BAGDAD: "Symbole de l'occupation", "visage de l'impérialisme". De nombreux Irakiens ont réagi jeudi à la mort de l'ancien secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, en l'accusant d'avoir "détruit" ce pays riche en pétrole.
Ancien faucon et chef du Pentagone sous George W. Bush, architecte controversé de la guerre d'Afghanistan en 2001 et de l'invasion de l'Irak en 2003, Donald Rumsfeld est décédé à l'âge 88 ans.
"Je ne suis pas désolé pour la mort d’un occupant", a déclaré Saad Jabbar, un employé du ministère des Transports, ajoutant que son nom était associé à "l'invasion et la destruction" du pays.
Pour Raëd Fahmy, secrétaire général du Parti communiste irakien, l'ancien secrétaire à la Défense "représente le visage impérialiste des États-Unis sous sa forme la plus horrible".
"Rumsfeld a été l’un de ceux qui ont œuvré pour que la situation en Irak devienne telle qu’elle est maintenant", a-t-il déclaré, au lendemain de l'annonce du décès de l'ancien chef du Pentagone.
La réputation de Donald Rumsfeld avait été ternie par l'enlisement de l'armée américaine en Irak, qui lui coûtera finalement son poste en 2006.
Après l'invasion américaine de 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein, l'Irak s'est lui enfoncé dans la violence dont des affrontements interconfessionnels entre sunnites et chiites de 2006 à 2008.
De 2003 à 2011, date du départ de la majeure partie des soldats américains, plus de 100.000 civils ont été tués dans les violences en Irak, selon l'organisation Iraq Body Count. Les Etats-Unis ont déploré près de 4.500 morts.
"L’histoire retiendra la responsabilité de Rumsfeld et de Bush, père et fils, dans la tragédie de l'Irak et de son peuple", a déclaré un chef tribal de la province d'Al-Anbar, qui a préféré garder l'anonymat.
Pour Karim Tamimi, un chauffeur de taxi de 50 ans à Bagdad, "tout ce que Rumsfeld et les autres Américains ont fait pour l'Irak se résume en deux choses: destruction et fausses promesses".
"Où est la démocratie et l’amélioration des conditions qu’ils ont promises aux Irakiens? Nos vies ne sont allées que de mal en pis", a-t-il ajouté.
L'image de Donald Rumsfeld est aussi restée associée au scandale de la prison d'Abou Ghraib, révélé en avril 2004. Des photos de prisonniers irakiens torturés et humiliés par des militaires américains avaient provoqué une indignation à travers le monde.
Donald Rumsfeld avait alors offert une première fois sa démission à George W. Bush, qui l'avait refusée.