LONDRES: L’escalade de la pression économique, associée aux sanctions multilatérales imposées à l’Iran, a donné lieu à une vague de vols de tombes royales et à un pillage généralisé des sites culturels historiques de l’Iran.
«Les tombes et les mausolées de nos rois sont ouvertement connus et accessibles aux fouilles», indique un voleur tristement célèbre, qui a adopté un personnage en ligne inspiré du détective Hercule Poirot d’Agatha Christie.
«Comment un ouvrier laborieux est devenu prospère en creusant pour trouver de l’or», peut-on lire dans une autre de ses publications Instagram.
Ces propos sont révélateurs d’une tendance plus large en Iran: des individus désespérés qui pillent le riche passé culturel du pays pour se maintenir dans le présent.
L’organe des Nations unies chargé des sites du patrimoine mondial, l’Unesco, classe l’Iran au septième rang mondial en matière de possession de patrimoine. Mais le pays, confronté à un déclin économique permanent, est aujourd’hui en proie au pillage et à la destruction de sites, selon l’Organisation de gestion du patrimoine basée au Royaume-Uni.
«Les sanctions imposées à l’Iran ont provoqué la tempête parfaite pour le pillage des antiquités», a déclaré Leila Amineddoleh, une avocate spécialisée dans l’art et le patrimoine.
Alors que les sanctions se font sentir et que le système économique iranien s’effondre, Mme Amineddoleh explique que «des individus opportunistes se tournent vers le vol et le pillage archéologiques».
«Les gens ont traité leur patrimoine culturel comme une ressource à extraire», a-t-elle ajouté.
D’après l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime, l’Iran est particulièrement susceptible d’être la cible de bandes criminelles: «En raison de son histoire ancienne, de son grand nombre de sites culturels et de sa situation géographique, le pays est vulnérable au pillage, au trafic et à la contrebande de ses biens culturels, de son art et de ses antiquités.»
Au cours des quatre derniers mois, 22 fouilles illégales ont été découvertes sur des sites du patrimoine iranien, selon une chaîne d’information soutenue par l’État iranien. La semaine dernière, cinq hommes ont également été arrêtés dans le sud-ouest du pays, accusés d’appartenir à un gang de pilleurs.
Les autorités se sont engagées à lutter contre les pillages, mais les experts estiment que cette pratique est désormais si répandue qu’elle échappe à leur contrôle.
«Toute activité illégale et non autorisée de fouille et de détection de métaux visant à piller le patrimoine de notre pays sera punie par la loi», a déclaré un colonel.
Selon Evangelos Kyriakidis, maître de conférences en archéologie à l’université du Kent et directeur fondateur de l’Organisation de gestion du patrimoine, ces rapports ne constituent qu’un aperçu d’un problème plus vaste.
«Nous recevons chaque semaine des centaines de rapports sur des fouilles illicites dans tout le pays, ce qui, à mon avis, signifie qu’il doit y en avoir des milliers, car la plupart ne sont pas signalées», regrette-t-il.
Faisant référence aux chasseurs de trésors qui partagent leurs exploits avec leurs adeptes en ligne tels que «Poirot», M. Kyriakidis a ajouté: «Ceux qui utilisent ce réseau deviennent audacieux.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com