vivre andalou qui influencera l’Europe médiévale pendant des siècles.

Après la chute de Grenade en 1492, la musique andalouse traverse la Méditerranée et se réinvente sur les terres du Maghreb. Des musiciens, des poètes et des lettrés exilés d’Espagne trouvent refuge au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Dans chaque pays, cet héritage s'enracine, se diversifie et s'adapte aux sensibilités locales.

En Algérie, trois grandes écoles se distinguent : Le malouf, né à Constantine, se distingue par son style solennel et rigoureux ; le gharnati, originaire de Tlemcen, se caractérise par ses ornements et sa mélodie ; la sanaâ, d'Alger, est considérée comme la plus subtile et expressive.

Au Maroc, la tradition des noubas marocaines s'enracine à Fès, Tétouan et Chefchaouen, dans une version très codifiée et préservée. En Tunisie, le malouf tunisien s'est enrichi d'influences ottomanes et méditerranéennes, notamment grâce au travail d'institutions comme La Rachidia.

Quelques repères essentiels

IXᵉ siècle : Ziryab codifie la musique andalouse à Cordoue

1492 : Chute de Grenade, diffusion au Maghreb

XXᵉ siècle : Institutions musicales fondées pour préserver l’héritage

Genres : Nouba, muwashshah, zajal

Instruments : Oud, qanûn, ney, violon, darbouka

Au cœur de la musique andalouse se trouve une architecture musicale savante, fondée sur la nouba, une suite musicale composée de plusieurs mouvements vocaux et instrumentaux. Chaque nouba explore un mode musical particulier et suit une progression rythmique qui va de la lente méditation à l’intensité festive. Le répertoire traditionnel compte 24 noubas, qui symbolisent les heures de la journée, même si peu d'entre elles sont jouées intégralement de nos jours.

Les instruments qui accompagnent ces pièces forment un ensemble raffiné : le oud, luth emblématique aux sonorités chaudes, le qanûn, cithare majestueuse, le kamanja (violon souvent joué à la verticale), le ney (flûte de roseau au souffle mystique), ainsi que des percussions telles que la darbouka, le tar ou le bendir.

Les textes chantés proviennent de formes poétiques anciennes, comme le muwashshah ou le zajal. Ils abordent des thèmes universels tels que l’amour mystique, la nature, la contemplation ou le lien avec le divin.

Cette musique est encore enseignée, transmise et vivante aujourd’hui. Elle résonne dans les conservatoires, les associations culturelles et lors de grands festivals.

En Algérie, le festival national de musique andalouse d'Alger et le festival du malouf de Constantine célèbrent cette tradition.

Au Maroc, des orchestres de Fès ou de Tétouan se produisent chaque année au Festival des musiques sacrées du monde.

En Tunisie, le malouf est intégré aux cursus de l'Institut supérieur de musique de Tunis et valorisé par des scènes nationales.

Ce répertoire ancien continue de séduire de nouveaux publics grâce à des artistes qui le modernisent sans le trahir. Parmi eux, on retrouve notamment Beihdja Rahal, une figure majeure en Algérie, dont l'interprétation rigoureuse séduit également les jeunes générations.

Au Maroc, Amina Alaoui mêle andalou, fado et flamenco avec une élégance rare. 

En Tunisie, Lotfi Bouchnak, maître du malouf au charisme reconnu, et Jordi Savall, musicien catalan qui a permis à la musique d’Al-Andalus de retrouver une dimension méditerranéenne universelle.

Grâce à ces artistes, la musique andalouse prouve qu'elle n'est pas un art du passé, mais un patrimoine vivant, capable d'émouvoir, de s'adapter et de dialoguer avec les musiques du monde entier. 


L'alternance linguistique est devenue la norme pour les jeunes Saoudiens

Le mélange des langues peut être considéré non pas comme une dilution de l'héritage, mais comme le reflet d'une génération tournée vers l'extérieur. (Shutterstock/KSGAAL)
Le mélange des langues peut être considéré non pas comme une dilution de l'héritage, mais comme le reflet d'une génération tournée vers l'extérieur. (Shutterstock/KSGAAL)
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  • Une étude réalisée en 2024 par Kais Sultan Mousa Alowidha à l'université de Jouf a révélé que les Saoudiens bilingues passent souvent de l'arabe à l'anglais en fonction du contexte, en particulier dans des situations décontractées ou professionnelles. 
  • Un expert déclare à Arab News que cette "question multidimensionnelle" mérite d'être reconnue.

RIYAD : Dans la société saoudienne de plus en plus mondialisée, en particulier chez les jeunes des grandes villes, il est facile de mélanger les langues, passant souvent de l'arabe à l'anglais au cours d'une même conversation.

Ce phénomène, connu sous le nom de "code-switching", est devenu une norme linguistique qui reflète l'évolution de la dynamique sociale, de la culture et de l'identité.

Une étude réalisée en 2024 par Kais Sultan Mousa Alowidha à l'université de Jouf a révélé que les Saoudiens bilingues passent souvent de l'arabe à l'anglais en fonction du contexte, en particulier dans des situations décontractées ou professionnelles. 

Le mélange des langues peut être considéré non pas comme une dilution de l'héritage, mais comme le reflet d'une génération tournée vers l'extérieur. (Fourni)
Le mélange des langues peut être considéré non pas comme une dilution de l'héritage, mais comme le reflet d'une génération tournée vers l'extérieur. (Fourni)

Les étudiants saoudiens qui ont étudié ou grandi à l'étranger se retrouvent à passer d'une langue à l'autre presque inconsciemment.

Abdullah Almuayyad, un Saoudien en dernière année d'études à l'université de Washington, à Seattle, qui a passé plus de la moitié de sa vie aux États-Unis, a parlé à Arab News de son expérience des deux langues.

"Le confort dépend vraiment du contexte", a-t-il déclaré. "Au quotidien, je suis aussi à l'aise dans l'une que dans l'autre, mais c'est le contexte qui compte.

Faits marquants

L'Académie mondiale du roi Salman pour la langue arabe, à Riyad, a lancé plusieurs initiatives visant à renforcer la maîtrise de l'arabe, tant pour les locuteurs natifs que pour les apprenants non natifs.

Une étude réalisée en 2024 par l'université de Jouf a révélé que les Saoudiens bilingues passent souvent de l'arabe à l'anglais en fonction du contexte, en particulier dans des situations occasionnelles ou professionnelles.

Dans le monde des affaires, il opte par défaut pour l'anglais en raison de son éducation et de son expérience professionnelle, mais l'arabe lui semble plus naturel dans les contextes familiaux ou décontractés.

"Parfois, mes amis se moquent de moi parce que je commence une phrase en arabe, que j'aborde un concept commercial complexe et que je passe à l'anglais en cours de route.

Ce changement mental, explique-t-il, est souvent lié à des associations linguistiques spécifiques à un sujet.

Certains sujets sont associés à une langue spécifique dans son cerveau. "Une fois que le sujet apparaît, la langue correspondante suit automatiquement.

Au niveau institutionnel, les efforts de préservation et de promotion de l'arabe gagnent du terrain en Arabie saoudite.

L'Académie mondiale du roi Salman pour la langue arabe, à Riyad, a lancé plusieurs initiatives visant à renforcer la maîtrise de l'arabe, tant pour les locuteurs natifs que pour les apprenants non natifs.

Grâce à des partenariats universitaires, des outils numériques et des programmes de formation, l'académie joue un rôle clé en veillant à ce que l'arabe reste une langue vivante et accessible.

L'institut est le reflet d'une volonté nationale plus large de renforcer l'identité culturelle dans le contexte des changements linguistiques induits par la mondialisation.

Majd Tohme, linguiste principal chez SURV Linguistics à Riyad, a déclaré à Arab News que le changement de code était "une question très multidimensionnelle".

Il a souligné que le débat ne devrait pas porter sur la question de savoir si l'alternance codique est bonne ou mauvaise.

"Ce que nous devons nous demander, c'est si l'alternance codique fonctionne dans le contexte quotidien. Et si c'est le cas, n'est-ce pas là l'objectif de tout modèle linguistique ?

Il ajoute que le purisme linguistique risque de passer complètement à côté de la question.

"Il n'est pas nécessaire de s'engager dans ce puritanisme linguistique... et l'alternance codique n'est pas vraiment quelque chose de nouveau. Les langues sont des organismes vivants qui évoluent", a-t-il expliqué.

De nombreux mots que nous considérons aujourd'hui comme natifs ont des origines étrangères, comme le persan ou les langues européennes, en particulier dans les domaines de la science et de la technologie.

L'érosion de l'arabe suscite néanmoins des inquiétudes. M. Tohme a reconnu l'existence de cette menace, mais a précisé qu'elle ne concernait pas uniquement l'arabe.

"C'est une menace pour toutes les langues", a-t-il déclaré, en particulier à l'ère de la communication mondialisée où l'internet est devenu un espace partagé dominé par l'anglais.

"Le monde entier partage désormais un seul et même Internet", a-t-il expliqué. "C'est comme un immense terrain de jeu où 8 milliards de personnes essaient de communiquer les unes avec les autres.

Pourtant, il y a des signes d'équilibre.

Almuayyad, par exemple, se met activement au défi, ainsi que ses pairs, de préserver la maîtrise de l'arabe.

"En quatrième, même si mes amis et moi préférions l'anglais, nous nous sommes mis d'accord pour ne parler qu'en arabe jusqu'à ce que cela nous paraisse naturel", explique-t-il. "Plus tard, lorsque mon arabe a rattrapé son retard, j'ai changé et je n'ai plus parlé qu'en anglais avec les amis qui voulaient s'entraîner.

Pour beaucoup, notamment dans les grandes villes d'Arabie saoudite, le bilinguisme ne signifie plus choisir entre une langue et l'autre.

L'incitation constante à se dépasser permet aux deux langues de rester actives et de se développer.

L'étude de l'université Jouf a montré que les Saoudiens bilingues s'identifient fortement à leurs deux langues et ne pensent pas que parler anglais revient à nier leur identité culturelle.

Elle a également conclu que l'alternance des codes est souvent nécessaire dans les grandes villes en raison de l'abondance de locuteurs non arabes dans les environnements publics et professionnels.

Par conséquent, l'alternance codique, en particulier dans le Royaume, semble être moins une question de perte d'identité qu'une question de fonctionnalité.

Alors que l'Arabie saoudite s'ouvre au monde et embrasse le multiculturalisme dans le cadre de Vision 2030, ce mélange des langues pourrait être considéré non pas comme une dilution de l'héritage, mais comme le reflet d'une génération tournée vers l'extérieur.

Selon M. Tohme, l'impact psychologique d'un séjour de quelques années à l'étranger suivi d'un retour dans son pays d'origine ne doit pas être sous-estimé.

Les étudiants développent une certaine nostalgie de leur pays d'origine après avoir passé tant d'années à l'étranger à parler couramment une langue étrangère. Ils peuvent développer la détermination de faire un effort conscient pour renforcer à nouveau leurs compétences en langue arabe.

Almuayyad est quelqu'un qui peut comprendre cela et il dit que s'il avait passé toute sa vie dans le Royaume, son développement linguistique n'aurait peut-être pas été si différent.

"Je vois beaucoup de gens en Arabie saoudite qui utilisent librement l'anglais parce que les médias mondiaux et le contenu en ligne sont si dominants", explique-t-il.

Cependant, il admet que le fait de grandir dans un seul endroit peut limiter l'envie de sortir de sa zone de confort linguistique. "Mon exposition à deux cultures m'a forcé à pratiquer cet étirement en permanence.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Asharq News renforce « Da'erat Asharq » en lui insufflant une orientation politique plus marquée

Présenté par la journaliste Mirasha Ghazi, chaque épisode se penche sur les contextes complexes qui sous-tendent les événements en cours, guidé par un dialogue équilibré et une enquête rigoureuse. (Photo Fournie)
Présenté par la journaliste Mirasha Ghazi, chaque épisode se penche sur les contextes complexes qui sous-tendent les événements en cours, guidé par un dialogue équilibré et une enquête rigoureuse. (Photo Fournie)
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  • Le programme quotidien propose des conversations en tête-à-tête avec les meilleurs rédacteurs et analystes de toutes les plateformes SRMG, analysant les développements régionaux et mondiaux.
  • "Da'erat Asharq reflète notre mission éditoriale qui consiste à fournir un contenu crédible et une analyse approfondie", a déclaré le Dr Nabeel Al Khatib, directeur général d'Asharq News.

RIYAD : Asharq News a lancé une nouvelle édition de son programme politique quotidien "Da'erat Asharq", qui revient avec un format renouvelé et une analyse plus approfondie des développements politiques qui façonnent le paysage régional et international.

L'émission propose des conversations approfondies en tête-à-tête avec des journalistes, des analystes et des experts de premier plan issus du Saudi Research and Media Group (SRMG), donnant vie à un écosystème éditorial partagé qui enrichit la programmation analytique d'Asharq News.

Présenté par la journaliste Mirasha Ghazi, chaque épisode explore les contextes complexes qui sous-tendent les événements en cours, guidé par un dialogue équilibré et une enquête rigoureuse. Le programme s'appuie sur les forces éditoriales des organes phares de la SRMG, notamment "Asharq Al-Awsat", "Independent Arabia", "Al Majalla" et "Arab News", offrant des perspectives fiables enracinées dans une expertise du monde réel.

"Da'erat Asharq reflète notre mission éditoriale qui consiste à fournir un contenu crédible et une analyse approfondie", a déclaré le Dr Nabeel Al Khatib, directeur général d'Asharq News.

"À une époque où le bruit politique est omniprésent, le public a besoin de points de vue objectifs et de conversations sérieuses, et c'est exactement ce qu'offre ce programme.

Ghassan Charbel, rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat, a ajouté : "Notre ambition est de proposer des analyses de haute qualité qui aident le public à mieux comprendre la région et le monde, grâce à la profondeur et au talent de nos journalistes et de nos analystes".

Odwan Al Ahmari, rédacteur en chef d'Independent Arabia, a déclaré : "Cette initiative s'inscrit dans la vision du groupe en matière d'intégration éditoriale. Nous sommes fiers de contribuer à ce projet prometteur qui encourage la collaboration et la création de contenus partagés."

Ibrahim Hamidi, rédacteur en chef d'Al Majalla, a fait remarquer : "Ce partenariat renforce l'alignement éditorial sur les plateformes de la SSRM. Notre contribution comprend des commentaires approfondis de certaines des voix les plus respectées dans le monde arabe et au-delà."

Faisal Abbas, rédacteur en chef d'Arab News, a déclaré : "Nous sommes heureux de participer à ce programme en apportant une perspective internationale qui s'étend de Tokyo à Toronto, renforçant ainsi notre étroite collaboration éditoriale avec Asharq.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com