Sur la base de Bagram, des soldats afghans livrés à eux-mêmes

Située à 50 km au nord de Kaboul, la base de Bagram est un élément-clé de la sécurité de la capitale et protège aussi une large partie du Nord montagneux du pays, où les insurgés talibans multiplient les offensives ces dernières semaines et ne cessent de gagner du terrain. (Photo, AFP)
Située à 50 km au nord de Kaboul, la base de Bagram est un élément-clé de la sécurité de la capitale et protège aussi une large partie du Nord montagneux du pays, où les insurgés talibans multiplient les offensives ces dernières semaines et ne cessent de gagner du terrain. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

Sur la base de Bagram, des soldats afghans livrés à eux-mêmes

  • « Nous n'avions aucun calendrier pour leur départ. Ils ne nous ont pas dit quand ils sont partis », se plaint un général
  • Les Talibans ont dans leur ligne de mire l’immense prison de la base où sont détenus 5000 de leurs combattants

BAGRAM : Après le départ des soldats américains de la base aérienne de Bagram, les soldats afghans se retrouvent livrés à eux-mêmes, avec des milliers de prisonniers talibans sous leur garde et la certitude que l'ennemi va attaquer.

Centre névralgique de la coalition internationale durant ses 20 ans de présence en Afghanistan, le tentaculaire complexe militaire, véritable ville miniature ayant abrité des dizaines de milliers de soldats étrangers, est désormais largement désert.

Et le départ des troupes américaines de Bagram, l'une des ultimes étapes avant leur départ définitif du pays d'ici la fin août, y a laissé un vide en matière de sécurité que l'armée afghane peine à remplir.

"Vous savez, si on se compare aux Américains, il y a une grande différence", a expliqué lundi à des journalistes invités à la visiter, le nouveau commandant de la base, le général afghan Mirassadullah Kohistani, admettant sans langue de bois que les forces afghanes ne sont pas aussi "puissantes" que les américaines.

"Mais en fonction de nos capacités (...) nous essayons de faire de notre mieux", a-t-il ajouté.

Le général Kohistani affirme n'avoir appris le départ des forces étrangères de la base qu'une fois celles-ci parties. "Nous n'avions aucun calendrier pour leur départ. Ils ne nous ont pas dit quand ils sont partis", se plaint-il.

"L'heure exacte du départ n'a pas été révélée pour des questions de sécurité des opérations", a justifié mardi à Washington un porte-parole du Pentagone John Kirby.

"Nous avons estimé en général qu'il valait mieux garder cette information dans un cercle aussi étroit que possible", a-t-il ajouté, tout en affirmant que les autorités militaires et politiques afghanes avaient été informées deux jours plus tôt, et avaient pu visiter Bagram en amont.

Située à 50 km au nord de Kaboul, la base est un élément-clé de la sécurité de la capitale et protège aussi une large partie du Nord montagneux du pays, où les insurgés talibans multiplient les offensives ces dernières semaines et ne cessent de gagner du terrain.

Le général Kohistani assure qu'il a "suffisamment" de soldats et qu'ils sont capables d'empêcher les talibans de s'emparer de la base.

Mais les 3000 hommes sous son commandement ne représentent qu'un infime pourcentage des effectifs américains et alliés qui y étaient présents quand la base tournait à plein régime.

Piscines, cinémas, spas, burgers et pizzas de grandes chaînes américaines de fast-food veillaient au moral des soldats américains.

Mais les salles de divertissement et les magasins sont désormais fermés. Les fenêtres brisées des réfectoires laissent s'échapper une odeur de pourriture venant de boîtes de nourriture périmée.

« Pas ici pour dormir »

Le nouveau commandant de Bagram dit déjà recevoir des informations selon lesquelles les talibans "font mouvement dans les zones rurales" alentour.

Et ses hommes sont certains qu'une attaque est inéluctable. "L'ennemi est déterminé et va évidemment essayer d'attaquer ici", explique Rafiullah, soldat du rang, alors qu'un hélicoptère décolle derrière lui, "mais nous ne leur en laisserons pas l'opportunité".

Un des objectifs d'une attaque des talibans sur Bagram sera l'énorme prison qu'elle abrite et où sont détenus environ 5000 insurgés.

"On n'est pas ici pour dormir. Tout le monde est préparé à protéger Bagram. Nous avons le moral", assure Rafiullah.

Tout en affirmant crânement être prêt au combat, un autre soldat laisse entrevoir son inquiétude, concernant la puissance de feu de l'armée afghane et la compétence des dirigeants politiques.

"On ne se rendra pas, mais nous avons besoin d'armes et d'un fort soutien de nos dirigeants", dit-il.

Signe concret des insuffisances de l'armée afghane sans l'appui américain, et d'un moral entamé, un millier de soldats afghans ont franchi lundi la frontière avec le Tadjikistan pour y trouver refuge après des combats avec les talibans.

Tumultes de l'histoire

Le contrôle de la base de Bagram a accompagné les tumultes de l'histoire afghane moderne.

Construite par les Américains pour leur allié afghan dans les années 1950, en pleine Guerre froide, elle a été agrandie par les Soviétiques quand ils ont envahi l'Afghanistan en 1979 pour soutenir le régime communiste d'alors, menacé par une insurrection islamiste.

Après le retrait de l'Armée rouge en 1989, la base est passée sous le contrôle du gouvernement afghan soutenu par Moscou, puis sous celui de la fragile alliance de groupes de moudjahidines qui l'a renversé et a conquis Kaboul en 1992.

Bagram est ensuite tombée aux mains des talibans durant la guerre civile qui les a portés en 1996 au pouvoir, dont ils seront chassés en 2001 par l'invasion américaine après les attentats du 11-Septembre.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.