NANTES: Un bateau échoué sur une fontaine, un paravent de 46 m de long, un parfum à l’odeur de la ville: la 10e édition du Voyage à Nantes dévoile, à partir de samedi et jusqu'au 12 septembre, un parcours artistique dans la capitale des Ducs de Bretagne.
A travers cette proposition culturelle, il s'agit de faire surgir l’art dans l’espace urbain, comme une "réapparition" après la pandémie, explique Jean Blaise, directeur artistique de la manifestation.
Dans "Le naufrage de Neptune", l'artiste Ugo Schiavi, 33 ans, superpose présent, passé et futur. Son imposant cargo échoué en acier recouvre une bonne partie de la fontaine de la place Royale, lieu emblématique du centre-ville.
"C’est un télescopage entre une histoire très présente, celle des cargos, le passé naval de la ville, mais aussi celui du commerce triangulaire et des migrations", explique le sculpteur marseillais.
L’imagination onirique de l’artiste parisienne Bianca Bondi se déploie quant à elle dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, le Temple du Goût, qui bordait auparavant la Loire. L’artiste s’est inspirée de cette histoire pour imaginer les salles d’une maison toute particulière: une salle des lumières pour dormir les yeux ouverts, un bain à l’eau turquoise offrant un écoulement apaisant ou encore une salle délicieusement parfumée aux plantes aromatiques.
Au château des Ducs de Bretagne, le visiteur peut découvrir une œuvre monumentale encore jamais vue en France: un paravent de 46 mètres retraçant la vie d’un prince japonais du VIe siècle. Son auteur, l’artiste Toshihiro Hamano, 84 ans, a mis 15 ans à peindre cette fresque délicatement colorée qui évolue au fil des quatre saisons.
Dans un autre registre, mais avec la même minutie, l’artiste Gilles Barbier expose dans la Hab Galerie, sur l’île de Nantes, "Travailler le dimanche", une œuvre commencée depuis trente ans. Elle consiste à recopier chaque dimanche les pages du dictionnaire, à l’encre de Chine et à la gouache, sur d’immenses panneaux. Cette déambulation dans le langage est ponctuée d’étonnantes sculptures humaines en cire ou résine, autre marque de fabrique de l’artiste.
Par ailleurs, toujours au château des Ducs de Bretagne, les visiteurs sont invités à une expérience olfactive originale en choisissant entre trois créations de parfumeurs indépendants de Grasse celle qui incarne le mieux la ville. Le parfum retenu sera proposé à la vente en novembre prochain.
Cette dernière proposition "traduit l’idée qu’une ville est vivante et qu’elle se respire", commente Jean Blaise.