Malades, handicapés, des milliers de Syriens suspendus à l'aide de l'ONU menacée

Une photo prise le 24 mars 2020, montre des membres d'une équipe médicale mobile de l'ONG Médecins du monde donnant des consultations médicales à des migrants sur la place des Amandiers, où quelque 150 migrants syriens séjournent depuis des mois , à Cayenne, Guyane française. (Photo, AFP)
Une photo prise le 24 mars 2020, montre des membres d'une équipe médicale mobile de l'ONG Médecins du monde donnant des consultations médicales à des migrants sur la place des Amandiers, où quelque 150 migrants syriens séjournent depuis des mois , à Cayenne, Guyane française. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 29 juin 2021

Malades, handicapés, des milliers de Syriens suspendus à l'aide de l'ONU menacée

  • Comme des millions d'autres Syriens, il risque d'en être prochainement privé: la Russie veut enterrer définitivement ce mécanisme d'assistance humanitaire en vigueur depuis 2014
  • Plus de 80% de la population du nord-ouest de la Syrie en dépend pour survivre, selon l'ONU

AZAZ: Victime d'un attentat, Mohamed al-Abdallah vit avec des éclats de métal logés dans son corps. Depuis, cet adolescent de 17 ans dépend pour son traitement de l'aide transfrontalière que l'ONU achemine jusqu'au nord-ouest de la Syrie.

Comme des millions d'autres Syriens, il risque d'en être prochainement privé: la Russie veut enterrer définitivement ce mécanisme d'assistance humanitaire en vigueur depuis 2014, et qui arrive en principe à échéance le 10 juillet.

Plus de 80% de la population du nord-ouest de la Syrie en dépend pour survivre, selon l'ONU. Le dispositif permet d'acheminer --sans l'aval de Damas-- médicaments, nourriture, couvertures, matelas et même vaccins anti-Covid, vers des territoires plongés dans la misère, échappant au régime, et contrôlés majoritairement par des rebelles et des jihadistes.

"Tous mes médicaments viennent de l'étranger", s'inquiète Mohamed al-Abdallah, qui vit sous une tente dans un camp de déplacés, au milieu des oliveraies d'Azaz, une grande ville du nord de la province d'Alep.

En 2014, un attentat à la voiture piégée a tué le père de l'adolescent et a blessé ce dernier au niveau de la colonne vertébrale.

"Si ça bouge d'un millimètre seulement, je serai paralysé, c'est ce que m'ont dit les médecins", déplore l'adolescent à la silhouette frêle, qui partage sa tente avec sa mère, sa soeur veuve, son neveu et sa nièce en bas-âge.

Contre ses douleurs neuropathiques, il ne peut compter que sur le traitement fourni par des ONG.

Le mécanisme transfrontalier, sauvé in extremis l'an dernier, a déjà été drastiquement réduit à un seul point d'entrée, celui de Bab al-Hawa (nord-ouest), qui permet de faire parvenir les aides de l'ONU et ses partenaires via la Turquie.

L'ONU et les Occidentaux réclament une prolongation d'une année supplémentaire. Un vote crucial est attendu au Conseil de sécurité des Nations unies, où Moscou a souvent recouru à son droit de véto.

"Si le poste-frontière ferme (...) je ne pourrais plus bouger", prédit Mohamed. "Je ne tiendrais pas sur mes jambes, la douleur est insupportable."

«Catastrophe humanitaire»

Dans le nord-ouest, quelque trois millions de personnes vivent dans la province d'Idleb, ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie. Il y a aussi plusieurs poches contrôlées par des factions proturcs.

Sans le renouvellement du mécanisme, la région "plongerait dans une catastrophe humanitaire", met en garde l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), précisant que le corridor est également "vital pour faire face au coronavirus."

L'an dernier, un millier de camions transportant de l'aide humanitaire ont traversé chaque mois la frontière pour soutenir 2,4 millions de personnes, a indiqué à l'AFP l'agence onusienne.

L'OMS fournit notamment des kits d'hémodialyse et d'anesthésie, des médicaments pour le diabète, la tuberculose ou encore la leishmaniose, maladie parasitaire de la peau largement répandue en Syrie, mais aussi des équipements pour les hôpitaux et les soins intensifs.

Préparé par l'Irlande et la Norvège, deux membres non permanents du Conseil de sécurité, un projet de résolution demande le maintien pour un an de Bab al-Hawa et la réouverture de l'ancien couloir d'al-Yarubiyah. Celui-ci permettait, avant sa fermeture en 2020, d'acheminer l'aide depuis l'Irak voisin vers les territoires kurdes du nord-est.

Moscou, allié indéfectible du régime, réclame la fin de ce mécanisme et le retour à une pleine souveraineté syrienne où l'aide internationale passerait directement par Damas.

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a jugé "absurde" de penser que le régime pourrait palier à la suppression de l'aide onusienne, rappelant que "les autorités sont notoirement connues pour bloquer systématiquement tout accès humanitaire".

«Pas les moyens»

Assis près de son fils Ahmed à la jambe amputée, Moustapha Chaabane raconte les drames en série qui ont déchiré sa famille.

L'un de ses fils est mort lors d'un raid contre sa camionnette: Ahmed a survécu mais a besoin d'une prothèse pour marcher. M. Chaabane, lui, souffre d'une fracture au crâne.

Lors d'un autre bombardement, sa fille a été blessée et a subi depuis trois opérations intestinales. Elle vit désormais avec une prothèse digestive. Le petit-fils de M. Chaabane a également été blessé.

"Sans mes anti-douleurs, je ne peux pas" vivre, lâche le sexagénaire. "Ma fille aussi prend des médicaments", ajoute-t-il.

Non loin, Ahmed Hamra s'inquiète lui aussi de voir l'aide transfrontalière supprimée. Amputée aux deux genoux, il a également été victime d'un raid aérien qui a tué son frère, et reçoit depuis quotidiennement des injections d'antalgiques.

"Ce sont des aides fournies par des cliniques", raconte ce déplacé de 37 ans. "Je n'ai pas les moyens d'acheter quoi que ce soit à la pharmacie."


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.