LONDRES: Un yacht de luxe qui appartenait à l’ancien président irakien, Saddam Hussein, pourrait être reconverti en musée flottant à Basra, en Irak.
Construit en 1980 par un constructeur naval danois, ce yacht à moteur de 82 mètres était, à l’époque, l’un des plus grands de son genre au monde.
Après la chute de Saddam Hussein, il a été abandonné, avant d’être récupéré par le gouvernement irakien en 2008, et donné à l’université de Basra pour être utilisé comme navire de recherche maritime.
Cependant, le coût de son exploitation en tant qu’outil de recherche est devenu prohibitif. Aujourd’hui, de hauts responsables du musée chercheraient à le présenter dans le cadre d’une nouvelle exposition.
Qahtan Alabid, directeur du musée de Basra, situé dans l’ancien palais de Saddam Hussein, souhaite exposer le yacht dans un nouveau projet consacré au passé nautique de l’Irak.
«Nous voulons réactiver les travaux de reconstruction de certains types de bateaux qui naviguaient sur le fleuve (Chatt al-Arab) et dans les marais. Nous en avons déjà environ 16», indique-t-il à Boat International, un site Internet consacré à la navigation de plaisance, ajoutant que le maire de Basra soutenait ce projet.
Le navire a été nommé Qadissiyat Saddam par le dictateur, en référence à une bataille historique entre les Perses et les Arabes, au cours de laquelle ces derniers seraient, contre toute attente, sortis vainqueurs. Saddam Hussein a même été jusqu’à établir des comparaisons entre cette ancienne bataille, et la guerre brutale qui a opposé l’Iran et l’Irak dans les années 1980.
Le navire est passé entre les mains de plusieurs propriétaires, avant d’être mis en vente à Nice, en 2007. Le gouvernement irakien, par l’intermédiaire des tribunaux français, l’a ensuite saisi et rapatrié. Aujourd’hui rebaptisé Basrah Breeze, les experts ont averti que le projet d’exposition flottante du musée pourrait coûter excessivement cher.
Selon un chercheur local, la restauration de la coque à elle seule pourrait coûter jusqu’à 1,5 million de dollars (environ 1,25 millions d’euros), et d’autres estiment que personne en Irak n’a mis en place un plan solide et durable pour l’utiliser.
Ali Douabul, ancien directeur du Centre des sciences marines auquel le bateau a été donné, a déclaré à Boat International: «Si vous voulez mon avis, le gouvernement a été induit en erreur en reprenant ce yacht, car il n’a pas la capacité de l’utiliser correctement ou commercialement. Il pensait que le projet pouvait coûter 200 millions de dollars (environ 168 millions d’euros). Je ne sais pas d’où il tenait ces chiffres.»
La solution, dit-il, pourrait se trouver en dehors de l’Irak. «Peut-être qu’une organisation internationale comme l’Organisation maritime internationale (OMI) devrait s’en occuper, car les Irakiens ne le feront pas. Le bateau serait alors inscrit au patrimoine mondial.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com