VANCOUVER: Des dizaines de morts subites, des hospitalisations en hausse et la multiplication de feux de forêts: l'ouest du Canada et des Etats-Unis suffoquent sous l'effet de températures insoutenables.
L'extrême chaleur cumulée à une sécheresse prolongée, « amplifie le risque d'incendies », a souligné le président américain Joe Biden, en notant que 36 feux sont actuellement actifs dans les Etats de la côte pacifique.
La chaleur est aussi « un risque en soi », a-t-il ajouté en marge d'une rencontre avec des gouverneurs démocrates et républicains: « Les gens souffrent, les enfants ne peuvent pas jouer dehors, les routes craquent. »
Le nord-ouest des Etats-Unis, habitué à des températures tempérées, a enregistré des records ces derniers jours, avec un maximum de 46,1 degrés lundi à Portland. La ville portuaire respire un peu mieux mercredi, la vague de chaleur se déplaçant lentement vers l'intérieur des terres.
De l'autre côté de la frontière, « la canicule historique continue de pulvériser des records » et devrait durer jusqu'à la fin de la semaine, écrivent les services météorologiques canadiens dans leur dernier bulletin.
Celui-ci dresse une longue liste de températures jamais vues au Canada, qui battent parfois des records établis au 19e siècle.
Au sommet de ce classement: le village de Lytton, à quelque 250 km au nord-est de Vancouver, qui a enregistré mardi le nouveau record absolu de chaleur pour tout le pays, à 49,6 degrés.
« Insupportable »
L'affolement des thermomètres commence à faire des victimes. Au moins 134 personnes sont décédées subitement depuis vendredi dans la région de Vancouver, sur la côte Pacifique, selon les autorités.
« Nous pensons que la chaleur a contribué à la majorité des décès », a déclaré la police fédérale, ajoutant que les personnes âgées étaient davantage affectées.
« C'est insupportable, c'est impossible de rester dehors », commentait Rosa, une habitante de la métropole, habituée à des températures tempérées. « J'espère que ça ne recommencera jamais, c'est trop », a-t-elle encore dit.
Dans la ville américaine voisine de Seattle, les médecins urgentistes ont également noté un afflux de personnes touchées par la chaleur, souffrant notamment de problèmes aux reins ou au cœur. Au moins deux sexagénaires sont mortes d'hyperthermie, selon le journal local Seattle Times.
Les autorités ont appelé la population à minimiser ses sorties, à boire beaucoup et à prendre des nouvelles des personnes seules et âgées. Plusieurs municipalités ont également mis en place des « centres de rafraîchissement », dotés d'air climatisé et de brumisateurs.
Dans la région de Vancouver, des écoles ont été fermées et les campagnes de vaccination contre la Covid-19 suspendues. Les climatiseurs et ventilateurs sont en rupture de stock.
« La durée de cette canicule est inquiétante car il y a peu de répit la nuit », a souligné le ministre canadien de l'Environnement.
« Dôme de chaleur »
Ces températures s'expliquent par un phénomène appelé « dôme de chaleur »: de hautes pressions emprisonnent l'air chaud dans la région. Son intensité est toutefois exceptionnelle.
« Le réchauffement climatique est à l'origine de la combinaison dangereuse entre la chaleur extrême et la sécheresse prolongée », a ajouté Joe Biden en soulignant, à l'adresse des républicains climato-sceptiques, que ce ne devrait pas être un « débat partisan ».
Le travail des pompiers « n'est plus saisonnier », ils font face à des sinistres toute l'année, a-t-il ajouté, en annonçant des revalorisations de leurs salaires.
Environ 9 000 soldats du feu sont actuellement déployés dans l'Ouest américain, notamment pour lutter contre la progression du « Lava Fire », à la lisière de l'Oregon et de la Californie, qui a déjà consumé plus de 5 000 hectares.
« Les jours chauds sont toujours plus chauds, les jours secs toujours plus secs: la réalité du réchauffement climatique est face à nous », a commenté le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom.