La Cour suprême valide des lois électorales restrictives au grand dam des démocrates

Le président démocrate Joe Biden s'est dit "profondément déçu" par l'arrêt de la Cour suprême qui, selon lui, "sape" la loi emblématique sur le droit de vote, adoptée en 1965 dans le cadre de la lutte pour les droits civiques. (Photo, AFP)
Le président démocrate Joe Biden s'est dit "profondément déçu" par l'arrêt de la Cour suprême qui, selon lui, "sape" la loi emblématique sur le droit de vote, adoptée en 1965 dans le cadre de la lutte pour les droits civiques. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 02 juillet 2021

La Cour suprême valide des lois électorales restrictives au grand dam des démocrates

  • Les minorités votent majoritairement pour le parti démocrate. Lors de la présidentielle, la mobilisation des électeurs noirs a grandement joué dans la victoire de Biden
  • Pour Trump, l'élection de Biden a été « truquée » notamment en raison du recours massif au vote par anticipation qui aurait avantagé les minorités

WASHINGTON : La Cour suprême des Etats-Unis a validé jeudi des lois électorales controversées de l'Etat d'Arizona, une décision qui pourrait peser sur l'accès au droit de vote des minorités, enjeu de luttes politiques historiques dans le pays.

Le président démocrate Joe Biden s'est dit "profondément déçu" par cet arrêt qui, selon lui, "sape" la loi emblématique sur le droit de vote, adoptée en 1965 dans le cadre de la lutte pour les droits civiques.

Le parti républicain a au contraire salué "une victoire retentissante pour l'intégrité des élections".

Les six juges conservateurs de la Cour ont en effet justifié leur décision par la nécessité de lutter contre la fraude électorale. Leurs trois confrères progressistes se sont désolidarisés, dénonçant eux aussi un arrêt "tragique" qui "abîme" le "Voting Rights Act" de 1965.

Ce texte phare visait à mettre un terme aux lois qui, pendant des années, ont tenu les électeurs noirs à l'écart des urnes dans le sud des Etats-Unis, sous le prétexte de tests d'alphabétisation ou de culture générale.

La Cour suprême avait déjà invalidé en 2013 un premier volet du texte qui imposait aux anciens Etats ségrégationnistes d'obtenir le feu vert du gouvernement fédéral avant d'adopter toute nouvelle régulation électorale.

Elle s'est attaquée jeudi au second volet de la loi, qui interdit l'adoption de toute règle ayant pour conséquence de limiter l'accès au vote d'un groupe minoritaire, même si la discrimination n'est pas écrite noir sur blanc, ou intentionnelle.

Concrètement, la Cour suprême a validé deux lois électorales à la portée limitée, adoptées par la majorité républicaine de l'Arizona. 

L'une interdit de confier son bulletin de vote anticipé à un tiers pour qu'il le dépose dans un centre de vote, s'il ne s'agit pas d'un membre de la famille proche. L'autre disqualifie les bulletins déposés dans un bureau différent de celui dans lequel l'électeur est inscrit.

Les lois de l'Arizona créent bien une "disparité dans le taux de participation", notamment des Amérindiens dans les réserves, a reconnu la Cour suprême.

"Mais le simple fait qu'il y ait un écart ne veut pas systématiquement dire que le système n'est pas ouvert", a écrit le juge conservateur Samuel Alito, au nom de la majorité.

"Un intérêt fort et entièrement légitime de l'Etat est la prévention de la fraude", poursuit-il, en estimant que cela justifie "le fardeau" imposé aux électeurs.

Les trois juges progressistes de la Cour ont exprimé avec force leur désaccord. "C'est tragique que la Cour affaiblisse à nouveau une loi qui est un monument en Amérique" qui "la protège de ses bas instincts", a écrit en leur nom la magistrate Elena Kagan.

L'enjeu politique est fort: aux Etats-Unis, les minorités votent majoritairement pour le parti démocrate. Lors de la présidentielle, la mobilisation des électeurs noirs a grandement joué dans la victoire de Joe Biden.

Pour le président sortant Donald Trump, l'élection a été "truquée" notamment en raison du recours massif au vote par anticipation. Même s'il n'a apporté aucune preuve pour soutenir ses accusations, les élus républicains de plusieurs Etats ont depuis janvier resserré leurs lois électorales au nom de la lutte contre la fraude.

Pour les démocrates, les nouvelles restrictions ont pour effet de compliquer l'accès aux urnes pour les minorités. Ils ont introduit des recours en justice pour invalider ces lois, le ministère de la Justice ayant lui-même saisi les tribunaux contre un texte de Géorgie.

La décision de la Cour suprême complique aujourd'hui les chances de succès de ces recours.

"Cela rend d'autant plus nécessaire de se battre pour l'adoption au Congrès" d'une loi protégeant le droit de vote, a estimé Joe Biden, alors que les sénateurs républicains viennent de bloquer le passage d'un texte en ce sens.

"La démocratie est en jeu", a-t-il encore dit, en dénonçant "un assaut contre les droits civiques".


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.