PARIS : Le groupe Stellantis, né cette année de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, a présenté jeudi une multitude de projets pour accélérer sa transition électrique face à ses concurrents.
Pour rivaliser avec Volkswagen, Renault ou Volvo, qui ont présenté d'ambitieuses feuilles de route électriques début 2021, Stellantis compte investir 30 milliards d'euros dans l'électrification de ses gammes d'ici 2025 et dans les logiciels, a précisé le directeur général du groupe Carlos Tavares lors d'une grand-messe en ligne.
A horizon 2030, avec une gamme "dotée presque à 100% de versions électriques, le sixième constructeur mondial compte vendre plus de 70% de voitures à faibles émissions (électriques ou hybrides) en Europe et plus de 40% de voitures et utilitaires aux Etats-Unis.
"C'est un des engagements les plus agressifs dans le secteur", a souligné l'analyste du site iSeeCars, Karl Brauer. "Les plus grands constructeurs se lancent dans la bataille pour déployer rapidement cette technologie et saisir leur part du marché électrique, alors que le monde s'écarte des moteurs à combustion".
Quatorze marques à électrifier
Chacune des 14 marques du groupe, de Peugeot à Chrysler en passant par Jeep, Citroën et Maserati, doit monter en tension dans les prochaines années.
Opel sera 100% électrique en Europe d'ici 2028. La marque à l'éclair compte également se lancer en Chine avec des voitures électriques, et promet une version à batterie de sa sportive des années 1970, la Manta, pour le "milieu de la décennie", a annoncé son directeur Michael Lohscheller.
Fiat deviendra aussi 100% électrique "dès que le prix des voitures électriques approchera celui des thermiques", soit entre 2025 et 2030, a indiqué son directeur Olivier François.
Aux Etats-Unis, la marque sportive Dodge promet une "muscle car" (une sportive surpuissante) électrique pour 2024. Ram lancera la même année la construction d'une version électrique de son pick-up star, le 1500, pour rivaliser avec le F150 de Ford. Jeep prévoit une version hybride rechargeable pour chacun de ses baroudeurs.
Ces annonces surviennent quelques mois après la fusion des deux groupes, mais surtout quelques jours avant une révolution pour l'industrie automobile européenne.
La Commission européenne doit en effet proposer mercredi de nouvelles règlementations pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. Selon plusieurs sources, elle envisagerait la suppression complète des émissions automobiles à partir de 2035. Stellantis "s'adaptera" à ces normes, a indiqué Carlos Tavares.
Préserver les marges
Le groupe doit produire ses premières batteries en 2023 dans son usine française de Douvrin puis à Kaiserlautern, en Allemagne. Il a confirmé jeudi que son usine de moteurs de Termoli, dans le sud de l'Italie, deviendrait sa troisième usine de batteries et compte en ouvrir deux autres en Europe et en Amérique du Nord, pour un total de 260 gigawattheures en 2030.
A partir de 2024, le groupe prévoit d'utiliser deux chimies de batteries différentes, selon les besoins de chaque modèle: une batterie au nickel à haute densité énergétique et une autre évitant l'utilisation de nickel et de cobalt.
Stellantis a également promis pour 2026 la première batterie "concurrentielle" à électrolyte solide ("solid state") et compte développer des solutions de recyclage.
En réalisant des synergies, des économies sur sa production, et en misant sur une baisse de 40% du coût des batteries d'ici 2024, le groupe vise une marge opérationnelle "à deux chiffres" d'ici 2026, a indiqué M. Tavares. Le groupe a déjà revu à la hausse sa marge nette du premier semestre, qui devrait dépasser la fourchette de 5,5 à 7,5% communiquée début 2021, malgré une production plus faible que prévu.
"Notre mission désormais est de maintenir ou d'améliorer nos marges alors que les subventions à l'achat de ces véhicules vont progressivement disparaître", a précisé le directeur général du groupe, qui avait fait de PSA un modèle de profitabilité.
Pour convaincre davantage les investisseurs, le nouveau groupe compte présenter bientôt sa feuille de route dans l'informatique embarquée, et sa stratégie pour s'installer sur le marché chinois.
Stellantis perdait jeudi plus de 3% à la clôture des bourses de Milan et Paris, et 2,65% à 20H à New York.