Afghanistan: les talibans attaquent une première grande ville

Le chef du conseil provincial de Badghis, Abdul Aziz Bek, avait confirmé plus tôt à l'AFP l'entrée des talibans et les combats dans la ville. (AFP)
Le chef du conseil provincial de Badghis, Abdul Aziz Bek, avait confirmé plus tôt à l'AFP l'entrée des talibans et les combats dans la ville. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 08 juillet 2021

Afghanistan: les talibans attaquent une première grande ville

  • Après que l'armée américaine eut annoncé avoir achevé «à plus de 90%» son retrait d'Afghanistan, les talibans sont entrés mercredi matin dans Qala-i-Naw
  • «La prison de la ville a été ouverte et environ 200 prisonniers se sont enfuis»

HERAT: Les talibans ont lancé mercredi leur première offensive contre une capitale provinciale d'Afghanistan, Qala-i-Naw, depuis le début en mai de leur campagne tous azimuts contre les forces afghanes, lancée à la faveur du retrait des troupes américaines du pays, désormais quasiment terminé.

Quelques heures après que l'armée américaine eut annoncé avoir achevé "à plus de 90%" son retrait d'Afghanistan, les talibans, qui se sont emparés depuis mai d'importantes portions rurales du territoire afghan et rapprochés de plusieurs grandes villes, sont entrés mercredi matin dans Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis, dans le Nord-Ouest du pays, où les combats se poursuivent, selon les autorités locales.

"L'ennemi est entré dans la ville, tous les districts (alentour, ndlr) sont tombés, les combats ont commencé en ville", a déclaré le gouverneur de Badghis, Hessamuddin Shams, dans un SMS à des journalistes.

Le chef du conseil provincial de Badghis, Abdul Aziz Bek, avait confirmé plus tôt 'entrée des talibans et les combats dans la ville.

"La nuit dernière, des responsables des services de sécurité de la province se sont rendus aux talibans et ces derniers étaient en ville ce (mercredi) matin", a indiqué Abdul Aziz Bek.

"Les combats continuent en ce moment même dans diverses parties de la ville", a-t-il ajouté, précisant que "la prison de la ville a été ouverte et environ 200 prisonniers se sont enfuis".

Membre du conseil provincial, Zia Gul Habibi, a précisé que les insurgés s'étaient emparés du siège de la police et du QG local du NDS, les services afghans de renseignement.

"Les responsables de la province se sont réfugiés dans un camp militaire en ville", dans laquelle "les combats continuent", a-t-elle poursuivi.

Le gouverneur Shams a assuré plus tard dans un message vidéo publié sur Facebook, dans lequel il apparaît un fusil d'assaut sur l'épaule et des chargeurs sur la poitrine, que "toutes les forces de sécurité (...) défendent la ville" et que "l'ennemi a subi des pertes et est défait", alors que résonnent des rafales de tirs nourris.

Il a aussi affirmé dans un message audio que les talibans "se retiraient" après avoir "subi des pertes".

Les talibans commettent expulsions et pillages, selon Human Rights Watch

Les talibans ont expulsé des personnes de leurs domiciles dans le nord de l'Afghanistan, et pillent ou incendient certaines habitations, au moment où ils redoublent leur offensive contre les forces gouvernementales, a dénoncé mercredi Human Rights Watch.

Selon l'ONG, des habitants de Bagh-e Sherkat, dans la province de Kunduz, ont rapporté avoir reçu un avertissement sonore des insurgés fin juin, leur demandant de quitter leur domicile dans les deux heures "pour leur propre sécurité".

Selon Human Rights Watch, des habitants interrogés par téléphone ont indiqué que quelque 600 familles avaient dû quitter la ville, que les talibans avaient menacé des personnes ayant soutenu le gouvernement afghan et que certains de leurs combattants avaient pillé et mis le feu à des maisons.

"Les représailles des talibans contre des civils soupçonnés d'avoir soutenu le gouvernement sont un avertissement de mauvais augure concernant le risque que des atrocités soient commises à l'avenir", a jugé Patricia Gossman, directrice Asie de Human Rights Watch.

"Les dirigeants talibans ont le pouvoir d'empêcher leurs troupes de commettre ces abus mais n'ont pas montré pour l'instant qu'ils en avaient l'intention", a-t-elle ajouté.

L'ONG rapporte notamment le témoignage d'une femme, veuve de 45 ans: "Ils (les talibans) ont dit que je devais partir car nous avions aidé les +infidèles+. Cela faisait 20 ans que je vivais dans ce village. Maintenant, je vis à Faizabad, sous une tente."

«Effet psychologique»

"Tout le monde était terrifié dans la matinée quand les gens ont entendu que les talibans étaient entrés en ville (...) On a rapidement entendu des tirs et des explosions", a raconté Aziz Tawakoli, un habitant de Qala-i-Naw. "Désormais les explosions sont audibles au loin, des hélicoptères et avions survolent la ville et frappent parfois des endroits de la ville".

Parallèlement mercredi, des délégations du gouvernement afghan et des talibans se sont rencontrées à Téhéran, a annoncé le ministère iranien des Affaires étrangères, après des mois de négociations au point mort au Qatar.

"Aujourd'hui, le peuple et les dirigeants d'Afghanistan doivent prendre des décisions difficiles pour l'avenir de leur pays", a souligné le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à l'ouverture des discussions, en saluant le départ américain du territoire de son voisin de l'Est.

Les talibans se sont récemment rapprochés d'Hérat, capitale de la province du même nom, frontalière de l'Iran.

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a confirmé qu'une "délégation de haut niveau" était en Iran "à l'invitation officielle" de Téhéran pour y rencontrer des "personnalités afghanes" et discuter de "la situation actuelle du pays et trouver des solutions via des pourparlers".

Entamé en mai, le retrait des troupes américaines a été mené tambour battant, malgré l'avancée inexorable des talibans et le recul des forces afghanes, désormais privées du crucial appui aérien américain.

Les forces américaines et de l'Otan avaient évacué la semaine passée la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, plus importante installation militaire de la coalition en Afghanistan et centre névralgique de ses opérations sur place depuis l'entrée des troupes américaines dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Le retrait définitif de l'armée américaine sera terminé d'ici la fin août, selon la Maison Blanche. Il mettra un point final à 20 ans d'intervention américaine dans le pays, la plus longue guerre menée par les Etats-Unis dans leur histoire.

Les talibans avaient brièvement tenté en juin d'attaquer Kunduz, capitale de la province du même nom dans le nord du pays. Mais l'entrée des talibans dans Qala-i-Naw devrait porter un nouveau coup au moral - déjà considérablement affaibli - des forces afghanes, selon les analystes.

La prise de Qala-i-Naw par les talibans serait "un succès stratégique, car cela aura un effet psychologique sur les forces afghanes qui perdent du terrain rapidement, comme des dominos face à une force inarrêtable", explique Nishank Motwani, chercheur spécialisé sur l'Afghanistan.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.