L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

L'assassinat de son président plonge Haïti dans l'inconnu

Le président haïtien Jovenel Moise prend la parole le 13 mars 2017 à Port-au-Prince pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l'accident de la route qui a coûté la vie à 38 personnes la veille aux Gonaïves (Photo, AFP)
  • L'Union européenne s'est inquiétée d'une «spirale de violence» par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un «lâche assassinat»
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit «profondément choqué» par cet assassinat

PORT-AU-PRINCE: Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné par un commando armé mercredi en pleine nuit à son domicile, le Premier ministre par intérim décrétant dans la foulée l'état de siège dans le pays des Caraïbes encore davantage plongé dans la crise. 

« Nous avons décidé de déclarer l'état de siège dans tout le pays », a déclaré Claude Joseph dans un discours en créole, octroyant ainsi des pouvoirs renforcés à l'exécutif pour quinze jours. 

Il a promis que « les auteurs, les assassins de Jovenel Moïse paieraient pour ce qu'ils ont fait devant la justice ». 

M. Joseph avait annoncé plus tôt mercredi l'attaque ayant causé la mort du président. 

« Le président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l'anglais et l'espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République », a-t-il affirmé. 

Selon l'ambassadeur haïtien aux Etats-Unis, Bocchit Edmond, le commando était composé de mercenaires « professionnels » s'étant fait passer pour des responsables de l'agence américaine anti-drogues et qui pourraient avoir déjà quitté le pays. 

L'épouse de M. Moïse, blessée dans l'attentat qui a eu lieu vers 01H00 locale (05H00 GMT) va être évacuée à Miami pour être soignée, a-t-il précisé. 

Cet événement menace de déstabiliser le pays le plus pauvre des Amériques, déjà confronté à une double crise politique et sécuritaire. 

Le Premier ministre a appelé la population au calme et fait savoir que la police et l'armée allaient assurer le maintien de l'ordre. 

« La situation sécuritaire est sous contrôle », a-t-il assuré. 

Les rues de la capitale Port-au-Prince étaient calmes mercredi matin, sans présence renforcée de la police ou des forces de sécurité, selon des témoins. 

Le président américain Joe Biden a condamné cet « acte odieux », disant les Etats-Unis prêts à apporter leur aide au pays en crise. 

L'Union européenne s'est inquiétée d'une « spirale de violence » par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell et Paris a dénoncé un « lâche assassinat ». 

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence jeudi, s'est dit « profondément choqué » par cet assassinat. 

En réaction, la République dominicaine a ordonné mercredi la « fermeture immédiate » de sa frontière avec Haïti, les deux pays partageant la même île. 

Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 sur une promesse de développement de l'économie du pays et avait pris ses fonctions le 7 février 2017. 

Actif dans plusieurs domaines économiques, dont l'exploitation de bananeraies, il n'avait alors quasiment aucune expérience en politique au moment de son élection et était très peu connu de ses compatriotes. 

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Le président haïtien Jovenel Moise se tient avec sa femme, au Parlement haïtien à Port-au-Prince, le 7 février 2017 (Photo, AFP)

 

Jovenel Moïse, entrepreneur prospère puis président au destin tragique

Le président haïtien Jovenel Moïse a connu une fructueuse carrière d'entrepreneur avant un mandat à la présidence au cours duquel il a vu le soutien de la population s'éroder, son pouvoir étant largement critiqué. 

Elu en 2016 au terme d'un marathon électoral mouvementé, il était inconnu du grand public au printemps 2015 lorsqu'il est apparu sur la scène politique.  

C'est finalement très isolé, avec un parlement suspendu et gouvernant par décrets, qu'il a terminé de façon tragique son mandat unique, à l'âge de 53 ans, cible d'une attaque à son domicile.  

Ce père de deux enfants a été incapable d'arrêter la spirale descendante de sa nation, la plus pauvre du continent américain, et notamment les violences qui gangrènent la vie des habitants. 

Issu d'une famille modeste - un père mécanicien et agriculteur, une mère couturière et commerçante -, ce natif de Trou du Nord, dans le département du Nord-Est, poursuit des études jusqu'à la Faculté des sciences de l'éducation à l'université haïtienne Quisqueya. 

Sa famille s'était installée dans la capitale Port-au-Prince en 1974. En 1996, tout jeune marié avec sa camarade de classe Martine, il retourne dans son département natal avec un rêve: refaire de Haïti une contrée « essentiellement agricole » en développant l'arrière-pays. 

Selon la biographie disponible sur son site internet, il crée alors grâce à des fonds de capital-investissement un commerce de pièces détachées automobiles et une première plantation de bananes de 10 hectares. 

Sa dernière bananeraie biologique est la plus vaste du pays (près de 1 000 hectares). D'où son surnom après son entrée en lice dans la course à la présidence: « Nèg Bannan nan », soit « l'homme-banane » en créole. 

Sensibilisé à l'importance de l'eau potable, il noue un partenariat avec le spécialiste Culligan et ouvre en 2001 une usine de distribution dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest. Puis il s'intéresse à l'électrification régionale, créant en 2008 avec des associés une société ad hoc. 

En 2012, il lance la première zone franche agricole d'Haïti, et y installe sa société Agritrans pour laquelle il a décroché un prêt participatif de six millions de dollars auprès du gouvernement de son prédécesseur Michel Martelly. 

D'après le site de M. Moïse, ce dispositif a permis de développer des dizaines de projets agricoles et « de créer près de 3 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects ». 

Violence des gangs 

Haïti est gangrené par l'insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d'une quasi impunité. Une situation qui valait à Jovenel Moïse, accusé d'inaction face à la crise, d'être confronté à une vive défiance d'une bonne partie de la société civile. 

Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l'anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis et l'Europe appelaient à la tenue d'élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d'ici la fin 2021. 

Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d'un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, avec justement pour mission la tenue d'élections. 

Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement et alors que la durée de son mandat faisait l'objet de contestations, Jovenel Moïse avait également mis en chantier une réforme institutionnelle. 

Un référendum constitutionnel initialement prévu en avril, reporté une première fois au 27 juin puis à nouveau en raison de l'épidémie de Covid-19, devait se tenir le 26 septembre. La réforme avait pour but de renforcer les prérogatives de l'exécutif. 

Mais c'est dans les rues de Port-au-Prince que la détérioration de la situation du pays est la plus évidente. 

Depuis début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l'ouest de Port-au-Prince paralysent toute circulation entre la moitié sud du pays et la capitale haïtienne. 

Des milliers d'habitants du quartier très pauvre de Martissant, disputé par les gangs, ont été contraints de fuir leur logement et ont dû être accueillis par des proches ou dans des gymnases. 

Le 30 juin, 15 personnes avaient été tuées dans une fusillade en plein Port-au-Prince, dont un journaliste, Diego Charles, et une militante politique d'opposition, Antoinette Duclair. 

Et, en avril, l'enlèvement et la séquestration de plusieurs religieux catholiques, dont deux Français, avaient choqué jusqu'au-delà des frontières du pays. 

Sur le terrain politique, Jovenel Moïse aura nommé pas moins de sept Premiers ministres au cours de son mandat. Le dernier en date, Ariel Henry, n'aura pas pu entrer en fonction. 

« Ma mission est simple. Le président m'a chargé de créer un environnement propice à l'organisation d'élections inclusives, avec une forte participation », avait-il déclaré mardi. 

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Des habitants nettoient les débris laissés par les inondations causées par l'ouragan Matthew, à Jérémie, en Haïti, le 8 octobre 2016 (Photo, AFP)

 

Instabilité, pauvreté, séismes: quatre choses à savoir sur Haïti

Ile partagée  

Haïti occupe un tiers de l'île caribéenne d'Hispaniola, entre Cuba et Porto Rico, qu'elle partage avec la République dominicaine.  

Sa population s'élève à 11,4 millions d'habitants, selon la Banque mondiale.  

Sous domination espagnole jusqu'en 1697, puis française, Haïti est devenue la première république noire indépendante en 1804 après une révolte des esclaves menée par Toussaint Louverture. 

Instabilité politique chronique 

Depuis l'indépendance, Haïti a connu une succession de dictatures, entrecoupées de quelques alternances démocratiques et d'occupations étrangères. 

De 1957 à 1986, François Duvalier (dit « Papa doc »), puis son fils Jean-Claude (« Baby doc »), soumettent la population à un contrôle total sous la coupe d'escadrons de la mort, les « tontons macoutes ». Chassé par une révolte populaire en 1986, « Baby doc » s'exile en France pendant 25 ans, avant de revenir à Haïti, où il mourra en 2014. 

En 1990, le prêtre Jean-Bertrand Aristide est élu à la première élection libre. Renversé par un coup d'Etat en 1991, il s'exile, puis regagne Haïti en 1994 après une intervention américaine. Un de ses proches, René Préval, prend la présidence en 1996.  

Jean-Bertrand Aristide redevient président en 2001. Sous pression américaine, française et canadienne, d'une insurrection armée et d'une révolte populaire, il démissionne en 2004 et s'exile. René Préval, revenu au pouvoir en 2006, est le seul dirigeant haïtien à avoir achevé ses deux mandats autorisés par la Constitution.  

Un des pays les plus pauvres 

Haïti reste le pays le plus pauvre de l'Amérique latine et des Caraïbes et l'un des plus pauvres au monde, selon la Banque mondiale (BM), avec 60% de sa population sous le seuil de pauvreté.  

Il est classé 170e sur 189 par le Pnud pour son indice de développement humain. 

Son PIB s'est contracté de 3,8% environ en 2020, la pandémie de coronavirus ayant exacerbé l'économie déjà faible et l'instabilité politique, selon la Banque mondiale. 

C'est l'une des rares nations n'ayant pas encore commencé sa campagne de vaccination contre le Covid-19. 

Dans ce pays très inégalitaire, la majorité des habitants n'a pas accès aux soins de santé de base. 

Séismes et ouragans 

Haïti est très vulnérable face aux catastrophes naturelles, auxquelles est exposée 96% de sa population (BM). 

Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 dévaste la capitale Port-au-Prince et sa région, faisant plus de 200 000 morts, plus de 300 000 blessés ainsi que 1,5 million de sans-abris.  

Une grande partie des milliards d'aide internationale promis n'arrive jamais et les efforts du pays pour se relever sont ralentis par l'instabilité politique. 

En 2018, un scandale éclate concernant des abus sexuels commis par certains employés de l'ONG britannique Oxfam après ce séisme. 

En outre, plus de 10 000 Haïtiens sont morts du choléra, introduit dans le pays en 2010 par des Casques bleus népalais.  

En 2016, Haïti est ravagé par l'ouragan Matthew (plus de 500 morts, près de 2 milliards de dollars de dégâts). 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.