Avignon renoue avec son festival et se dote d'un nouveau directeur

Dans les ruelles de la ville fortifiée, le flux des festivaliers commence à grossir et des volontaires se pressent pour accrocher les affiches qui ornent traditionnellement les murs d'Avignon. (Photo, AFP)
Dans les ruelles de la ville fortifiée, le flux des festivaliers commence à grossir et des volontaires se pressent pour accrocher les affiches qui ornent traditionnellement les murs d'Avignon. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 06 juillet 2021

Avignon renoue avec son festival et se dote d'un nouveau directeur

  • Après l'annulation de l'édition 2020 pour cause de Covid, Avignon redevient la capitale du théâtre pendant quatre semaines, mais va vivre au rythme des restrictions sanitaires
  • Pour les organisateurs, l'heure est à la fête, avec la reprise des spectacles dans la Cité des Papes et la nomination de Tiago Rodrigues

AVIGNON: Le Festival d'Avignon, qui a démarré lundi, après l'annulation de l'édition 2020 pour cause de pandémie, s'est doté d'un nouveau directeur: le Portugais Tiago Rodrigues, premier étranger à diriger la prestigieuse manifestation théâtrale française.

Située dans le sud-est de la France, Avignon redevient la capitale du théâtre pendant quatre semaines, mais va vivre au rythme des restrictions sanitaires: centres de dépistage, distribution d'autotests, aération des salles de 40 minutes et surtout masque dans la rue - à la différence du reste de la France - en raison de l'affluence. Cette dernière mesure était inégalement respectée lundi parmi les passants.

Pour les organisateurs, l'heure est à la fête, avec la reprise des spectacles dans la Cité des Papes et la nomination de Tiago Rodrigues, qui succédera en septembre 2022 à Olivier Py.

À 44 ans, ce metteur en scène portugais est un des plus en vue d'Europe. Il dirige depuis 2014 le Théâtre national Dona Maria II de Lisbonne, équivalent au Portugal de la Comédie-Française. 

"C'est le plus beau festival au monde", a-t-il déclaré lors d'un point de presse au Palais des Papes, haut lieu de la ville et du festival, disant vouloir consacrer toute son énergie "à cette grande fête de la liberté artistique et de la démocratisation culturelle".

"Je voudrais remercier la France (...) qui accueille et a accueilli tellement de migrants et d'exilés, tellement de Portugais, notamment mon père, qui s'est échappé de la dictature au Portugal", a-t-il ajouté.

Avec Isabelle Huppert

Le président de son pays natal, Marcelo Rebelo de Sousa, a félicité le metteur en scène, qui "a été ces dernières années un des noms les plus célébrés du théâtre portugais et européen", tandis que le Premier ministre Antonio Costa a salué sur Twitter une nomination qui "atteste de la visibilité du théâtre portugais sur la scène européenne".

Quant au ministère de la Culture portugais, il a rendu hommage à "un ambassadeur de la Culture contre la haine et l'intolérance" et "une attitude engagée avec son temps".

"C'est le premier étranger à devenir directeur du festival, mais il n'est pas vraiment un étranger", a plaisanté la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot après avoir annoncé sa nomination. 

Tiago Rodrigues a été nommé quelques heures avant de présenter sa version de "La Cerisaie" de Tchekhov, avec Isabelle Huppert, dans la cour d'honneur où est traditionnellement donné le spectacle d'ouverture du Festival.

Parfaitement francophone, il connaît bien le festival: il y a triomphé avec "Antoine et Cléopâtre" de Shakespeare en 2015 et avec "Sopro" en 2017, où il rendait hommage au métier de souffleuse au théâtre.

«Euphorique»

Malgré l'ombre de la Covid qui plane encore - un spectacle sud-africain a été annulé en raison de contaminations au sein de l'équipe -, l'heure est aux retrouvailles.

Dans les ruelles de la ville fortifiée, le flux des festivaliers commence à grossir et des volontaires se pressent pour accrocher les affiches qui ornent traditionnellement les murs d'Avignon.

"Je suis euphorique, c'est comme si c'était mon premier festival!" s'enthousiasme son directeur, Olivier Py.

Une bonne nouvelle est tombée fin juin: jauge à 100% pour toutes les salles. "Ce n'était pas gagné", explique-t-il, évoquant "une renaissance".

"On a tellement eu 'On ouvre, on ferme, on ouvre, on ferme' que finalement, on a préparé le festival sans trop savoir ce qui va se passer. Là on est carrément en train d’afficher, c’est vraiment du réel", s'enthousiasme Sophie Vonlanthen, comédienne. "On sent le public aussi qui, dès qu’on pose une affiche, vient nous poser des questions. Il y a une ébullition".

Avec 21 lieux et 50 spectacles, le festival "in" se dit prêt, tout comme le "off", qui se tient parallèlement à la manifestation officielle. Les deux représentent un poids économique estimé à près de 65 millions d'euros.

Sébastien Benedetto, président de l'association qui gère le "off", le plus grand marché de spectacle vivant en France, est "soulagé": "Petit à petit, on est rassurés car on vend pas mal de billets et de cartes d'abonnements". Le "off" rassemble près de 1.500 spectacles en temps normal mais n'en présente que 1 070 cette année, avec cinq à six spectacles par salle, contre huit habituellement. 


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).