SANAA: Massirah Saqr al-Khouiri a du mal à ouvrir les yeux et peine à ingurgiter le lait que sa grand-mère, munie d'une grosse seringue, lui donne à téter, au milieu de cris d'autres enfants yéménites rachitiques, devenus des symboles d'une des guerres les plus dévastatrices au monde.
Le bébé de deux mois et dix jours est pris en charge dans une salle au sein du service de malnutrition de l'hôpital Al-Sabyine de Sanaa, capitale du Yémen, où sont traités des enfants malades.
En six ans, la guerre a ravagé le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique plongé dans la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies. Le conflit a connu le 8 juillet 2014 un tournant décisif. Les rebelles Houthis, venus du nord, ont remporté une victoire de taille en prenant la ville d'Omrane au nord de Sanaa, en pleine déroute des troupes adversaires du gouvernement. En faisant sauter ce verrou, ils ont réussi à ouvrir la route pour la capitale, prise facilement, ainsi que des pans entiers du nord du pays au prix d'une guerre qui a mis des millions de civils au bord de la famine.
Massirah et des milliers d'enfants en font partie. Ils sont victimes d'une malnutrition aiguë.